Par Antiquités Rigot et Fils
Mobilier de qualité patrimoniale d'époque XVIIIe début XIXe siècle
Elle ouvre en partie supérieure par un rideau à lamelles, et un tiroir séparé par une traverse apparente découvrant des secrets dans les parties latérales intérieures du meuble.
Les montants à pans coupés à ressaut reposent sur des pieds à section quadrangulaire à axes décalés. Ils sont réunis par une tablette d’entrejambe ceinte d’une galerie ajourée à motifs d’ovales courant sur l’arrière et les parties latérales.
Les pieds sont sommés d’un chapiteau de bronze à larges godrons débordants. Sous ce bronze le volume du sommet des pieds est amplifié par un léger évasement apportant un parfait esthétisme visuel de transition des volumes au raccordement du corps du meuble. Au bas, sabots de bronze rectangulaires engainants sur les trois faces extérieures et surmontés d’un motif feuillagé d’acanthe. Elle est couverte de son plateau de marbre de forme rectangulaire aux bords en façade à pans coupés et ceint d’une galerie en bronze doré ...
... à motif de grecques.
Une rare marqueterie : Un jeu habile et astucieux de motifs et de teintes en trompe l’œil simulant le relief
- La façade, les côtés, le dos et la tablette d’entrejambe présentent, dans un encadrement de bois de rose et sur un fond de bois d’amarante, une marqueterie de motifs géométriques octogonaux de filets de bois clair et à rehauts de filets de bois sombre d’ébène où est inscrit un quartefeuille en bois de rose sur un fond de sycomore teinté et centré d’un motif quadrilobé de bois plus clair. L’intervalle de chaque élément octogonal est ponctué par une légère marqueterie rectangulaire de bois de rose. Chaque panneau est terminé de la même façon en volume en trompe l’œil : un filet clair en partie supérieure et latérale droite, offrant en contrepartie un filet noir d’ébène en partie inférieure et latérale gauche.
- Les montants supérieurs offrent le délicat visuel d’un treillage de différentes essences de bois. Une marqueterie d’amarante sur un fond de sycomore où s’inscrit un léger cercle clair dans les intervalles.
- La façade des pans coupés des pieds présente un cartouche où se dessine la fine chute d’un ornement de fleurons.
Non signée, cette pièce rare et de qualité muséale à la conception aboutie est l’œuvre du maître ébéniste Martin CARLIN. En effet, des pièces à la marqueterie similaire en trompe l’oeil, aux bronzes identiques et au choix de la qualité du bois pour la structure et le montage, estampillées de Martin CARLIN ont été vendues :
- Christie’s : Monaco, 5 décembre 1993, lot 207
- Sotheby’s : Monaco, 21 mai 1978, lot 154, Monaco, 13 février 1983, lot 504, New York, 13 octobre 1973, lot 153
- Sotheby’s : une commode attribuée, Londres vente 3 juillet 2012, lot 131
Martin CARLIN est né en Allemagne dans le margraviat de Bade. En 1756, il est ébéniste chez Oeben ; comme ses futurs confrères Riesener et Leleu. En 1759, il prit pour épouse Marie-Catherine, la sœur cadette de J.F Oeben.
Après sa maîtrise en 1766, il s’établit rue du Faubourg Saint Antoine à l’enseigne du « Saint-Esprit ». Prudent en affaires, et contrairement à Riesener et Leleu, il travaille presque exclusivement pour les Marchands-Merciers parisiens les plus réputés de l’époque - Dominique Daguerre, Darnault, Poirier.
Bien qu’il n’ait jamais reçu le titre d’ébéniste de la Couronne, CARLIN fournira de nombreux meubles à la Famille Royale par l’intermédiaire de ces marchands merciers de renom - de nombreuses commandes pour Marie-Antoinette, pour le Comte d’Artois, le Comte et la Comtesse de Provence au Château de Bellevue, pour Mesdames filles du Louis XV, pour la Comtesse du Barry.
Martin CARLIN excelle dans tous les genres, mais il est surtout reconnu pour ses petits meubles très élégants.
Poirier qui détient le quasi-monopole des plaques de porcelaine de Sèvres en confie l’exécution à Martin CARLIN. L’influence des marchands merciers sur son oeuvre est capitale, car ils dirigent le goût de l’époque et fournissent dessins, plans et matériaux aux ébénistes, et revendent leur productions ensuite dans le plus stricte anonymat.
On s’arrache à grand prix les travaux exécutés par martin CARLIN pour meubler les petits appartements. Tables à jeux, tables à ouvrages, tables chiffonnières, tables bureaux, tables pupitre, tables à déjeuner, bonheurs du jour. Les plus beaux meubles sont décorés de plaques de porcelaines de Sèvres et de bronzes d’une extraordinaire finesse et ciselure dont les noms évoqués sont ceux de Thomire et de Gouthière.
Outre ces meubles légers rigoureusement construits et très féminins, il réalise des œuvres imposantes et somptueuses, encoignures, et commodes pour les frères Darnault destinés à la Reine Marie Antoinette, œuvres décorés de panneaux de laque du Japon et toujours ornés d’extraordinaires bronzes admirablement dorés ciselés.
Martin CARLIN fut l’un des Maîtres les plus raffinés du style Louis XVI, nombre de ses meubles sont présentés dans les plus grands musées du monde – pas moins de 18 pièces au musée du Louvre.
L’importance du Corps des marchands-merciers dans le commerce des objets d’art au XVIII° siècle :
Les marchands-merciers exerçaient le négoce des objets d’art, mais participaient aussi à l’évolution de la création artistique conjointement avec leurs fournisseurs.
Plus que d’adroits commerçants, ils sont des créateurs. Ils peuvent accroître la valeur des objets qu’ils importent, ou qu’ils font fabriquer. Ils savent plaire à leur clientèle en adaptant les produits exotiques, tels les laques, les objets montés de bronze à la mode française selon le goût du moment. Pour accéder au statut de mercier, « il fallait être François, avoir fait apprentissage de trois ans et servi les marchands pendant trois autres années en qualité de Garçon ». Depuis le XIII° siècle jusqu’à la Révolution, cette corporation très puissante était extrêmement structurée, avec des règles strictes. Ils constituaient à Paris le troisième des Six Corps de la Ville où on le considérait comme le plus puissant, le plus nombreux, et dont le commerce est le plus étendu. Chaque mercier possédait sa spécialité, mais exerçait surtout dans le commerce des objets d’art.
L’ébénisterie parisienne, récent métier au début du XVIII° siècle, fournit l’exemple de la mainmise qu’exercent les grands marchands-merciers sur certains très grands ébénistes. Pour assoir leur notoriété et défendre les intérêts de leur pré-carré ils s’assuraient de l’anonymat de ces ébénistes : pas d’estampille, ou comme pour Bernard van Riesen-Burgh, la simple apposition de ses initiales B.V.R.B Pour posséder les plus beaux meubles de ce maître comme ceux de Martin CARLIN, entre-autres, il fallait donc s’adresser au mercier.
Martin CARLIN fut, au début de sa carrière, l’ébéniste du marchand mercier Poirier qui fournissait Madame de Pompadour. L’estampille de CARLIN apparaît malgré tout sur les plus somptueux meubles Louis XVI décorés de laque du Japon et enrichis de porcelaines de Sèvres.
Dimension : H: 83 cm L: 41 cm P : 30 cm
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