Par Galerie Thierry Matranga
Tableaux anciens, dessins, sculptures, objets religieux
Huile sur cuivre. Ecole flamande du milieu du XVIIe siècle, attribué à Simon de Vos.
Avant d’être roi, David fut chassé dans le désert par son prédécesseur, Saül. Le Livre des rois relate le rassemblement par David de plusieurs brigands pour former une troupe de soldats. Dans ce désert vivait le riche marchand et éleveur Nabal qui n’accéda pas à la requête de David de ravitailler sa troupe. Abigail, épouse de Nabal, consciente de l’affront commis, décida d’aller elle-même apporter des vivres que David accepte, c’est cette scène qui est représentée dans notre peinture.
Dans notre composition, Abigail implore le futur roi des juifs de le pardonner, désignant d’une main les victuailles et de l’autre sa poitrine. Peint tel Louis XIII avec sa longue chevelure et ses moustaches taillées « en pointe de poignard », il la pardonne d’un geste de son bâton de commandement. Les provisions, amassées entre les deux protagonistes et transportées par la ...
... suite de la femme de Nabal, ont suffi à apaiser la colère d’un roi qui s’avère magnanime. La mansuétude est une qualité appréciée chez les souverains au temps des guerres de religion, époque où les conflits et trahisons sont choses courantes. Le cheval de David, maintenu par un écuyer, rythme la composition et dynamise la scène par son regard fougueux et sa crinière agitée. Les trois chameaux, dont les têtes émergent à gauche, participent de cette impression de mouvement. L’artiste fait preuve de soin dans l’exécution des corps, des armures et des drapés. La variété des protagonistes permet au peintre d’exprimer toute la richesse de sa palette chromatique, jusque dans le ciel qui occupe une place importante.
Simon de Vos a peint deux autres représentations de la rencontre entre David et Abigaïl, l’une en 1641 conservée au musée de l’Ermitage à Saint Pétersbourg et l’autre en 1655 au musée des Augustins à Toulouse. Ces deux versions ont en commun avec la nôtre de donner une place importante au bestiaire. En outre, la palette retenue y est semblable à plusieurs niveaux : vêtements des suivantes d’Abigaïl, pelage du cheval, tonalité du ciel… De Vos n’hésite pas à recourir à une gamme chromatique étendue, en déclinant une gamme de jaunes et d’ocres, notamment dans son Martyre de saint Philippe conservé au Palais des Beaux-Arts de Lille, où un cheval expressif apporte du panache à la composition.
Sur le plan iconographique, de Vos puise dans les interprétations du sujet données par Pierre Paul Rubens (1577-1640), notamment dans l’importance donnée à la gestuelle des protagonistes et à la présence marquante du cheval. Sur le plan de la composition générale, notre artiste reprend le schéma établi par Franz Francken II (1581-1642), où les groupes sont séparés selon un axe plus oblique. Pour notre peinture, la ressemblance entre David et Louis XIII, dans ses différents portraits qui nous sommes parvenus, doit nous situer temporellement pendant ou peu de temps après la Guerre de Trente Ans (1618-1648). En effet, la cour de France était à cette époque une source importante de commande pour les artistes du Nord, comme en témoigne le grand cycle commandé par Marie de Médicis en 1621.
Vendu avec facture et certificat d'expertise.
Nous avons choisi de vous présenter cette peinture dans un cadre à casseta en bois noirci de style.
Dimensions : 68 x 87,5 cm – 79 x 99 avec la cadre
Simon de Vos (Anvers 28.10.1603 – Id. 15.10.1676) est reçu maître à l’Académie de saint Luc d’Anvers en 1620. Il travaille pendant huit ans dans l’atelier de Pierre Paul Rubens, dont l’influence se ressentira dans toute son œuvre, l’accompagnant dans ses voyages en Europe. De retour à Anvers à la fin des années 1620, il collabore fréquemment avec Franz Snyders et Alexandre Adriaenssen. Dès les années 1640, il se concentre sur la grande peinture d’histoire, avec une préférence pour les sujets religieux où il synthétise les apports de Rubens et de van Dyck. Il eut un succès certain dans son art, vendant ses peintures à de grands marchands tel Chrysostoom van Immerseel. La mention de sa personne dans l’album iconographique dirigé et édité par van Dyck, recensant les grandes personnalités anversoises de son époque, témoigne de la considération que ses pairs éprouvaient pour lui. Rubens détenait d’ailleurs un portrait de lui peint par Abraham de Vries.
Bibliographie :
- D’HULST, R.-A., VANDENVEN, M., Corpus Rubenianum Ludwig Brucharg, Rubens : The Old Testament, Oxford University Press, New York, 1989.
- RAGER, Catherine, Dictionnaire des sujets mythologiques, bibliques, hagiographiques et historiques dans l’art, Turnhout, Brepols, 1994.
- REAU, Louis, Iconographie de l’art chrétien, 3 vol. Paris, Presses Universitaires de France, 1959.
- VLIEGHE, Hans, Flemish Art and Architecture, 1585-1700, New Haven, Yale University Press, 1998.
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