Par Poncelin de Raucourt Fine Arts
ATTRIBUÉ À GIROLAMO MIROLA (ou MIRUOLO)
(Bologne vers 1530/35 - 1570 Parme)
Une tête fantastique composée de trois visages barbus
Encre sur papier
7 x 7 cm
Provenance :
Collection privée, Royaume-Uni ;
Collection privée, France.
Nous connaissons très peu de choses sur Girolamo Mirola, et l'une des rares certitudes à son sujet est sa grande proximité avec ce grand peintre qui fut en quelque sorte son alter ego, le Parmesan Jacopo Zanguidi, connu sous le nom de Bertoja. Deux artistes mentionnés comme épigones de Parmigianino, avec des identités distinctes, auteurs d'œuvres précieuses, capables de parler un langage international, ont prospéré à une époque marquée par des échanges prolifiques, changeants et nombreux entre le nord et le centre de l'Italie ainsi qu'entre la France et l'Italie, surtout après l'appel de Primatice à Fontainebleau en 1532. Mirola et Bertoja furent tous deux fascinés par l'élégance anti-classique de Parmigianino.
Mirola ...
... est associé au style de la Maniera ou maniériste, qui a émergé en Italie durant la fin de la Renaissance. Son œuvre est quelque peu obscure comparée à celle de ses contemporains plus célèbres, mais il a fait des contributions importantes à la peinture, notamment à Parme et Piacenza.
Nous remercions David Ekserdjian pour son aide dans la rédaction de cette notice de catalogue. Il souligne que très peu de dessins attribués à Mirola sont reliés de manière sûre à des peintures lui étant liées : l'un est le Putto volant au Louvre, un autre est les Figures féminines s'enlaçant, certaines tenant des partitions musicales au Metropolitan Museum of Art, à New York (attribué à Girolamo Mirola (Bologne, documenté, 1562-1570), plume et encre brune, lavis brun, partiellement rehaussé de gouache blanche, sur craie noire ; mis au carreau à la craie noire, 13,2 x 24,5 cm, N. 66.32, voir ci-dessous), tandis que le troisième est au Art Institute of Chicago, attribué à Mirola par le professeur David Ekserdjian dans le catalogue de 2019. La caractérisation de Mirola et Bertoja par De Grazia souligne justement la manière dont leur travail combine des influences émiliennes et romaines.
Les œuvres de Mirola sont souvent caractérisées par leur élégance maniériste. Il a adopté des proportions allongées, des poses contorsionnées, et des compositions complexes typiques du style. L'art maniériste valorisait souvent la grâce et la beauté plutôt que le réalisme équilibré de la Haute Renaissance, et Mirola l'a illustré à travers des conceptions décoratives et parfois extravagantes. Son trait de crayon est délicat, et son goût pour les détails décoratifs et les grotesques, un genre combinant des éléments humains et fantastiques, souvent visible dans des décors architecturaux et des fresques, est apparent.
Les dessins de Girolamo Mirola reflètent ses racines dans la tradition maniériste, qui a dominé une grande partie de l'art italien au milieu du XVIe siècle. Bien que Mirola soit souvent éclipsé par des noms plus grands comme Parmigianino, son style de dessin possède plusieurs caractéristiques notables qui s'inscrivent dans l'esthétique maniériste. Comme beaucoup d'artistes maniéristes, Mirola allongeait souvent ses figures. C'était un choix conscient, un départ des proportions équilibrées de la Haute Renaissance. Ses figures, en particulier dans les dessins préparatoires pour des fresques et des travaux ornementaux, avaient tendance à avoir des proportions exagérées. Notre dessin montre le même visage barbu vu de trois angles différents, créant une figure fantastique unique entourée de volutes de feuillage, avec des lignes fluides et courbées entremêlées de feuilles.
L'art maniériste visait souvent à montrer la compétence technique de l'artiste à travers des compositions complexes et des poses dynamiques. Les dessins de Mirola sont connus pour leurs lignes délicates et méticuleuses. Son contrôle du poids des lignes l'a aidé à créer des éléments détaillés et décoratifs, cruciaux pour ses conceptions ornementales. L'utilisation de lignes fines, parfois vaporeuses, lui permettait de construire progressivement des textures et des ombres, plutôt que par des contours forts et audacieux.
Notre dessin montre l'inclination de Mirola pour les conceptions ornementales complexes, qui apparaissaient souvent dans des grotesques ou des thèmes allégoriques. Les grotesques combinent des éléments humains, animaux et végétaux dans des motifs décoratifs élaborés. Ses dessins reflétaient souvent son habileté à produire ces hybrides imaginatifs, qui étaient très populaires dans l'art décoratif de la Renaissance, en particulier dans les contextes architecturaux.
Ces éléments stylistiques et thématiques confirment l'attribution de notre dessin à Mirola, dont la personnalité artistique fantasque correspond parfaitement. Bien que l'utilisation de la lumière et de l'ombre par Mirola n'ait pas été aussi révolutionnaire que celle d'artistes comme Corrège, elle était néanmoins un aspect significatif de son travail. Ses dessins présentent souvent des gradations douces de lumière et d'ombre, en particulier dans le modelage des visages humains. Il utilisait des techniques de hachures et de croisillons pour créer du volume et de la profondeur dans cette étude des trois visages barbus. Plutôt que des contrastes marqués, Mirola préférait des transitions plus subtiles entre la lumière et l'obscurité. Cette approche lui permettait d'obtenir une certaine grâce dans cette grotesque, en accord avec l'idéal maniériste de sophistication, avec une qualité douce et sculpturale.
Beaucoup de dessins de Mirola incorporent des sujets allégoriques ou mythologiques, une caractéristique typique du maniérisme. Cette grotesque est probablement engagée dans une scène véhiculant des significations cachées, possiblement influencée par le climat intellectuel de l'époque. Les artistes maniéristes aimaient tisser une iconographie complexe dans leurs œuvres, et les créations de Mirola reflétaient ce jeu intellectuel. Il a souvent contribué aux arts décoratifs. Ses dessins servaient fréquemment de croquis préparatoires pour des fresques ou des décors architecturaux, signifiant qu'ils devaient combiner des études figuratives avec des éléments ornementaux. Cette double finalité conférait à ses dessins une certaine polyvalence, car ils devaient être à la fois fonctionnels et beaux.
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Notice complète sur demande
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