Par Galerie Lamy Chabolle
Mobilier et objet d'art des XVIIIe, XIXe et XXe siècle
Paire de gouaches représentant Apollon et Uranie par Michelangelo Maestri.
Gouache.
Italie.
ca. 1789-1812.
h. 64 cm ; l. 54 cm.
Cette paire de gouaches fait partie du cycle de réinterprétations que le peintre romain Michelangelo Maestri a faites de figures et de motifs tirés de l’histoire de la peinture romaine, antique et moderne.
Il s’agit ici d’un cycle de peintures découvert en 1755 dans la fameuse praedia de Julia Felix à Pompéi, cycle où figure Apollon citharède, et après lui huit des neuf muses. Bien que découvertes à Pompéi, ces figures ont un été temps considérées comme originaires d’Herculanum, et c’est en tant qu’antiquités d’Herculanum qu’elles figurent au second tome du recueil éponyme gravé par Tommaso Piroli, où il est dit, erronément, qu'elles ont été trouvées pendant les fouilles de Resina. Dans ce recueil, Apollon est ainsi décrit : « Toute son attitude caractérise le repos, surtout ce bras replié sur sa tête, ...
... ainsi qu’on le voit dans plusieurs monuments antiques, sa main droite repose sur une lyre à onze cordes; une longue draperie retombe avec négligence de son épaule, glisse le long de son corps, et, laissant à nu toute la partie supérieure, vient se rassembler sur ses cuisses. Le Dieu est couronné de lauriers, et près de lui s’élève un rameau de cet arbre qu’il chérit. Ce rameau rappelle l’usage des chanteurs qui tenaient à la main une branche de laurier quand ils ne s’accompagnaient pas sur la lyre, de là l’expression proverbiale chez les Grecs, chanter au laurier, etc. » Quant à Uranie, la dernière des Muses, il est dit : « Le globe qu’elle tient d’une main et le radius avec laquelle elle semble l’indiquer, sont des attributs qui se retrouvent dans tous les monuments où cette Muse est représentée. Ces symboles si connus ont sans doute paru suffisants au peintre pour le dispenser de donner une inscription à sa figure. Uranie est vêtue d’une tunique jaune, à manches courtes, et d’un manteau bleu ; ses cheveux sont arrangés avec soin ; elle porte des bracelets. Comme Clio, elle est assise sur un hémicycle, etc. »
Contrairement à ce que croit savoir Piroli, ces deux fragments ont été découverts à Pompéi, le 20 juillet 1755, dans la salle 97 de la praedia de Julia Felix avant d’entrer au musée de Portici. Ils passent ensuite de main en main : celle du roi de Naples Ferdinand IV en 1802 puis celles de Joséphine à Malmaison en 1803. Ils sont rachetés en 1825 par Charles X à Edmé-Antoine Durand, qui les avait acquis à la Restauration. Charles X les fait alors entrer au Louvre.
Il est possible que Maestri n’ait connu ces figures que par l’intermédiaire de gravures ; il est en tout cas probable que Maestri n’en ait pas connu les véritables couleurs. Les fragments originaux sont sur un fond ocre, caractéristique de la peinture pompéienne du quatrième style, et non pas sur l’élégant fond noir préféré par Maestri, probablement inspiré par les figures d’inspiration pompéienne peintes par les élèves de Raphaël à la Villa Lante. Les formes aussi, les proportions des corps et plus encore les traits du visage, sont, comme souvent à l’époque néoclassique, largement idéalisées. La touche de Maestri, comme toujours, est remarquable de finesse, surtout dans les modelés et les ombres.
Ces deux gouaches, correspondant à la première et à la dernière figures du cycle de la praedia de Julia Félix, sont vendues avec un passe-partout moderne, peint à la main au modèle des arts décoratifs romains contemporains de Maestri, et sont assortis de cadres sobres en bois noirci.
Sources
Tommaso Piroli, Le Antichità di Ercolano, t. II, Rome, 1789 ; Roger Ling, Roman Painting, Cambridge, 1991 ; Eye of Joséphine. The Antiquities Collection of the Empress in the Musée du Louvre, cat. ex., Atlanta, 2008.