Par Galerie Thierry Matranga
Tableaux anciens, dessins, sculptures, objets religieux
Plume et gouache sur papier beige. Ancienne collection Dubini Hoepli.
La gravure de Charles Audran (1594 – 1674) d’après l’œuvre de Pierre de Cortone (1596 – 1669) donne de précieuses indications sur le dessin présenté par la galerie. Le British Muséum à Londres et la Biblioteca Casanatense de Rome en conservent un exemplaire. Si la datation de la gravure est incertaine (entre 1623 et 1640), l’on sait qu’Audran est particulièrement actif à Rome entre 1630 et 1633. Quant à notre artiste, lui aussi du XVIIe siècle, notons qu’il s’affranchit quelque peu de la peinture originale : en effet, l’amour sur le piédestal à droite tient un large chapeau de cardinal, charge qu’occupe le commanditaire, en lieu et place des armes de la famille Barberini.
Cette composition qui revêt un caractère symbolique est rattachée à l’Accademia Parthenia créée pour le culte de la Vierge au sein du Collège romain des jésuites sous le patronage de la famille ...
... Barberini. Parmi les institutions de la Renaissance, les jésuites ont, dans un but pédagogique, fortement propagé la formule de l’Académie, lieu de rencontre, d’échanges des élites sur les Lettres ou les thèmes scientifiques.
Au centre de la scène, une femme actionnant une boussole se tient agenouillée devant une carte maritime. A sa gauche, le personnage couronné de fleurs lui tend un feuillage tressé. Dans le ciel, Jupiter indique une direction et ordonne à l’aigle. Le volatile tient entre ses serres une pierre magnétique appelée Arcadis Nodis (littéralement « nœud caché »). Ce puissant aimant attire vers lui les anneaux métalliques posés au sol. Sur la gauche, un navire accoste, un homme attache les voiles et une femme saute sur une barque. En arrière-plan, se dessinent les contours d’une ville portuaire aux monuments imposants et de nombreuses voiles viennent ponctuer l’horizon.
Si les références mythologiques - Jupiter et ses attributs : le foudre dans la main gauche et l’aigle, la chèvre Amalthée assise au second plan - sont évidentes, la lecture de cette œuvre offre une interprétation d’une grande richesse qui ne saurait en rester là. Comment ne pas voir le vif intérêt de la période pour la science, la géographie, le magnétisme, les voyages et les découvertes?
C’est, en effet, une pierre aimantée qui attire les anneaux de fer constituant une chaîne tenue par une force invisible et mystérieuse. Les anneaux suspendus et la pierre placée au sommet font allusion à la force magnétique et aux pôles. L’exploration géographique quant à elle, apparaît avec la carte, la boussole, et les nombreux navires glissants sur l’horizon. Et l’on connaît le rôle des missionnaires jésuites dans l’entreprise de colonisation du nouveau monde afin d’évangéliser les populations indigènes.
Dans cette allégorie, le mouvement tourbillonnant, la mobilité de la lumière, la précision des formes et l’harmonie de la composition, témoignent de l’originalité de Pierre de Cortone mais donnent aussi à voir une œuvre singulière aux qualités indéniables.
Nous avons choisi de vous présenter notre dessin sous un verre anti-reflet et anti-UV dans un cadre en bois doré à raie de perles d’époque Louis XVI.
Dimensions : 25,5 x 36,7 cm le dessin, 52,5 x 64,5 cm avec le cadre
Pietro Berrettini dit Pierre de Cortone (Cortone 1596 - Rome 16.05.1669)
Peintre et architecte, Pierre de Cortone, est l’élève du peintre Andrea Commodi avec lequel il se rend à Rome. Là, il complète sa formation en étudiant soigneusement Raphaël et la multitude d’œuvres de grands maîtres qu’offre la cité éternelle. Ses tableaux religieux et mythologiques s’inscrivent parmi les premières expressions du style baroque. La gloire lui est acquise avec la grande décoration à fresque du palais Barberini (1633-1639), œuvre clé du baroque romain, où s’imposent la glorification de la famille Barberini et du pouvoir temporel de l’Eglise.
Il entreprend également la décoration du palais Pitti (1637-1641), les fresques de l’histoire d’Enée au palais Pamphili (1651-1654). L’œuvre de Pierre de Cortone, inspirée des Carrache, de Rubens mais aussi du Titien et des maniéristes, offre un style original et permet d’exprimer le faste et la puissance des représentants du pouvoir civil et religieux. En réalisant l’église Saint-Luc et Sainte-Martine, les façades de Sainte-Marie-de-la-Paix, de Sainte-Marie-de-la-Voie-lactée, il occupe une place de premier plan dans le développement de l’architecture baroque.
Bibliographie et références:
- Ouvrage collectif, Pietro da Cortona e il disegno, Catalogue de l´exposition de l´Accademia Nazionale de San Luca, Electa, 1997
- Lo Bianco, Anna, Pietro da Cortona 1597 – 1669, Electa, 1997
- Briganti, Giuliano, Pietro da Cortona. o da la pittura barocca, Sansoni Editore, 1982
- Biblioteca Casanatense, Rome. Réf. RML 0348863
- Databas British Museum. 1917, 1208.761
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