Organes de moutons - Attribué à Michel Honoré Bounieu (1740-1814)

... jusqu’à la Révolution. Durant ces années il continue sa production variée et vend ses œuvres aux plus grands collectionneurs de l’époque. La toile Les apprêts du pot-au-feu qui entrera au Louvre avec la collection La Caze sera identifiée comme une œuvre autographe de Chardin jusqu’à-ce qu’une restauration fasse ressortir la signature de Bounieu sous un repeint. Cette confusion du XIXe siècle prouve les capacités du peintre qui continua sa carrière en tant que Conservateur des estampes de 1792 à 1795, et se remis ensuite intégralement à la peinture en ouvrant un atelier dans Paris qui ferma ses portes à sa mort. La fille du peintre, Emilie Bounieu exposa elle-même à la fin du XVIIIe siècle au Salon.

Si un collectionneur est à la recherche d’un sujet rare, il l’a assurément avec cette toile. Les natures mortes où se trouvent des pièces de viande sont rares, et celles représentant des abats le sont encore plus. Nous nous trouvons assurément dans la cuisine d’une boucherie vers 1760 sous un escalier de bois où un gros clou planté dans la lisse sert de crochet à ces abats fraîchement extraits de leur carcasse. Ces pièces de viande issues très certainement d’un mouton compte tenu de leur taille comparée à la grive accrochée à leurs côtés. Nous y décelons sans problème le cœur en plein centre de la composition, placé devant les poumons d’une teinte plus pâle, au-dessous desquels se distingue le foie. Ces éléments ressortent de la pénombre avoisinante de la même manière qu’une nature morte placée sur un entablement n’illustre que le sujet principal, estompant le second plan.

Cet extraordinaire sujet est digne des plus grands cabinets de curiosité par sa qualité et sa rareté.