Par Cristina Ortega & Michel Dermigny
Arts de la Chine et du Japon
Yoshimasa Toba (????), né en 1927 à Mukojima (Tokyo), fait partie de cette génération de céramistes japonais formés après-guerre, marqués autant par la tradition que par l’irruption de l’art occidental moderne.
Diplômé en littérature japonaise à l’université Hosei en 1951, il suit en parallèle une formation artistique à Bunka Gakuen. Il construit son premier four à Bokuto en 1952, et expose dès 1954 à Shirokiya, puis à Matsuya Ginza. Après des séjours à Kyoto et Shigaraki, il s’installe en 1975 à Tomioka (préfecture de Tochigi), où il construit un four grimpant. Il y poursuit une œuvre singulière, hors des centres urbains, mêlant rigueur formelle et liberté graphique. Son travail est nourri de voyages en Corée et en Asie du Sud-Est (1972), mais aussi de son intérêt profond pour la peinture européenne moderne — notamment Matisse, dont il reprend les contours souples, les figures en arabesque, le goût du textile et des aplats ...
... décoratifs.
Toba fut un membre actif du groupe S?deisha, dont il partage les principes fondamentaux : refuser la céramique utilitaire, chercher une expression autonome de la forme, affirmer l’objet comme sculpture. Ce collectif fondé à Kyoto en 1948 marqua le basculement de la céramique japonaise vers l’abstraction et l’avant-garde.
Bien qu’il n’ait pas fait partie des cinq membres fondateurs de 1948, Yoshimasa Toba a rejoint S?deisha dans les décennies suivantes, aux côtés d’une nouvelle génération d’artistes. Dans les années 1970, il participe aux expositions annuelles du groupe S?deisha. Son nom figure ainsi parmi les membres de S?deisha ayant réalisé un ensemble de huit gobelets à saké en collaboration aux côtés de figures comme Suzuki Osamu, Kanaegae Kazutaka ou Tsuji Kanji.L’inclusion de Toba dans ce projet collectif attesté par la signature « Sodeisha » démontre son rôle actif au sein du groupe. S?deisha lui a apporté un cadre expérimental et un réseau d’artistes partageant les mêmes idéaux. À l’instar de ses confrères, Toba revendique la primauté de la forme et de la créativité personnelle sur la fonction : il explore des formes céramiques non conventionnelles, souvent abstraites, parfois proches de la sculpture contemporaine. L’influence de S?deisha est capitale dans la démarche de Toba : redéfinir la céramique comme une forme d’art à part entière.
La pièce présentée que nous présentons, un paravent en grès émaillé d’environ 30 x 39 x 10 cm, est emblématique de cette approche. Le volume plissé rappelle un paravent traditionnel, mais c’est une sculpture à part entière, creusée au centre comme un bas-relief. La figure féminine, presque esquissée, est enveloppée dans un foisonnement de motifs qui rappellent les tissus, les céramiques anciennes, mais aussi le trait et les applats de Matisse. L’œuvre joue sur le creux, l’épaisseur, la dissimulation. L’ornement devient structure. Il ne s’agit plus de contenir, mais de montrer — un corps stylisé, fragmenté, fondu dans l’abstraction décorative où l’on devine d’autres corps.
Les œuvres de Yoshimasa Toba sont rares en dehors du Japon. Quelques musées majeurs les conservent, notamment le National Crafts Museum à Kanazawa, ou le Tomo Museum à Tokyo. Certaines pièces ont été exposées lors de rerospectives liées à S?deisha comme au Musée d’ Art Moderne de Kyoto en 2023 mais son nom reste peu connu hors des cercles spécialisés, et son travail, pourtant essentiel pour comprendre l’évolution de la céramique japonaise du XXe siècle, demeure largement à redécouvrir en Occident.
Tomobako signé.
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