Par Daatselaar The Collection
Toutes deux portant l’inscription : «Mfre de Mgr le duc d’Angoulême à Paris».
Date : 1781-1789
Matière : porcelaine biscuit sur une base en porcelaine verte avec des montures en bronze doré.
Hauteur 34 cm.
Bibliographie : Régine Plinval de Guillebon, «?La Manufacture de Porcelaine de Guérhard et Dihl dite du duc d’Angoulême?», Société française de porcelaine, IV, 1988, p. 17-21, p. 19
Deux figurines en porcelaine biscuit de dames sur une base en porcelaine verte avec des supports en bronze doré. Les supports en bronze mettent en évidence les titres de ces figurines. La dame à l’épée représente la Justice. Elle tient une balance dans sa main gauche. Cette balance repose sur un piédestal. La balance représente la pesée des preuves. La Paix est reconnaissable à sa corne d’abondance représentant la prospérité. Elle dissimule l’armure avec des drapeaux triomphants.
Ces deux statues en porcelaine ont été réalisées à Paris dans ...
... la manufacture Dihl et Guérhard. Cette manufacture était sans doute la plus prestigieuse de toutes les manufactures de porcelaine parisiennes. Elle était également connue sous le nom de manufacture de porcelaine du duc d’Angoulême, car elle était sous sa protection. La manufacture a été en activité de 1781 à 1828. L’histoire et le succès de la manufacture ont été publiés en 1972 dans l’indispensable ouvrage Porcelaine de Paris 1770-1850 de Régine Plinval de Guillebon.
La manufacture Dihl et Guérhard a été fondée par Christophe Dihl (1752-1830) et Antoine Guérhard (mort en 1793). Dihl était chimiste et la manufacture a expérimenté de nouvelles couleurs et de nouvelles finitions. Ses compétences technologiques devaient être considérables, car la qualité des produits de la manufacture était très élevée.
Dès ses débuts, la manufacture a opéré sous la protection, mais non sous la propriété, de Louis Antoine, duc d’Angoulême (1775-1844), un neveu du roi de France Louis XVI, bien qu’il n’ait eu que cinq ans au moment où la protection de la manufacture lui a été accordée. La protection royale a permis à la manufacture de fabriquer et de vendre de la porcelaine colorée et dorée, malgré le monopole accordé à Sèvres en 1766.
Le nom du duc a été retiré lors de la Révolution française. Comme cette paire porte son nom, ces deux biscuits peuvent être datés entre 1781 et 1789, soit la première décennie d’activité de la manufacture. L’inscription «?Mfre de Mgr le duc d’Angoulême à Paris?» était une version abrégée du nom officiel «?Manufacture de Monsieur Le Duc d’Angoulême?».
En 1785, la manufacture employait trente peintres et douze sculpteurs. Elle devint rapidement trop grande pour ses locaux de la rue de Bondy et déménagea dans de nouveaux locaux rue du Temple en 1789.
Parmi la clientèle, le diplomate américain Gouverneur Morris (1752-1816) visita Dihl et Guérhard à plusieurs reprises, souvent au nom du président George Washington (1732-1799). Il nota : «?Nous trouvons que la porcelaine ici est plus élégante et moins chère qu’à Sèvres?». Dihl demanda également au marchand londonien Thomas Flight de vendre sa porcelaine en Angleterre pour une période de six ans à partir de 1789.
Régine Plinval de Guillebon dresse une liste des figurines, groupes et pendules de la manufacture, dont des groupes en biscuit représentant «?la Justice?» et «?la Paix?» du sculpteur Charles Gabriel Sauvage, dit Lemire.
Le sculpteur et modeleur Charles Gabriel Sauvage, dit Lemire, est né à Lunéville en 1741 et mort à Paris en 1827. Il est également l’artiste à l’origine du groupe de figurines en porcelaine non émaillée représentant le roi français Louis XVI et l’homme d’État américain Benjamin Franklin commémorant la signature de deux traités entre la France et les États-Unis en 1778, qui se trouve au Metropolitan Museum of Art de New York.
Une seconde paire de ce groupe de biscuits représentant la Justice et la Paix se trouve également dans la collection du Metropolitan Museum of Art de New York. Cette fois, les deux statues sont intitulées la Justice et la Guerre. Comme elles ne comportent pas les titres en bronze sur la base, cette confusion est sujette à controverse. Comme la liste publiée par Régine de Plinval de Guillebon ne mentionne aucune figurine de la Guerre et que ces deux pièces portent les noms en bronze doré, nous pouvons affirmer que cette paire est la Justice et la Paix de Charles Gabriel Sauvage, dit Lemire.