Par Galerie Lamy Chabolle
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Mobilier et objet d'art des XVIIIe, XIXe et XXe siècle
Louis-François CASSAS (Azay-le-Ferron 1756-1827 Versailles).
Personnages à l’antique déchiffrant une stèle devant un lac, une montagne en fond.
Aquarelle sur papier.
Dans cette aquarelle la végétation variée qui encadre un ciel bleu éblouissant animé de quelques nuages est typique des compositions de Cassas. L’artiste s’appuie sur l’asymétrie de celles-ci pour introduire un premier plan foisonnant, complété par des morceaux de ruine qui servent de figure repoussoir et le feuillage des arbres qui se découpe sur le fond de ciel bleu pour dynamiser le tout. La montagne habitée de ruines qui se dresse en arrière-plan, en tant que point de chute de la lumière, ouvre la perspective plutôt que de boucher le paysage.
L’étendue d’eau scintillante guide vers le premier sujet qui est l’étude d’une inscription antique pour rebondir vers les personnages en second plan et leur reflet dans l’eau qui semble répondre aux cyprès qui s’élèvent ...
... au-dessus d’eux tout en rééquilibrant la composition. Cette construction fondée sur des séquences qui se croisent pour créer la perspective fait penser à une composition inspirée par Nicolas Poussin.
Cette œuvre est à rapprocher d’une aquarelle présentée au Salon du dessin en 2000, Paysage avec des personnages près d’une sculpture antique devant un lac, une montagne en fond. Ainsi que de la dernière grande feuille de Cassas à être passée en vente, chez Christie’s, le 22 mars 2017, Archéologues examinant un bas-relief aux abords de la ville d'Athènes.
Louis-François Cassas est un dessinateur, peintre, graveur et orientaliste français né le 3 juin 1756 à Azay-le-Ferron (Indre) et mort à Versailles le 1er novembre 1827.
Fils d’un géomètre des routes royales, Louis-François Cassas a bénéficié d’une formation d’ingénieur des ponts et chaussées, il a commencé sa carrière en tant que dessinateur de stéréotomie sur le chantier d’un pont où il apprit la rigueur et la minutie quasi-architecturale qu’il a ensuite conservée tout au long de sa carrière d’artiste. Protégé de Louis-Antoine de Chabot, qui deviendra le duc de Rohan-Chabot en 1791, il se forma au sein de l’académie de ce dernier entre 1775 et 1778. Il fut également élève de Lagrenée qui lui transmit l’art de la composition, l’utilisation du lavis et l’introduisit au goût du pittoresque et de l’exotisme. Goût qui s’affirme lors de son premier voyage en Italie de 1779 à 1783 en compagnie du duc de Rohan-Chabot. Il se rendit notamment à Naples, en Istrie et en Dalmatie, des contrées encore peu fréquentées par les voyageurs de son époque. C’est lors de ce premier voyage qu’il collabore avec L’Abbé Saint Non pour le Voyage pittoresque ou description des Royaumes de Naples et de Sicile (1781-1786, 4 vol.).
De retour à Paris, un nouveau protecteur croise sa route, il s’agit du Comte de Choiseul-Gouffier, ambassadeur du Sultan de Turquie et archéologue passionné, il trouve en Cassas l’artiste tout désigné pour l’aider dans son entreprise de relevé des sites classiques et monuments du Moyen-Orient et en Asie Mineure. Après quatre ans de voyage, Cassas passa par Rome sur le trajet du retour et y exposa plus de 250 dessins qui connurent un succès retentissant lors de leur présentation.
Il finit par s’installer définitivement à Paris pour travailler à la publication de ses œuvres dans un « voyage pittoresque » qui ne sera jamais achevé. Il enseignait à l'école de la Manufacture royale des Gobelins où on le nomma inspecteur des travaux et professeur de dessin en 1816 et il fut l'un des initiateurs du néoclassicisme au début du XIXe siècle. De 1817 à sa mort, il dessina de grandes aquarelles destinées à la vente dont le format - proche ou dépassant parfois le mètre de long - rivalisait avec les tableaux de chevalet.
A partir de ses relevés précis de sites archéologiques, de ses nombreux dessins, esquisses et études de monuments antiques, Cassas a pris l’habitude de fabriquer de véritables paysages qui entremêlent à la fois la rigueur des relevés archéologiques et le fantasme puissant qu’évoquait l’antiquité à l’époque néoclassique. Ces aquarelles connurent un véritable succès de son vivant et les grandes planches sont aujourd’hui extrêmement rares sur le marché.
Bien souvent, le site archéologique représenté n’est que pure fantaisie et le paysage un assemblage virtuose d’éléments qui aboutissent à une vue faite pour guider l’œil de son public à travers une succession de plans qui donnent un cadre grandiose à ses aquarelles. Ces vues imaginaires n’en restent pas moins baignées de cette ambiance méditerranéenne qui les rendent vraisemblables.
Cette aquarelle s’inscrit dans le goût néoclassique des contemporains de Cassas. Les jeunes aristocrates qui effectuaient leur Grand Tour au cours des XVIIIe et XIXe siècle étaient éblouis par le pittoresque qui s’échappait des ruines antiques qu’ils allaient admirer autour du bassin Méditerranéen. Cette aquarelle correspond à cette vision idéalisée de l’Antiquité en en faisant son sujet principal avec ses personnages vêtus à l’antique au sein de ce paysage serein et grandiose, ce qui fait de Cassas le peintre du Grand Tour par excellence.