Par Galerie Gabrielle Laroche
Provenance
- Ancienne collection Suisse des STAEHELIN-PARAVICINI - Vente aux enchères mars 1939, à leur domicile Domprobstey 7 St. Albangraben, Bâle
- Vente Jacob Hecht -18 Avril 1929, Berlin
- Sammlung Prof Q.A. LEIMHAAS Munich, Helbing - 26 Mai 1908
(Recherches de Mr Thierry Fraslin)
Dès le Moyen-Age, Saint Florian fit l’objet d’un important culte populaire en Autriche, notamment dans le Tyrol, mais également en Bavière et en Bohême.
Symbole de courage et de détermination, il était invoqué pour protéger les âmes des vivants contre les péchés, et celles des morts contre les affres du purgatoire.
À partir du milieu du XVe siècle, il protège des dangers de l’eau et du feu. On racontait alors qu’il avait, dans son jeune âge, circonscrit l’incendie d’une église, à l’aide d’une simple cruche d’eau et sauvé des flammes un charbonnier tombé dans une meule enflammée.
Cette évolution du culte de Saint Florian fut également sensible ...
... dans les arts. S’il fut longtemps représenté en vainqueur de la mort, couvert de son armure, l’épée au poing, dès le milieu du XVe siècle, toujours revêtu d’une armure, il arrose une maison en flammes, grâce à une cruche ou un seau.
C’est à ce second type iconographique qu’appartient ce beau saint Florian. D’un canon relativement allongé, il est façonné dans une bille de tilleul monoxyle. Florian est représenté en demi ronde bosse, le dos étant largement évidé. La très belle polychromie d’origine est particulièrement bien conservée.
Le Saint légionnaire, debout, tenait autrefois un baquet d’eau, aujourd’hui disparu, avec lequel il arrosait une maison fortifiée dévorée par les flammes, posées à ses pieds. Dans sa main gauche, il tient sa lance, fichée au sol. Le visage imberbe du jeune Saint est encadré d’une chevelure bouclée tombant sur ses épaules.
Sous son manteau doré à revers rouge, posé sur ses épaules, il porte une armure dont on distingue le plastron sur lequel sont fixées les spalières grâce à des rondelles et les lames de la braconnière. Sa jambe droite laissée visible est couverte de la grève qui couvre son tibia et le soleret qui protège son pied.
Le visage de Saint Florian légèrement incliné sur la gauche est marqué par des traits fins et délicats. Ses deux yeux aux paupières à demi-closes apparaissent sous des arcades sourcilières esquissées d’un simple trait noir à la courbe bien dessinée. Légèrement tombants, ils semblent indiquer une forme de résignation ou de profonde mélancolie. Cet air soucieux est renforcé par la forme de sa bouche étroite, aux lèvres menues.
Au visage réservé et à l’expression intériorisée du Saint s’oppose le travail très élégant du drapé du manteau. Ce dernier se soulève pour laisser entrevoir son revers, niant ainsi la réalité matérielle de l’étoffe. Ce mouvement léger qui agite le manteau donne à la sculpture un certain élan vital.
Cette sculpture s’apparente tant par son iconographie, que par son style à la production des ateliers d’Allemagne du Sud de la fin du XVe siècle. En effet, des années 1475 à 1530 environ, la sculpture d’Allemagne du Sud jouit d’une grande créativité, devenant un centre de production particulièrement dynamique. Cet art souvent qualifié de « gothique tardif » se caractérise alors par la douceur, la sensibilité pleine de réserve de ces figures, l’importance du détail et le travail virtuose des drapés.
La production était dominée par la sculpture sur bois. Le tilleul distingue la production de cette région. Ce bois tendre et léger, laissait au tailleur d’image une grande liberté et permettait un rendu fin et un beau poli. Généralement taillée dans un seul bloc de bois, la sculpture est travaillée horizontalement, placée sur un grand tour de manière à ce que le sculpteur puisse la faire pivoter à son gré. Une marque de fixation est ainsi visible sur le haut du crane de Saint Florian. Certains éléments plus complexes ou difficiles d’accès étaient quand à eux travaillés séparément avant d’être assemblé à la sculpture, ce qui fut sans doute le cas du seau de notre Saint Florian, aujourd’hui perdu. Les imagiers devaient en outre prendre soin de retirer le cœur de la bille de bois afin de préserver la sculpture des craquelures qui pouvaient apparaître au cours du séchage du bois. Cela permettait également de réduire le volume et le poids total de la sculpture.
Comme l’illustre la sculpture de Saint Florian, la polychromie tenait une place primordiale et n’était jamais négligée. L’usage de la dorure, typique de la fin du Moyen-âge, concourt à la richesse de ces sculptures. La polychromie confère à Saint Florian une réalité tangible grâce au rendu des matières tout en rappelant son caractère sacré, au travers de la préciosité des matériaux et de la brillance de l’or.
Les détails du costume sont caractéristiques du réalisme des artistes de cette région dans les dernières décennies du XVe siècle, portant ainsi l’empreinte de l’art d’Hans Multscher, qui oeuvra à Ulm dans entre les années 1430-1467. Son atelier florissant ne manqua pas de marquer durablement les générations qui lui succédèrent à travers toute l’Allemagne Souabe.
Le costume du martyr permet de confirmer sa datation. L’armure qu’il porte est relativement proche de celle de l’archiduc Sigmund de Tyrol exposée au Kunsthistorisches Museum de Vienne et datée de 1484. Dès le début du XVIe siècle, le style des armures évolue.
Ainsi, ce Saint Florian apparaît comme une très belle réalisation d’un atelier d’Allemagne du Sud, de la fin du XVe siècle.
Hagiographie de Saint Florian
Si l’on s’en réfère au récit de la Passion de Saint Florian, ce dernier aurait subi son martyr en l’an 304. Cette année fut marquée par les persécutions menées par l’empereur romain Dioclétien à l’encontre des soldats ayant embrassé la foi chrétienne.
Apprenant l’emprisonnement de quarante Chrétiens à Lauriacum (Lorch, en Autriche), Saint Florian, ancien légionnaire romain se présenta devant le préfet Aquilinus. Ne cédant ni à la violence, ni à la colère de ce dernier, Saint Florian ne renia pas sa foi et refusa de sacrifier aux dieux. Aquilinus ordonna alors qu’il fut précipité dans les eaux de l’Enns, une meule de pierre au cou. Quelques temps plus tard, la dépouille mortelle du pauvre Saint échoua sur les rochers. Elle fut alors veillée par un aigle avant qu’une pieuse veuve du nom de Valérie ne lui offre secrètement une sépulture plus digne.
Sur l’emplacement présumé de sa tombe fut édifiée en 1071 un couvent augustinien – aujourd’hui dans la ville de Sankt Florian à 13 kilomètres de Linz –reconstruit plusieurs fois au cours des siècles. Dans la crypte de l’église abbatiale est actuellement conservé une meule de pierre qui aurait servi au martyr de saint Florian. Il s’y développa rapidement un pèlerinage.
La dispersion des reliques du Saint en Italie, ou encore en Pologne (dont il est l’un des patrons) permit à son culte de dépasser les frontières de l’Autriche. Toutefois, c’est bien en Autriche et dans le sud
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