L'aveugle - Maurice Langaskens (1884-1946)

... peintre décorateur auprès du grand muraliste et sculpteur belge Constant Montald. Très tôt, Langaskens est reconnu comme un excellent dessinateur et remporte plusieurs prix à l'Académie. Après avoir vécu et étudié quelques mois en France en 1906, principalement à Dijon, le jeune Langaskens s'installe à Schaerbeek, dans la banlieue de Bruxelles. Il commence sa carrière indépendante en 1907, lorsqu'il expose pour la première fois trois peintures décoratives au Salon de Bruxelles et présente également une exposition de ses œuvres à la salle Boute de la même ville. L'année suivante, il présente six tableaux à la 16e exposition annuelle de l'association d'artistes belges "Pour l'Art" à Bruxelles, où il exposera fréquemment tout au long de sa carrière, jusqu'en 1941. (Langaskens a également conçu l'affiche de la 17e exposition "Pour l'Art" en 1909). En 1908 également, l'une de ses peintures est sélectionnée pour une exposition d'art moderne belge à Berlin. La plupart des premières œuvres de Langaskens sont réalisées dans un style Art nouveau ou symboliste, vibrant et visuellement saisissant. Cette manière audacieuse et colorée se traduit également par des commandes de peintures murales à grande échelle, et il devient rapidement l'un des principaux peintres-décorateurs du début du 20e siècle en Belgique. Sa décoration de l'hôtel de ville de Zoutleeuw en 1912 lui vaut une renommée considérable et les éloges de son professeur et mentor Montald : "Il était l'un des meilleurs élèves de la classe ; aujourd'hui, il est l'artiste le plus remarquable parmi les décorateurs de notre époque". La même année, la première d'une série d'expositions des œuvres de Langasken est organisée au Cercle Artistique et Littéraire de Bruxelles. Le déclenchement de la Première Guerre mondiale interrompt brutalement l'essor de la carrière de l'artiste. Enrôlé dans l'armée belge au début du mois d'août 1914, Langaskens est capturé par les Allemands après moins de quinze jours. Il passe les trois années et demie suivantes comme prisonnier de guerre, dans les camps d'internement de Sennelager, Münsterlager et Göttingen. Il réalise de nombreuses peintures et aquarelles, pour la plupart de petit format, représentant des portraits et des scènes de la vie quotidienne dans les camps, qui sont aujourd'hui considérées comme ses œuvres les plus belles et les plus personnelles. C'est également durant cette période qu'il a peint deux de ses tableaux les plus connus, la grande toile In Memoriam, peinte en 1916 et représentant l'enterrement d'un soldat belge par ses camarades, et le triptyque monumental Repose en Paix, peint entre 1915 et 1918. Après sa libération et son retour en Belgique, Langaskens expose plus de quatre-vingts peintures et dessins qu'il a réalisés en tant que prisonnier de guerre à la Galerie Sneyers à Bruxelles en 1918. Après l'armistice, Langaskens, souffrant d'aphasie et de troubles nerveux dus à sa longue détention, peint principalement des tableaux de chevalet représentant des paysages d'hiver, des scènes de genre rustiques et des sujets floraux, et réalise également un certain nombre de dessins pour des tapisseries, des illustrations de livres et des vitraux. Au bout de quelques années, cependant, sa santé s'est rétablie et il a recommencé à travailler sur des commandes de peintures murales décoratives à grande échelle. En 1920, Langaskens est l'un des fondateurs, avec Montald, Jean Delville, Emile Fabry et Albert Ciamberlani, de la Société de l'art monumental, qui se consacre à la décoration monumentale des bâtiments publics et à son intégration dans l'architecture. Parmi ses premières commandes publiques après la guerre figure une grande décoration murale pour une école à Schaerbeek, achevée en 1922. Une monographie consacrée à Langaskens est publiée en 1923, et d'importantes expositions de ses peintures, dessins et gravures sont organisées dans des galeries bruxelloises en 1924, 1925, 1930 et 1936. Entre 1934 et 1935, Langaskens contribue, avec d'autres membres de la Société de l'art monumental, à l'importante décoration du théâtre municipal de Louvain. Il continue à exposer tout au long des années 1940, en particulier lors des expositions annuelles "Pour l'Art". Il y présente de plus en plus son superbe travail graphique, qui commence à prendre beaucoup d'importance.