Par Desmet Galerie
Taureau bondissant
Bronze, patine laquée or-rougeâtre
France, vers 1600
Barthélemy Prieur (1536-1611) (et atelier)
ALR Ref : S00238001
H 16 x L 16,5 x P 5 cm
H 6 1/3 x L 6 1/2 x P 2 pouces
Jeune sculpteur prometteur au talent prodigieux, Barthélemy Prieur est attiré par la péninsule italienne pour y poursuivre ses études. On sait qu'il est à Rome dès les années 1550, vraisemblablement après avoir achevé sa formation initiale en France (Seelig-Teuwen, 2008, pp.102-03). Prieur a été identifié avec le sculpteur "Bartolomeo", qui travaillait aux côtés de Ponce Jacquio (actif de 1527 à 1572) sur les décorations du palais Ricci-Sacchetti dans la Via Giulia (Radcliffe, 1993, 275-276). Alors que ses activités romaines restent peu documentées, il a été suggéré que dans les années 1550, il a participé aux grands projets de stucs organisés sous la direction de Daniele da Volterra et Giulio Mazzoni ; dans les dernières œuvres, son habileté ...
... remarquable dans l'utilisation de matériaux mous tels que la cire et l'argile pour les modèles de ses bronzes peut en effet refléter son activité de stucateur (Seelig-Teuwen, 2008, p.102). Après plusieurs années à Rome, il s'installe à Turin, capitale du florissant duché de Savoie, où sa présence est attestée en octobre 1564. Il y devient sculpteur de la cour du duc Emmanuel-Philibert de Savoie (1528 - 1580), se spécialisant dans les projets monumentaux en bronze (Seelig-Teuwen, 1993, pp. 365-385). S'inspirant de son séjour à Rome avec Jacquio, Prieur a initié et influencé le développement du genre de la petite statuette en bronze en France au cours des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles (Warren, 2010, p. 22).
Prieur est revenu à Paris au moment de son mariage avec Marguerite Dalencourt, le 27 septembre 1571, et on sait qu'il a réalisé quelques bronzes de petite taille en 1583 (Grodecki, 1986, pp. 129-133). Lorsque le roi Henri IV de France (1553 - 1610) est monté sur le trône en 1589, il a manifestement pris goût aux petites statuettes en bronze de Prieur. Conscient de l'énorme potentiel de propagande monarchique de ces œuvres, il nomme Prieur au poste convoité de Sculpteur du Roi cinq ans plus tard. À ce titre, il est connu pour avoir réalisé des reliefs pour la Petite Galerie du Louvre vers 1594, ainsi que pour avoir restauré certaines statues antiques pour le Roi.
L'inventaire de succession dressé en 1583 après le décès de la femme de Prieur, ainsi que celui de sa propre succession réalisé en 1611, présentent des listes de modèles qui témoignent du penchant du sculpteur pour la représentation d'animaux ; l'inventaire de 1611 comprend : "trois figures d'animaux [un] lion et chevaux aussi de bronze, non ciselés, ensemble dix livres tournois [...]" (Briere & Lamy, 1949, p. 54).
L'essor des petits bronzes en France au XVIe siècle est sans doute le résultat d'influences italiennes ; dans la péninsule, ils sont fabriqués et collectionnés depuis le milieu du XVe siècle, les sculpteurs répondant à l'art antique nouvellement mis au jour ainsi qu'au désir humaniste d'imiter le goût des anciens. Les collectionneurs français de bronzes étaient particulièrement friands de réductions de modèles antiques célèbres et d'œuvres d'après des modèles de Giambologna - bronzes qui étaient très appréciés dans toute l'Europe depuis la fin du XVIe siècle (Wenley, 2002, p. 12). Selon le célèbre spécialiste de Giambologna, Charles Avery, à cette époque, il y avait probablement plusieurs grands Florentins à la cour de France qui possédaient des statuettes de Giambologna (Avery, 1987, p. 237). Ce goût pour l'art florentin à la cour de France à la fin du XVIe siècle a peut-être été stimulé par les mariages de Catherine (1519-1589) et de Marie de Médicis (1575-1642) avec des rois français (Henri II [1519-1559] et Henri IV de France, respectivement) et celui de Christine de Lorraine (1565-1637) avec le grand-duc Ferdinand Ier (1549-1609) en 1589, qui ont clairement jeté les bases de liens culturels et dynastiques étroits entre Florence et Paris au XVIe siècle et au début du XVIIe siècle (Warren, 2010, p. 25).
Ce goût naissant pour les bronzes florentins " giambolognesques " est important pour la genèse du présent taureau, exécuté d'une manière proche du style maniériste sinueux et élégant de Giambologna. On pense que le taureau bondissant est une œuvre de l'invention de Prieur, probablement influencée par son séjour à Rome où il a sans doute vu des bronzes antiques à petite échelle du même sujet, comme le taureau en train de se cabrer qui se trouve actuellement au Walters Art Museum de Baltimore (inv. 54.602). Cependant, à cette époque, l'adoption par Prieur du style de Giambologna à Paris était tout à fait pionnière, et il était le premier fabricant français spécialisé dans les statuettes en bronze exquises dans le style "giambolognesque". La haute finition de ce taureau et les traces visibles d'une riche patine de laque rouge nous permettent de le placer dans le milieu des meilleures œuvres de petite taille de Prieur.
Conditions générales de livraison :
Nous prenons en charge avec soin l'emballage des objets.
Nous travaillons avec des transporteurs spécialisés en oeuvres d'art.
Pour les objets de plus petites tailles nous faisons les envois avec DHL.
Les envois sont suivis et assurés.
Retrouver le mobilier ou les objets d''art similaires à « Taureau bondissant - Barthélemy Prieur (1536-1611) et atelier » présenté par Desmet Galerie, antiquaire à Bruxelles dans la catégorie Sculpture en Bronze Renaissance, Sculpture.