Par Galerie Nicolas Lenté
Mobilier, Tableaux et Objets d'Art de la Haute Epoque au XVIIIe
Jacob Ferdinand Voet (Anvers 1639 – Paris 1689)
Portrait de Noël Bouton, Marquis de Chamilly (Chamilly, 1636 - Paris, 1715)
Paris, vers 1687-1689
Huile sur toile de forme ovale
H.73 cm, l. 60 cm
Cadre en bois doré et finement sculpté d’époque Louis XIV.
Encadré : h. 91 cm l. 78 cm
Vendu avec le certificat d'expertise et l'étude réalisés par Francesco Petrucci, directeur du Palazzo Chigi, Rome, spécialiste de Jacob Ferdinand Voet et auteur du catalogue raisonné de l'artiste:
Ferdinand Voet (1639-1689) detto Ferdinando de' ritratti ; éditions: ?Ugo Bozzi, 2005
Très beau portrait du maréchal de France sous Louis XIV, Noël Bouton, marquis de Chamilly, gouverneur de Strasbourg (1681-1715), chevalier de l’ordre de Saint Esprit.
Le tableau représente le maréchal en buste, tourné de trois quart, regardant le spectateur en face.
Son visage illuminé par les yeux vifs et clairs, empreint d'autorité à l’expression bienveillante apparait au milieu de ...
... boucles épaisses de sa perruque léonine dont les cheveux châtains poudrés tombent en cascade sur ses épaules.
Il porte au cou une cravate faite d’un ruban rouge noué en coques, qui se reflète dans sa cuirasse. Vêtu d’une cuirasse aux reflets métalliques ornée de motifs dorés notamment aux articulations, ses seuls ornements visibles sont les parements de velours grenat aux jonctions de pièces d’armure.
Il porte en sautoir le cordon bleu de l’ordre de Saint-Esprit.
La puissance et le charisme émanent de ce portrait militaire. Le marquis grâce à sa stature, son allure et son port de tête nous renvoie une image d’un guerrier vaillant.
L’éclairage théâtrale illumine abondamment le visage et crée des forts reflets métalliques dans l’armure qui tranchent par leur froideur avec la chaleur du fond neutre.
Peint avec brio et toute la maitrise du peintre au sommet de sa carrière, Jacob Ferdinand Voet nous livre ici une brillante évocation d’un haut dignitaire du royaume au temps de Louis XIV.
Il s'agit du seul portrait identifié du marquis, son effigie étant connue jusqu'à la présente découverte grâce à deux gravures (Thomassin en 1697, Scupel en 1703). La gravure de Thomassin reprend assez fidèlement notre portait sauf les traits vieillis et pourrait être réalisée soit d'après notre portrait soit de sa réplique. (selon l'avis de Mr Petrucci).
Le marquis de Chamilly ayant été promu chevalier de l'ordre de Saint Esprit en 1705, l'écharpe bleue sur notre portrait a été ajoutée après cette promotion par un artiste inconnue.
Noël Bouton est baptisé le 19 avril 1637 à Chamilly en Saône-et-Loire. Il est le fils de Nicolas Bouton, seigneur de Chamilly et de Marie de Cirey, fille d’un conseiller au Parlement de Bourgogne. Son parrain est le conseiller du roi, Nicolas Brulard, baron de Sombernon et Mâlain. Bien que Noël ait reçu en partage les seigneuries de Saint-Léger-sur-Dheune, Dennevy et Saint-Gilles, il vécut peu en Bourgogne. En effet, comme tous les membres de sa famille, il s’illustre très jeune dans une carrière militaire et combat dans l’armée royale en particulier en Franche-Comté et Flandre avant de devenir gouverneur de Fribourg. Il est nommé gouverneur militaire à Strasbourg en 1681 suite à la capitulation de la ville et son rattachement au royaume de France, puis commandant dans les provinces de Poitou et Aunis.
Avant ses exploits aux frontières françaises il combat en 1668 en Crète lors du siège de Candie et s'illustre dans la guerre de Hollande en 1675 par la défense de Grave, qui dura 93 jours et coûta 16 000 hommes au prince d'Orange.
Avant de connaître la gloire militaire, il acquit, bien malgré lui, une singulière notoriété. Dans sa jeunesse, en 1663, il est envoyé dans un corps expéditionnaire au Portugal. Ce séjour le place au coeur d’une controverse qui éclate en 1669. Cette année-là paraissent des Lettres portugaises, correspondance enflammée d’une religieuse qu’il aurait rencontrée à Béjà. Malgré les dires de ses contemporains, il est aujourd’hui prouvé que Noël Bouton de Chamilly n’était pas le destinataire de ces lettres qui, de plus, n’ont sans doute pas été rédigées par une religieuse portugaise. Il n’en demeure pas moins que les Lettres portugaises constituent l’archétype du roman épistolaire.
Élevé à la dignité de maréchal de France le 14 janvier 1703, il fait partie de la 27e promotion des chevaliers de l'ordre du Saint-Esprit, faite dans la chapelle du château de Versailles le 2 février 1705.
Noël Bouton décède à Paris sans postérité le 8 janvier 1715.
Jacob Ferdinand Voet, dit « Monsù Ferdinando » ou « Ferdinand de' ritratti » (Anvers 1639 - Paris 1689), fut par excellence l’un des plus grands portraitistes à la mode de l’époque baroque, dominant la scène européenne pendant une trentaine d’années, entre le milieu des années 60 et la fin des années 80, date à laquelle il s’imposa comme l’un des principaux spécialistes de l’Europe du Grand Siècle pour sa production internationale. La renommée du peintre a été favorisée par la création des « Gallerie delle Belle », c’est-à-dire les collections de portraits des dames les plus fascinantes de l’époque : des séries créées pour la famille Chigi en 1672 et inspirées par les sœurs Mancini, à celles produites, reproduisant, intégrant ou variant les originaux, pour les Colonna, les Savoia, les Massimo et d’autres familles célèbres. En 1669, Voët entre dans les bonnes grâces de Christine de Suède, qui lui confie la publication en répliques et variantes de son image officielle, gravée et faisant l’objet de nombreux exemplaires.
Il vécut la dernière partie de sa vie en France, peignant de nombreux portraits de personnalités de la Cour : du marquis de Louvois, premier ministre, à Monsieur, frère du roi (Madrid, musée du Prado), en passant par d’autres dignitaires importants. On sait aujourd’hui qu’il y devint « peintre de Sa Majesté Très Chrétienne », mais sa carrière montante fut interrompue par sa mort soudaine à Paris, le 26 septembre 1689, dans sa maison du quai de Guénégaud près du Pont Neuf. Son influence sur de nombreux portraitistes français, dont Pierre Mignard et Hyacinthe Rigaud, a été fondamentale, souvent confondue avec lui en lui attribuant ses portraits.
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