Par Spectandum
L'anneau de Polycrates, tiran de Samos
Polycrate régna sur l'île de Samos au VIe siècle av. J.-C. Il avait mené une insurrection contre les Perses, s'emparant du pouvoir pour lui-même. Dès lors, la fortune sembla lui sourire en tout — que ce soit en bataille ou en commerce, personne ne pouvait le surpasser.
Son ami Amosis, le roi d'Égypte, se fit du souci. Il craignait que ce succès ininterrompu ne fût un signe que les dieux réservaient à Polycrate un terrible destin. Dans une lettre, Amosis lui conseilla de jeter son trésor le plus précieux en offrande afin d'adoucir sa chance écrasante.
Polycrate décida que son bien le plus précieux était un anneau sceau — une émeraude sertie d'or. Résolu à suivre les conseils de son ami, il partit loin de Samos et jeta l'anneau dans les eaux profondes de la mer.
Quelques jours plus tard, un pêcheur arriva aux portes du palais avec une prise extraordinaire — un gros poisson magnifique. Les serviteurs le ...
... préparèrent pour la table du roi, et en le coupant, ils découvrirent l'anneau que Polycrate avait jeté, brillant à l'intérieur.
Ravi de retrouver son anneau, Polycrate écrivit à Amosis, lui faisant part de ce coup de chance remarquable. Mais le roi égyptien était profondément troublé. Il répondit que leur amitié devait prendre fin, car il n'osait rester allié à un homme que la fortune ne quittait jamais.
Pendant ce temps, un Perse nommé Oroetes, gouverneur de Sardes, avait beaucoup entendu parler de la chance légendaire de Polycrate. Bien qu'il ne l'ait jamais rencontré, il résolut d'être celui qui provoquerait sa chute. Réalisant que la force brute ne servirait à rien, il conçut un plan de tromperie.
Oroetes envoya une lettre à Polycrate, prétendant craindre pour sa propre vie et son pouvoir. Il supplia le souverain samien de venir à son aide, promettant en retour une part de ses vastes trésors.
Confiant en sa chance, Polycrate accepta. Certain que sa fortune ne le trahirait jamais, il partit sans son armée, accompagné seulement d'un groupe de fidèles amis.
Mais il était tombé dans un piège. Oroetes le captura, l'exécuta et cloua son corps à une croix — prouvant enfin que même les plus fortunés ne sont pas à l'abri de l'infortune.