Commode Transition estampillée Jean-Henri RIESENER

... d'usage et d'entretien

Dimensions : H 88,5 cm x L 130 cm x P 61cm

Une commode similaire de Riesener est exposée à Versailles
Ancienne collection du peintre Henri-François Riesener (1767-1828), fils de l'ébéniste puis collection Léon Riesener, famille Riesener. Et Legs de Madame Raymond Escholier en 1969 (cf Photos)


Jean-Henri Riesener (1734-1806) reçu maitre le 23 janvier 1768 est incontestablement l'un des plus grands ébénistes de son siècle.

Elève de Jean-François Oeben à partir de 1755 lorsqu'il arrive à Paris, il récupère son atelier à sa mort en 1763 et épouse sa veuve, au désespoir de son confrère Jean-Francois Leleu.
C'est en 1774, à l'intronisation de Louis XVI, que sa renommée devint la plus exponentielle.
Il réalisa en effet l'un des meubles les plus magnifique et connu à ce jour, commandé en 1760 à Oeben; le bureau à cylindre de Louis XV pour Versailles. Une fois achevé en 1769, le prestige de la réalisation du bureau lui valu d'être considéré dans la société et haute société comme le meilleur ébéniste. Il obtient le titre d'ébéniste ordinaire du Mobilier de la Couronne en 1774 à la suite de Gilles Joubert.

Le prestige de ses réalisations n'étant plus à faire, les commandes ne cessent d'affluer. Il en réalisa ainsi pendant plus de 10 ans pour de très belles résidences royales telles que Versailles, le Château de Fontainebleau, le Trianon et Marly etc... Pour le Duc d'Orléans et le Comte d'Artois, et bien d'autres. Bien que ses productions étaient considérées comme très couteuses et délesta une partie de sa clientèle au fil du temps, il resta l'ébéniste favori de Marie-Antoinette.

Il lui réalisa de nombreux mobiliers telle une commode, qui comme la notre, fut abandonnée de marqueteries au profit de placages « simples » et purs mettant ainsi en valeur les bronzes eux-même allégés dans le mobilier de Riesener.


La particularité de notre meuble, outre sa qualité d'exécution, est l'estampille de ce fabuleux ébéniste. Il est mentionné dans de nombreux ouvrages comme étant l'un des meilleurs de ce siècle.

L'un de ses exemples dans Le mobilier français du XVIIIe siècle de Giacomo Wannenes, stipule « ce genre de commode fidèlement exécuté dans la ligne pure et sobre du style est très appréciée en France et moins en Italie. Estampille de Riesener, c'est un des exemplaires dont la signature valorise le meuble indépendamment de son niveau artistique ».

Les ébénistes du XVIIIe siècle français, collection grands Artisans d'Autrefois / connaissance des Arts, lui ont entièrement dédiés 16 pages. Et le Pierre Kelljberg le mobilier français du XVIIIe siècle , pas moins de 22 pages, expliquant la maitrise de cet artiste dans la production de meubles et de style.
Ils mentionnent l'évolution artistique de Riesener entre la marqueterie et prolifération de pièces en bronze doré, jusqu'à la variété de meubles plus sobres, en acajou ou comme la notre en bois de rose et amarante. p 742, édition de l'Amateur 2008 «  Plusieurs commodes à léger ressaut (…) illustrent cette catégorie de meubles robustes et architecturés, mais sobrement décorés. Non plus en acajou mais en placage de bois de rose encadré d'amarante, une commode vendue à Monaco le 23 février 1986 relève du même esprit. Avec son pendant, passé en vente à Londres le 30 avril 1965 (n°207), elle fut livrée en 1783 pour le service du Roi à Fontainebleau ». Cf photo fin de dossier.

Ce n'est pas parce que le style de Riesener s'est allégé, que ses formes sont devenues plus sobres et l'emploi du bronze utilisé avec plus de parcimonie, qu'il n'a pas été, jusqu'à la fin, un maitre ébéniste hors pairs avec une qualité d'exécution admirable.

Kjellberg, p 748 « Sur ces ouvrages aux proportions parfaites, rigoureux sans sécheresse, remarquablement finis, la qualité « Riesener » apparaît tout aussi éclatante que sur les modèles « riches »

La production de Riesener est passée de meubles riches en marqueteries florales et en bronzes, à un style plus sobre mais alliant toujours la qualité à la finesse d'exécution.
Beaucoup de ses meubles sont aujourd'hui dans de très grands musées ou prisés par de très grands collectionneurs. Nous les retrouvons au Château de Versailles, à celui de Fontainebleau, à Chantilly, à Compiègne, mais aussi aux Arts décoratifs de Lyon et de Paris, aux archives Nationales de Paris, au musée Carnavalet, au Louvre etc... et dans beaucoup d'autres Musées internationaux, comme à Londres, aux Etats-Unis, à Vienne, Lisbonne ou encore Amsterdam...

C'est un ébéniste qui a prouvé qu'il était parfaitement capable de grâce et de légèreté et qu'un meuble ne se valorise pas seulement pas sa charge de marqueterie mais également par sa qualité d'exécution. Il influencera la production néo-Louis XVI au XIXe siècle et occupe une place indéniable dans l'évolution du mobilier français.

Quelques très belles ventes du mobilier de Riesener :

adjugé 312 000 euros vente du 9 Juin 2002, Orangerie de Cheverny, lot 128

vendue 97 196 € Vente du 14 décembre 2011, Arcurial, lot 37 (estimation 80 000 – 120 000 €)

Estimation 200 000 – 300 000 euros vente du 15 septembre 2012 Kohn, Hotel le Bristol, Paris, Lot 155

vendue 60 960 € , vente du 28 juin 2023, Sotheby's Paris, lot 321, (estimation 50 000 – 80 000 €)