Par Schoppmann Art and Antiques
Paire de vases fuseau
Porcelaine dure peinte et rehaussée de dorure
Signé en bleu de cobalt sous couverte
Dimensions : H. 27,5 (cm.)
Paris, vers 1820
Rare paire de vases, de forme fuseau, reposant sur une base quadrangulaire, les anses à l’équerre. Alternance de frises à l’or sur fond nankin pour la base, vert, violine, ainsi que d’un superbe décor historié à la manière troubadour dans un encadrement de modénature gothique comprenant rosaces et ogives.
A notre connaissance, tant la forme que le modèle sont des cas à part dans les productions de la manufacture parisienne de Dihl et Guérhard. En effet, la mode troubadour ne semble connaître qu’un timide engouement de la part des grandes manufactures de porcelaine vers 1820. Les pièces de tables reprennent ainsi très rarement ce type de décor, citons cependant quelques assiettes ou tasses notamment de la manufacture de Sèvres, ou impériale de Saint-Petersbourg qui remplace les ornements traditionnels ...
... par ce nouveau répertoire.
Il semblerait que le gothic revival soit plus fréquent sur des objets du quotidien : tisanières, photophores, encriers, pendules, en témoignent les modèles de veilleuses de Dagoty ou Nast, les spectaculaires pendules de Dagoty et Honoré en forme de cathédrale polychromes ainsi qu’un vase forme “Jasmin-Percier” aujourd’hui au Petit Palais et exécuté en 1822 à la Manufacture Royale de Sèvres, peint par Vigné et doré par Sorel [inv. ODUT 1930] qui comporte un décor analogue de personnages séparés par des arcatures .
Dihl et Guérhard
En 1781, Christophe Dihl et les époux Antoine Guérhard créent, sous le patronage du duc d’Angoulême, âgé de 6 ans seulement, une manufacture de porcelaine dure, rue de Bondi à Paris. Dihl apporta son génie créateur de sculpteur et une grande quantité de moules, les Guérhard amenèrent les fonds. En 1785, il y avait déjà 12 sculpteurs et 30 peintres, et surtout un carnet de commandes rempli. En 1787, un arrêt émancipa la manufacture qui, de mémoire de contemporain, égalait la manufacture de Sèvres et que l’on ne voulait pas voir disparaître ! Mme Guérhard envoya même et très diplomatiquement, un ouvrier enfourneur à Sèvres pour y modifier le nouveau four. En 1789, la manufacture déménage rue du Temple. Cette année-là, Gouverneur Morris, représentant des Etats-Unis à Paris, acheta des porcelaines pour George Washington. En 1793, la manufacture compte 500 ouvriers. M. Guérhard meurt. En 1797, Mme Guérhard et M. Dihl se marient. Terres de qualité, four à la pointe, couleurs, formes, sculptures (Lemire) et peintures (Le Guay) de toutes beautés, la manufacture demeure une référence. La marque « M[anufactu]re de Mgr/ le duc d'Angoulême/ à Paris » sera utilisée jusqu’à la Révolution française. Ensuite, seront utilisés les noms de Dihl et/ou Guérhard. L’époque impériale marqua l’apogée de la manufacture. Toutefois, après avoir triomphé lors de l’exposition des produits de l’industrie française en 1806, la manufacture connut une baisse de son activité à partir de 1810, même si l’impératrice Joséphine lui commanda en 1811-1813 un prestigieux service. L’entreprise est dissoute en 1828 et Dihl meurt en 1830.
Rapport de condition :
Excellent état, très infimes usures
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