Balthasar Van Den Bossche (1681 -1715), Alexandre le Grand et Campaspe dans l'atelier du peintre Apelles

... marchand d'art. Sa combinaison de l'élégance du style français et des caractères flamands lui valut un énorme succès auprès des collectionneurs parisiens.

Le succès de collection de ses créations est remarquable et lui vaut le patronage de personnalités importantes telles que le duc de Marlborough, son fervent mécène. Il termine sa carrière dans sa ville natale, avec un atelier florissant, spécialisé dans la peinture d'intérieurs d'ateliers et de galeries d'art.

Notre belle toile, vraisemblablement exécutée au début du siècle, est un bel exemple de sa production, riche en détails et d'un grand charme.

Elle représente un épisode relaté par Pline l'Ancien dans son ouvrage Naturalis Historia (Livre xxxv, 85-87), écrit en 77 après J.-C., dans lequel il est raconté que l'illustre peintre Apelles, grâce à ses immenses talents artistiques, devint le favori d'Alexandre le Grand, qui l'appela pour peindre le portrait de Campaspe, la préférée de ses concubines ;

Pendant l'exécution de l'œuvre, le peintre tomba éperdument amoureux de la jeune femme, qui lui fut donc offerte par le souverain en guise de remerciement pour ses services. L'anecdote d'Apelles et Campaspe est souvent citée et illustrée car elle montre la haute estime d'un souverain pour son peintre de cour, dont les capacités artistiques sont très appréciées et qui, de ce fait, occupe une place importante dans la société.

Dès le XVIe siècle, ce sujet figurait habituellement parmi les "exempla virtutis" des décorations de fête, car l'acte d'offrir le jeune Campaspe à Apelles était considéré comme un exemple de la magnanimité d'Alexandre le Grand et reflétait donc les qualités morales du mécène, qui, ainsi comparé au valeureux chef, acquérait implicitement ses dons ;

Entrons maintenant dans les détails de la composition, qui voit le peintre, assis devant son chevalet, observer la beauté de la jeune femme qui pose puis dessine ses traits, et à ses côtés Alexandre, en habits Renaissance rouge vif, qui regarde d'un œil critique le tableau à achever.

La scène est animée par un petit Cupidon, caché derrière le chevalet, qui s'apprête à lancer sa flèche d'amour vers le peintre.

Dans la partie centrale, le peintre a inséré deux animaux, particuliers pour leurs significations allégoriques et rappelant les deux protagonistes masculins de la toile : un singe, attaché par une boule de fer, incarnant les instincts charnels et la luxure, avec un chien à ses côtés, faisant plutôt allusion à la loyauté et à l'amitié profonde.

En toile de fond, on ne peut qu'être frappé par le décor du grand atelier de l'artiste, riche de détails tels que les sculptures classiques, les nombreuses peintures déjà achevées et la nature morte aux objets précieux près de la jeune femme allongée.

La particularité de ce type d'œuvre, typique de l'ancienne tradition flamande, est précisément la précision et la richesse des détails avec lesquels le peintre enrichit ses décors, destinés à de riches mécènes. Dans ces compositions, le goût pour la représentation d'environnements opulents apparaît, faisant allusion à la supériorité sociale mais surtout à la culture et à la passion pour l'art des riches mécènes.

Le tableau est en excellent état de conservation et est accompagné d'un cadre antique doré.