Anacréon réchauffant l'Amour - François Lucas (1736-1813)

... réputé de son époque. Il se forme d'abord auprès de son père Pierre Lucas (1692-1752), lui-même sculpteur, avant de devenir élève de l'Académie royale de Toulouse, sa ville natale, où il reçoit le premier prix de sculpture en 1761 pour un bas-relief. Il devient professeur à l'Académie trois ans plus tard, la pédagogie et la formation des jeunes artistes restant très importantes pour le sculpteur qui est l'une des figures fondatrices du Musée des Beaux-Arts de Toulouse, aujourd'hui Musée des Augustins. Il compte parmi ses élèves Bernard Lange et Jean-Pierre Vigan ainsi qu'Ingres en 1796.

Lucas était notamment convaincu de l'importance des modèles antiques pour la formation des futurs sculpteurs. Il se rendit en Italie à deux reprises, une fois en 1766 et l'autre 1773-74, où il commença sa collection d'antiquités, parmi lesquelles une importante collection numismatique, qui jouit à l'époque d'une certaine notoriété. D'Italie, il rapporte divers dessins d'après des modèles antiques ainsi que des objets en marbre.

Bien que préoccupé par les sujets mythologiques, dont le médaillon est un exemple, il a travaillé sur une gamme de sujets allant du religieux au funéraire, et sur des portraits sous forme de bustes ou de bas-reliefs, dans une série de matériaux en vogue à l'époque, y compris la terre cuite et la pierre. Toutefois, selon ses propres termes, il est le premier sculpteur toulousain à avoir été aussi prolifique dans la production de sculptures en marbre. La plupart de ses œuvres célèbres sont des sculptures monumentales publiques commandées par la ville de Toulouse, comme le bas-relief en marbre de Carrare représentant diverses figures allégoriques, y compris la personnification de l'Occitanie et de la Garonne, qui ornent encore aujourd'hui les Ponts-Jumeaux.

Ce bas-relief représente un sujet tiré de la poésie d'Anacréon, traduit sur marbre par François Lucas. Anacréon (v. 573- v. 495 av. J.-C.) était un poète lyrique ionien dont les odes portaient souvent sur l'amour et l'ivresse, admettant sciemment dans sa première ode que, malgré son désir de célébrer des récits mythiques épiques, sa lyre ne résonnerait qu'avec l'Amour. La composition du médaillon s'inspire de la troisième ode du poète, identifiée par la présence d'une lyre et de cruches, dans laquelle il reçoit une visite nocturne de Cupidon, mouillé et transi de froid par un orage. Après l'avoir recueilli, Anacréon ammène Cupidon vers le foyer où il lui réchauffe ses mains dans les siennes, point central de la sculpture de Lucas puisque c'est précisément ce geste qui est mis en valeur, les mains étant le point le plus proéminent du relief. Par la suite, Cupidon tend son arche pour évaluer si elle a été endommagée par la tempête, transperçant ainsi le cœur d'Anacréon d'une flèche.

Liste de références

Bonnin-Flint Brigitte. Un inventaire des œuvres en marbre du sculpteur toulousain François Lucas (1736-1813). In: Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, Tome 106, N°205, 1994. Du commerce : l'urbanisme : Toulouse, XIIe-XIXe siècles. pp. 73-78.

Cent ans de sculpture (1750-1850): la collection du Musée des Augustins. Toulouse: Musée des Augustins, 2002.

L’œuvre toulousaine et régionale du sculpteur François Lucas, 1736-1813?: [Exhibition] Toulouse, Musée des Augustins, juillet-septembre 1958. Toulouse: Musée des Augustins, 1958.

‘Catalogue des ouvrages exposés au Salon de l’Hôtel de Ville par l’Académie Royale de Peinture, Sculpture et Architecture, le 19 Mai 1784.’ In Les expositions de l’Académie royale de Toulouse de 1751 à 1791. Edited by Robert Mesuret. Toulouse: Espic, 1972.