Par Galerie Sismann
Cette figure d'homme accroupi en train d'aiguiser un couteau est une réplique d'un célèbre marbre antique hellénistique du IIe siècle av. J.-C connu sous le nom de l'Arrotino ou du Rotatore. Aujourd'hui conservé au Musée des Offices à Florence, ce dernier représenterait un esclave scythe en train de préparer un couteau pour le dieu Apollon s'apprêtant à écorcher le satyre Marsyas, qui par ses talents de musiciens et son hubris s'était attiré les foudres du dieu.
Cet antique bien connu à Rome au XVIe siècle fut acquis en 1578 par le cardinal Medicis. Après avoir orné pendant un temps sa villa, il fut envoyé à Florence en 1697 et exposé dans la célèbre tribune des Offices. Son succès traversa si bien les frontières qu'en 1684 Louis XIV commanda au maître du baroque florentin Giovanni Battista Foggini une réplique en marbre de l'Arrotino. Aujourd'hui exposée au musée du Louvre, l'oeuvre de Foggini orna longtemps les jardins du château de Versailles, ...
... avant d'être installée en 1872 dans le jardin des Tuileries. En 1992, dans un soucis de préservation, elle intégra finalement le département des sculptures, rongée par les intempéries.
Parallèlement, entre 1685 et 1686, des modèles en plâtre de l'Arrotino, réalisés peut être d'après la copie en marbre de Foggini, sont livrés à François Girardon. A l'aide de ces derniers, l'artiste réalise un modèle en terre à l'échelle un du Rotatore qui sera à l'origine d'une fonte en bronze coulée en 1688 par le bronzier du roi, Balthazar Keller. Aujourd'hui conservée à Versailles, cette fonte orna d'abord les appartements de verts de Marly en 1695, avant d'être présentée dans le jardin des Tuileries en 1797. En 1871, la fonte est envoyée à Versailles afin de remplacer le marbre de Foggini, en partance lui pour les Tuileries.
L'engouement des amateurs pour ces commandes royales fut à l'origine d'une production parisienne de réductions en bronze de l'Arrotino, souvent associé en paire à une belle Vénus accroupie d'après un marbre d'Antoine Coysevox. Des réductions semblables du célèbre antique ont également été réalisées en Italie, notamment à la fin du XVIIIe siècle et au XIXe siècle dans les ateliers romains de Giovanni Zoffoli, mais ces bronzes du Grand Tour sont de formats plus modestes et les propriétés des fontes différentes. Notre bronze a lui probablement était réalisée dans un atelier parisien, d'après donc la fonte de Keller ou le marbre de Foggini. Cependant, l'originalité du nez imposant de notre rémouleur, ainsi que la liberté prise dans la représentation du couteau et de la pierre à aiguiser, n'en font de toute évidence pas une réduction sérielle de la fonte de Keller mais bien une création originale, réinterprétant peut être les lacunes observées sur le marbre de Foggini dans le courant du XVIIIe siècle .
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