Par Galerie Philippe Guegan
Rare chaise ponteuse a l’étrusque par Georges Jacob
Acajou massif. Non signée
Époque Louis XVI, Paris vers 1785
Garniture de gourgouran de soie vert
"Voyeuse pour s’assoir à cheval” en acajou d’époque Louis XVI. L’assise parfaitement ronde repose sur deux pieds avant cannelés et des pieds arrière en sabre, tandis que le dossier ajouré à grille est surmonté d’une manchette d’accoudoir. Les montants arrière sont réunis par une balustre tournée.
Ce siège se signale par le dessin très innovant de son dossier, dont les motifs de croisillons ajourés en acajou imitent le sanglage dont étaient pourvus les sièges antiques. Ce motif très particulier qui apparait dans le mobilier parisien au milieu des années 1780, est qualifié à l’époque de « forme nouvelle du genre étrusque ».
Inspirées par les découvertes des sites de Pompéi et d’Herculanum, notamment grâce aux publications effectuées par l’abbé de Saint-Non à la suite de son ...
... Grand Tour dans Description des royaumes de Naples et de Sicile publié à Paris en 1782, ces formes antiques sont transposées dans les arts décoratifs parisiens sous l’impulsion de peintres et d’ornemanistes comme Hubert Robert, Jacques Louis David ou Jean Démosthène Dugourc, par le génial et talentueux Georges Jacob . L’exemple le plus fameux est sans conteste, le mobilier à l’étrusque livré pour la laiterie de la reine à Rambouillet en 1787, dont les dossiers présentent les mêmes motifs ajourés. Commandé par le comte d’Angivillier à Georges Jacob sur des dessins d’Hubert Robert, il est un des rares exemples de mobilier d’avant-garde livré jamais livré pour la Couronne, dont les goûts furent toujours très conservateurs.
Notre siège se distingue également par l’emploi de l’acajou, qui est une nouveauté qui apparait en France à la fin des années 1770, grâce à l’anglomanie dont se piquent les élites parisiennes. Comme l’organisation des corporations réservait l’emploi des bois exotique aux ébénistes, les premiers sièges en acajou sont curieusement réalisés non pas par des menuisiers en siège, dont c’est l’activité traditionnelle, mais par des ébénistes comme Pierre Garnier, Jean François Leleu, Jacques-Laurent Cosson, Louis Moreau ou Joseph Stockel.
Georges Jacob, qui dirige l’un des principaux ateliers de menuiserie de la capitale, pu s’affranchir, de cette organisation très stricte des corporations, sans doute grâce aux positions éminentes de ses commanditaires, que ce soit la Garde Meuble de la Couronne ou de la reine, ou le duc de Penthièvre. Il fut le premier menuisier à la fin du règne de Louis XVI à réaliser des sièges d’acajou, qui se signalent à l’époque par l’emploi de l’acajou massif. La postérité et le succès de ces sièges d’acajou pendant tout le siècle suivant, fait parfois oublier qu’ils furent à la fin de l’Ancien Régime des raretés qui étaient l’apanage d’une petite élite avide de nouveauté.
Enfin ce siège se caractérise par son usage bien particulier : le jeu. Le XVIIIe siècle vit le développement de sièges spécifiques à chaque activité domestique et les “chaises en voyeuses“ témoignent de l’engouement de la société d’Ancien Régime pour le jeu, notamment les jeux d’argent. « Passion avide dont l’habitude est ruineuse » selon Buffon, et qui sera à son comble à la fin du XVIIIe siècle ou l’on joue gros. Ces voyeuses à califourchon ou ponteuses se plaçaient dans les salons de jeux (le terme ponter signifie miser), et permettaient aux joueurs masculins de soutenir de longues parties de lansquenet, de tric trac, d’échec, de quadrille ou de piquet, assis à califourchon, le buste appuyé sur le dossier ; ou à des membres de l’assemblée de suivre les parties qui se déroulaient aux tables, debout derrière un joueur en prenant appui sur l’accoudoir. Parce qu’il n’était pas admis que les femmes puissent se tenir à califourchon, un second type de chaises de jeu vit également le jour : les voyeuses à genoux, dont la forme ressemble aux prie-Dieu
Notre modèle, quoique non signé, peut être attribué avec certitude à Georges Jacob par comparaison avec d’autres très rares exemplaires connus de ce modèle de chaise, dont une paire de chaises ponteuses en acajou estampillées G.IACOB, présentant un dossier identique, vendues à l’hôtel Drouot en 2016 (Ader, 16 décembre 2016, lot n°303). Les chaises vendues chez Ader, ne différaient de la nôtre, que par la forme de l’assise qui présentait une ceinture avant droite. Ici le dossier à lacets ajourés, très original, est associé à une assise parfaitement ronde, qui est une autre signature de Georges Jacob, dans la construction de ses chaises ponteuses, à l’image de la chaise ponteuse à dossier lyre de l’ancienne collection Perrin, reproduite dans le Kjellberg page 462, figure C, ou de la chaise ponteuse de l'ancienne collection Remy reproduite dans le Siège Francais de Madeleine Jarry fig. 225.
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