Par Antiquités Rigot et Fils
Mobilier de qualité patrimoniale d'époque XVIIIe début XIXe siècle
Remarquable commode en placage de bois indigènes et teintés
Bronzes au « R » Couronné
Lyon, circa 1740
Note commode est un exemplaire des belles et très rares commodes présentées quelque fois aux amateurs et collectionneurs de la région Rhône-Alpes et plus précisément de Lyon.
L’origine de leur provenance, encore trop méconnue, ne donne qu’une attribution incertaine à cet atelier : Grenoble, Hache, la Suisse, l’Est de la France, ou encore le Lyonnais.
Il nous semble intéressant de caractériser cette approche, non pas par une analyse technique ou artistique de ces pièces, mais par des remarques logiques, en regard des particularismes de la production de ces diverses régions.
SITUATION GEOGRAPHIQUE :
Être tenté de voir une similitude avec la production de Pierre Hache ?
Non, car il s’agit de deux entités d’un esprit créatif esthétique fondamentalement différent.
- Différences dans l’application de leur savoir-faire :
- Hache ...
... :
Il n’inscrivait pas de rose des vents au décor du plateau des commodes.
- Jamais de poignées pendantes lyonnaises chez Hache.
- La vivacité, l’enjouement des couleurs sont absents chez Pierre Hache.
- L’ébéniste de notre commode :
Il a créé une dynamique structurelle et décorative que l’on ne retrouve pas à Grenoble pour cette époque.
- Il est reconnu pour une utilisation d’un bois unique pour l’ensemble de la structure et les tiroirs de ses commodes : le sapin
- Les cœurs piriformes en écoinçons du plateau sont significatifs de son art.
- La présence du « R » couronné frappé sur certains bronzes ne semble pas avoir été signalée chez Pierre Hache
Malgré la parfaite bienfacture égalée des travaux des deux ateliers, «l’esprit », « la main », sont absolument différents mais complémentaires pour leur créativité. Ils ennoblissent l’ébénisterie régionale du XVIII° siècle.
En conclusion :
- Un travail étranger est écarté :
Les techniques de construction sont purement françaises.
La Suisse ? non, pour ses formes confuses et pour ses proportions d’esprit germanique ainsi que pour la section des bois. Ne pas confondre avec le XVIII° français.
- Un travail assimilé aux ateliers des Hache :
Il est également écarté comme nous l’avons vu.
- Seul un travail régional lyonnais ou de sa zone d’influence est / nord-est nous semble le plus défendable et le plus crédible
Les mains pendantes de notre commode sont lyonnaises et bien d’origine, circa 1740.
Ces commodes ont été commercialisées principalement à Lyon ou sa région.
SA CONSTRUCTION :
En faux tombeau, notre commode est galbée sur les trois faces. Les larges et très intéressants montants antérieurs sont pincés. Elle ouvre par trois tiroirs de long séparés par des traverses apparentes foncées de gorges de laiton.
Le fond des tiroirs en feuillures avant et arrière, les côtés pointés à plat joints.
Les panneaux de séparation (cache-poussières) sont complets.
Le plateau est collé à plat joint.
Les fonds arrière sont montés à panneaux, soit deux traverses, deux montants, trois panneaux avec assemblage à tenons et mortaises.
Sa structure présente le montage classique de l’ébénisterie française du XVIII° siècle.
Une construction très soignée à l’instar des travaux des Hache à Grenoble.
- Le plateau est ceint de sa lingotière moulurée en fondu et brasé
- Les poignées tombantes de tirage sont « aux valets »
- Les larges entrées de serrures sont « aux sphinges »
- Les chutes, très particulières sont récurrentes, elles sont « la signature » de la production de ce maître. Nous les retrouvons sur les modèles illustrant les recherches de Monsieur Bernard DELOCHE sur l’atelier de ce maître ébéniste novateur encore trop méconnu. (Bernard DELOCHE, Jean-Yves MORNAND, in L’Ebénisterie provinciale en France au XVIII° siècle, Editions Faton, p.107 à 111)
Structure :
- Monobois : sapin pour toute la structure et les tiroirs
Le placage :
- bois de noyer
- de frêne naturel
- de prunier
- de filets d’ébène
- de sycomore (érable)
- filets de buis
ORGANISATION DU DECOR :
- Les larges montants antérieurs pincés. D’une parfaite et majestueuse sinuosité. Ils sont parés d’une remarquable chute en bronze doré aux motifs feuillagés alternés par des baguettes moulurées et terminées par un très intéressant sabot en bronze ajouré à base géométrique accusant la force marquée de l’assise.
Le visuel de ces importants montants est allégé par le décor « en trompe l’œil » du placage flabelliforme.
Ils répondent à l’horizontalité de la façade contrainte par cette liberté du décor vertical.
- Les côtés présentent un large quadrilobe oblong en noyer avec entourages inscrits dans un rectangle en loupe de frêne teinté vert, plates-bandes de prunier, frêne naturel sur fond de noyer à tonalité alternée très marquée.
En façade, emploi des mêmes essences et même disposition dans des réserves rectangulaires.
Le plateau retrouve également ce décor dédié avec un large quadrilobe central oblong marqueté d’une importante rose des vents, contraint de part et d’autre d’un autre quadrilobe.
Notons la présence de cœurs piriformes en frêne teinté vert : une autre signature de cet atelier.
A noter également, les précieux doubles filets de buis et d’ébène qui accompagnent chaque décor.
LE STYLE :
Pour définir précisément le style de notre commode, on peut dire qu’il représente « la transition » des styles Régence et Louis XV. Dans le temps, il faut tenir compte du décalage Paris / Province. Pierre Hache ne semble pas avoir réalisé ce trait d’union. Les commodes Régence 1730 – 1740 sont droites et sauteuses (peu d’exceptions). Les commodes Louis XV sont pincées et galbées 1750 – 1760.
Une subdivision peut être laborieuse et malaisée. Elle ne pourrait et ne serait bien sur jamais être étudiée. Mais elle peut être expressive comme nous l’avons vu sur les travaux de recherche de certains maîtres ébénistes provinciaux.
Par la hardiesse, la force, conjuguées à l’équilibre des volumes et l’harmonie des décors, ce maître a su imposer la marque de sa créativité. Celle-ci est immédiatement reconnue par l’amateur. On peut dire aussi que contrairement à l’abondante et longue production de la dynastie des Hache, celle de cet atelier actif à la fin de la première moitié du XVIII° siècle semble s’être attaché à un style plus univoque régit par le temps restreint de son activité : soit environ une décennie.
LE « R » COURONNE : Généralités
Ne pas confondre avec le « C » couronné qui correspondait à un impôt perçu entre 1745 – 1749 sur les « objets cuivreux ». Le « R » couronné se rencontre sur les pièces de style Louis XIV ou Régence. L’usage du « R » est donc antérieur à celui du « C ».
- En général, le poinçon est insculpé bien en vue sur la pièce.
- Ce poinçon n’aurait pas fait l’objet de la perception d’un impôt.
- Son usage était réservé aux provinces.
Le « R » couronné a été frappé sur des pièces d’usage, des pièces liturgiques, des bougeoirs, des bras de lumière, etc…ainsi que sur quelques beaux bronzes tels que nos poignées de c
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