Par Gallery de Potter d'Indoye
Mobilier, objets d'art et tableaux du XVIII et du 1er Empire
Certainement réalisée sous la supervision de Dominique Daguerre
Les figures d’après les modèles du sculpteur Louis-Simon Boizot
La caisse attribuée au bronzier François Rémond
Importante pendule de cheminée, dite « L’Étude et la philosophie », en bronze très finement ciselé, doré et patiné, et marbre blanc de Carrare
Le cadran circulaire émaillé est né « Mathieu l’Aine a Paris » pour Claude-Mathieu dit l'Aîné (1722-vers 1815) Maître en 1754, et indique, par trois aiguilles en acier poli ou cuivre repercé, les heures en chiffres arabes, les minutes par tranches de quinze et les jours du mois. Le mouvement est renfermé dans une boite circulaire reposant sur une borne à bas-relief représentant des putti tentant d’allumer un feu et supportant un superbe aigle aux ailes déployées tenant des foudres dans ses serres ; de part et d’autre, sont assis deux personnages allégoriques en bronze doré « à l’antique » figurant un jeune homme ...
... écrivant avec un stylet sur une tablette et une jeune femme lisant un ouvrage. L’ensemble est ceinturé d’une frise de feuillages stylisés et repose sur une base quadrangulaire à côtés arrondis en marbre blanc statuaire richement agrémentée de motifs en bronze ciselé et doré tels que mascaron d’homme barbu encadré d’amours ailés dont les corps se prolongent en rinceaux feuillagés « en arabesque » et médaillons circulaires centrés de masques ; enfin, six pieds soulignés de frises d’oves supportent l’ensemble de l’horloge.
Souvent appelé à tort « Les Arts et les Lettres », « L’Etude et la Philosophie », « aux Maréchaux » ou « Les Liseuses », ce modèle de pendule apparaît uniquement sous le nom de « L’Etude » dans la correspondance commerciale entre le ciseleur-doreur François Rémond et le marchand-mercier Dominique Daguerre, le plus important marchand d’objets de luxe du règne de Louis XVI ; le dessin préparatoire de l’horloge, annoté de la main de Rémond, fut proposé aux enchères à Paris en février 1981 (reproduit dans H. Ottomeyer et P. Pröschel, Vergoldete Bronzen, Die Bronzearbeiten des Spätbarock und Klassizismus, Band I, Munich, 1986, p.295, fig.4.17.5). Réalisée à partir de 1784, la composition déclinait directement deux figures créées en 1776 par le sculpteur Louis-Simon Boizot (1743-1809) pour la Manufacture royale de Sèvres représentant une jeune fille lisant et un jeune homme écrivant sous les noms de « l’étude » et « la philosophie » ; voir un biscuit de Sèvres de ce modèle qui est conservé dans la collection Jones au Victoria & Albert Museum à Londres (illustré dans H. Ottomeyer et P. Pröschel, op.cit., Band I, Munich, 1986, p.294, fig.4.17.2). Ces figures furent exploitées par Daguerre qui chargea Rémond de les adosser à une borne supportant un mouvement d’horlogerie sommé d’un aigle, créant ainsi l’une des pendules néoclassiques les plus abouties des arts décoratifs parisiens de la fin du règne de Louis XVI qui rencontra immédiatement un immense succès auprès des grands amateurs de l’époque.
Dès la fin du XVIIIe siècle, certains documents mentionnent des pendules de ce modèle chez les grands collectionneurs du temps.
De nos jours, parmi les pendules de ce modèle, avec variantes, répertoriées dans les grandes collections publiques et privées internationales, citons notamment : un premier exemplaire, le cadran signé « Dubuc jeune », qui est exposé au Palais du Quirinal à Rome (paru dans A. Gonzales-Palacios, Il patrimonio artistico del Quirinale, Gli Arredi francesi, Milan, 1996, p.308, n°89) ; un deuxième est conservé dans le Salon des Aides de camp du Palais de l’Elysée (voir M. et Y. Gay, « Du Pont d’Iéna à l’Elysée », dans Bulletin de l’association nationale des collectionneurs et amateurs d’horlogerie ancienne (ANCAHA), été 1993, n°67, p.12) ; un troisième, le cadran de « Mercier à Paris », appartient aux collections de la Banque de France à Paris (illustré dans M. et Y. Gay, « L’ANCAHA à la Banque de France », dans Bulletin ANCAHA, été 1995, n°73, p.76) ; et un quatrième, provenant probablement des anciennes collections du roi Louis XVI, qui est reproduite dans C. Baulez, « Les bronziers Gouthière, Thomire et Rémond », dans le catalogue d’exposition Louis-Simon Boizot 1743-1809, Sculpteur du roi et directeur de l’atelier de sculpture à la Manufacture de Sèvres, Paris, 2001, p.287, fig.9. Enfin, relevons particulièrement que trois pendules de ce type appartiennent aux collections royales espagnoles (voir J. Ramon Colon de Carvajal, Catalogo de relojes del Patrimonio nacional, Madrid, 1987, p.62, 64 et 92), tandis que trois autres exemplaires figurent dans les collections royales anglaises (parus dans C. Jagger, Royal Clocks, The British Monarchy and its Timekeepers 1300-1900, Londres, 1983, p.211-212).
François Rémond (vers 1747-1812) est l’un des plus importants artisans ciseleurs-doreurs parisiens du dernier tiers du XVIIIe siècle. Il débute son apprentissage en 1763 et obtient ses lettres de maîtrise en 1774. Immédiatement son talent lui permet de se composer une riche clientèle parmi laquelle figuraient notamment certaines personnalités de la Cour.
Claude Mathieu est né à Troyes et est connu sous le nom de l'Ainé pour le distinguer de son frère cadet Edme, dit Mathieu le Jeune (décédé après 1806) qui travaillait également comme horloger. Mathieu l'Ainé, a d'abord travaillé comme compagnon à Paris en 1743. Un peu plus d'une décennie plus tard, le 31 juillet 1754, il est reçu comme maître horloger parisien par décret du 25 Juin de cette année. En 1754, il était établi rue Neuve des Capucines, mais en 1757, il travaillait de la rue Saint-Honoré en face de l'hôtel de Noailles. Son statut était tel qu'il fut nommé membre du jury chargé des affaires du nouveau système horaire en 1793.
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