Par Galerie Lamy Chabolle
Mobilier et objet d'art des XVIIIe, XIXe et XXe siècle
Écorché d’après Michel-Ange.
Bronze.
Deuxième tiers du XIXe siècle.
h. 23,5 cm.
Cet Écorché en bronze est sans doute un tirage tardif, datant probablement du deuxième tiers du XIXe siècle, d’une œuvre entourée de mystère, successivement attribuée à Michel-Ange, à Marco d'Agrate, à Vincenzo Danti, à Pierre Puget ou encore au sculpteur irlandais John Hogan.
L’extrême contorsion de cet Écorché, bien que réaliste au point de vue anatomique, fait presque songer à un bronze romantique. Sa forme est suffisamment moderne, du moins, pour avoir hanté la conscience de Van Gogh, de Cézanne et de Matisse : l'Écorché apparaît en effet dans au moins une peinture de Van Gogh, qui en possédait un tirage en plâtre, et deux peintures de Cézanne. Quant à Matisse, il apparaît non seulement dans certaines compositions, notamment dans l’Intérieur aux Aubergines de 1911, mais aussi dans une série de bronzes intitulés L’Écorché, d’après ...
... Puget.
Cette attribution à Puget date au moins du temps de Matisse, et a été souvent répétée depuis. Elle semble pourtant dénuée de tout fondement. Cet Écorché n’est mentionné dans aucun des catalogues raisonnés de Pierre Puget, pas même dans la monumentale monographie dédiée par l'historien Klaus Herding à Pierre Puget et révisée par Geneviève Bresc-Bautier. Bien plus : Herding ne mentionne certes pas cet Écorché dans les œuvres authentifiées de Puget, mais il ne le mentionne pas non plus dans la section dédiée aux attributions discutées ou refusées. Aucun document, aucune source ne permet de relier cette figure à Pierre Puget ou à ses successeurs.
L’attribution la plus solide du modèle de cet Écorché est la tradition le rattachant à Michel-Ange. Elle repose sur un ensemble de preuves : une eau-forte de Dürer datée de ca. 1516, montrant une contorsion similaire au sein d'une composition dont le modèle semble avoir été une interprétation par Dürer d’un bozzetto, jamais réalisé, de Michel-Ange. S’y ajoutent une étude, conservée au British Museum et attribuée depuis longtemps à Michel-Ange où apparaît le bras gauche de l’Écorché ; cette étude se rattache elle-même à l’un des ignudi peints par Michel-Ange à la Chapelle Sixtine, dont la position est très similaire à celle du présent Écorché.
Il est également fait mention, au catalogue d’une vente de sculptures issues de la collection Stosch à Londres en 1764, de « Mich. Angelo's celebrated Anotomical Figure on a green Jasper Plinth, this is the Original from wch all the casts in wax were taken. from the collection of Baron Stosch ». Malcolm Baker, conservateur au Victoria & Albert Museum, semble suggérer que la sculpture en cire, présente dans les collections du musée, serait cette Figure anatomique issue de la collection Stosch.
Quelques restaurations, deux accidents de fonte sous une cuisse et sous un bras.
Sources
Erica Tietze-Conrat, « A Lost Michelangelo Reconstructed », dans The Burlington Magazine, LXVIII, avril 1936 ; Charles de Tolnay, « L’Omaggio a Michelangelo di Albrecht Dürer », Accademia Nazionale dei Lincei, CCCLXIX, N° 163, 1972 ; Lawrence Price Amerson, The Problem of the Écorché : A Catalogue Raisonné of Models and Statuettes from the Sixteenth Century and Later Periods, State College, 1975 ; Marie-Christine Gloton, Klaus Herding et al., Pierre Puget. Peintre, sculpteur, architecte. 1620-1694, Marseille, 1994 ; Klaus Herding, Pierre Puget (1620-1694), Dijon, 2023.
Retrouver le mobilier ou les objets d''art similaires à « Écorché d’après Michel-Ange, deuxième tiers du XIXe siècle » présenté par Galerie Lamy Chabolle, antiquaire à Paris dans la catégorie Sculpture en Bronze Restauration - Charles X, Sculpture.