Par Galerie Gabrielle Laroche
Au milieu du XIIe siècle, la Vierge prend place dans les églises, siégeant en Majesté, servant de trône à son fils Jésus. Elle est alors dite Sedes Sapientiae soit trône de Sagesse. Elle n’est alors pas représentée pour elle-même, et n’a d’existence que parce qu’elle a été désignée comme Theotokos, mère de Dieu, au concile d’Ephèse en 431 où a été proclamée la nature divine du Christ dès sa naissance.
Les Vierges à l’Enfant en Majesté furent un thème iconographique particulièrement important durant l’époque médiévale. Les pèlerinages encouragèrent leur développement tout en diffusant les modèles.
Cette Vierge à l'Enfant assise sur un banc trône porte des vêtements souples au tracé longiligne. Elle est vêtue d’une robe ceinturée à la simple encolure arrondie et d’un manteau dont un pan couvre ses genoux. Les plis des vêtements sont entièrement gothiques. Ils creusent de longs plis en V aux angles profonds et vifs sur ...
... le manteau et de délicates obliques sur la tunique.
La Vierge au visage ovale, au nez droit, à la bouche menue et au petit menton rond porte une couronne. Sa chevelure ondulée se répand dans son dos en méches bien dessinées et ordonnées.
Elle lève sa main droite et présente du bout de ses doigts fins une sphère qui pourrait être la sphère du monde. De l’autre, elle tient l’Enfant Jésus assis sur son genoux gauche.
L’enfant n’adopte pas la position hiératique des groupes du XIIe siècle. Il tourne légèrement la tête vers la main de sa mère. En outre, il est légèrement déséquilibré ce qui accentue l’idée de mouvement mais permet aussi de creuser un large plis en M dans sa tunique typique des productions castillanes de la fin du XIIIe siècle et du début du XIVe siècle.
L'Enfant Jésus porte une longue tunique, serrée à la taille, et qui laisse dépasser ses petits pieds. Il a le visage joufflu, les lèvres fines qui lui donnent l’air joyeux et amusé. Il semble contempler la sphère que sa mère tient dans sa main. Sa chevelure se compose de boucles stylisées.
Toutes ces caractéristiques permettent de situer cette Vierge à l’Enfant comme étant de Castille au début du XIVe siècle.
En effet, la Mère et l’enfant perdent le hiératisme des siècles précédents. Ils sont animés par un mouvement nouveau. Les figures gagnent en réalisme et les corps sont moins allongés qu’au XIIIe siècle mais au contraire, mieux proportionnés. Cela semble indiquer que cette œuvre fût réalisée au cours de la première décennie du XIVe siècle. En outre, les sourires qui se dessinent sur les deux visages confirment cette datation.
Nous pouvons rapprocher notre Vierge de deux très belle Vierges à l’Enfant du Musée Frederic Marès de Barcelone (n°inv. MFMB 848 et MFMB 800).
Cette Vierge à l’Enfant apparaît ainsi comme une très belle réalisation de l’art du XIVe siècle espagnol et nous est parvenue dans un parfait état de conservation.
Bibliographie
Fons del Museu Frederic Marès/1, Catàleg d’escultura i pintura medievals, Ajuntament de Barcelona, 1991