Cupidon fabriquant son arc, école italienne du 18e siècle

... complexe et la manière dont elle est représentée ont fait de ce tableau un exemple extraordinaire de l'ingéniosité et du raffinement de l'artiste. En effet, ses contemporains ont reconnu la beauté du style et le raffinement des lignes qui caractérisent ses œuvres.

Pour ces raisons, l'œuvre a joui d'une grande popularité et a exercé une influence profonde et durable, comme en témoigne le fait qu'au fil des ans, elle a été copiée et prise comme modèle par de nombreux artistes. On dénombre plus de 50 copies, dont les plus illustres sont celle de Joseph Heintz l'Ancien et celle de Rubens de 1614, conservée à l'Alte Pinakothek de Munich [1].

Le tableau représente le jeune Cupidon qui, occupant toute la scène, grand et étroit pour encadrer parfaitement son corps statuaire, s'applique à fabriquer l'arc avec lequel il lance ses flèches d'amour.

Il n'est pas représenté comme un enfant mais comme un adolescent, un aspect qui a été délibérément voulu pour donner un caractère plus sensuel à la composition : la figure conçue par Parmigianino a certainement été inspirée par les anciennes sculptures hellénistiques représentant le jeune homme.

Cupidon se retourne et regarde le spectateur avec séduction, en pointant irrespectueusement sa jambe gauche vers deux livres qui soutiennent l'arc, symbolisant le triomphe de l'amour et du désir sur la raison et la connaissance.

Dans la partie inférieure du tableau, l'attention est attirée par les deux putti que l'on aperçoit entre les jambes de Cupidon, enlacés. Le petit garçon, qui est ailé, lance un regard de complicité malicieuse au spectateur, serre avec force la petite fille, qui tente de se rebeller dans une grimace de rage, et lui saisit le poignet droit comme pour lui ordonner de toucher Cupidon, c'est-à-dire de se soumettre à l'Amour.

Les deux enfants sont identifiés comme les pièges de l'amour non partagé, que Cupidon lui-même apaisera bientôt par une de ses flèches. Diverses hypothèses d'interprétation ont été formulées sur le couple de cupidons : Anteros et Liseros (respectivement l'impulsion masculine qui donne de la force à l'amour et le principe féminin qui en contrecarre la véhémence), ou encore l'Amour sacré et l'Amour profane.

Les caractéristiques de la facture picturale suggèrent une datation entre le XVIIe et le XVIIIe siècle et l'auteur est certainement à rechercher parmi les différents suiveurs qui, prenant le maître parmesan comme exemple de style, ont reproduit des modèles très réussis et étaient donc très demandés par les prestigieux mécènes de l'époque.

[1]
- Joseph Heintz l'Ancien
Amore fabbrica l'arco (de Parmigianino)
Collection Franco Maria Ricci
- Pierre Paul Rubens
Cupidon taillant l'arc, 1614
Alte Pinakothek Munich,