Par Franck Baptiste Provence
Petite table à gibier en bois de noyer massif finement sculpté.
La table repose sur quatre pieds fortement cambrés terminés par des sabots de cervidés.
Les parties hautes arborent des coquilles dans des réserves concaves constituées par des « C » agrafés entre eux par de petits œillets tandis que les parties centrales présentent une fleurette dans un médaillon encadrée par des chutes de muguet.
La traverse avant fortement chantournée et sculptée d’une coquille sur fond de croisillons dans une réserve délimitée par deux rinceaux d’acanthes terminés par des fleurs de muguet décroissantes.
Les côtés eux aussi chantournés sont agrémentés d’une acanthe déployée en partie centrale.
Épais marbre de carrare « arabescato » d’origine.
Bel état de conservation, quelques petites restaurations d’usage.
Travail Grenoblois d’époque Louis XV vers 1730, attribuable à Pierre Hache à Grenoble.
Dimensions ...
... :
Hauteur : 83 cm ; Largeur : 125 cm ; Profondeur : 70 cm
Critère d’attribution à Pierre Hache :
-Le procédé stylistique avec les parties hautes des montants légèrement concaves sur un pied très fin pour accentuer l’effet de galbe et les parties supérieures des ceintures qui sont surélevées par une légère moulure et forment des « plates-bandes ».
-Le décor avec des coquilles sur fond de croisillons, les « C » accolés dos à dos par de petits oeillets, la feuille d’acanthe au milieu des traverses des côtés, les chutes de fleurs de muguet décroissantes et le motif de la fleurette dans un médaillon qui vaut quasiment signature à elle seule.
L’ensemble de ces éléments se retrouvent sur plusieurs tables connues notamment une table présente au chateau de Longpra (publiée page 54 du livre de Thierry Bazin « Quand les Hache meublaient Longpra ») ; une table publiée sous le N° 202 page 390 du livre de Pierre Rouge « Le génie des Hache », aux éditions Faton, et enfin sur une table présente dans l’ancienne collection de l’antiquaire New Yorkaise Mary Helen Mc Coy.
-Le procédé technique avec un marbre très épais, dont le revers est laissé brut en partie centrale et seulement lissé sur les bordures.
Importé d’Italie, on retrouve cette variété de marbre sur d’autres meubles réalisés par la célèbre dynastie d’ébénistes qui était établie à Grenoble, (cité qui jouxte l’ancien Duché de Savoie) ce qui permettait des échanges avec l’Italie.
Les Hache furent abondamment copiés, et inspirèrent de nombreux ateliers installés en Provence et dans le Dauphiné, ce qui rend les attributions souvent compliquées.
Le procédé stylistique et le décor de notre table sont confortés par des détails techniques et un marbre de luxe importé, ce qui rend l’attribution certaine, et nous permet de classer cette œuvre dans la production de Pierre Hache à Grenoble au début du règne de Louis XV, dans les années 1730-1740, période ou des formes nouvelles et plus légères seront alliées à un décor symétrique encore très régence.
Pierre Hache (1705-1776) né en 1705, il est le fils unique de Thomas, grand ébéniste qui travaille pour le Duc d’Orléans et les Duché de Savoie.
Il épouse Marguerite Blanc ; douze naissances vont se succéder de 1726 à 1748. Les commandes affluent et l'atelier peut faire vivre aisément la vaste famille. Aux meubles prestigieux s'ajoutent des ouvrages de menuiserie (portes cochères, sculpture sur bois, etc.). La qualité progresse pareillement dans la recherche de l'harmonie entre la forme et le motif, ce qui réclame une grande précision d'exécution. À la fin de cette période, on voit Thomas, son fils Pierre et son petit-fils Jean-François travailler dans le même atelier.
Thomas meurt le 13 mai 1747. La même année, Pierre fait l'acquisition d'une propriété campagnarde à Brié-et-Angonnes, témoignage de la prospérité de la dynastie. Il fait usage dès cette époque d'estampilles pour identifier les meubles créés par l'atelier.
Associé étroitement à son fils Jean-François, il embauche plusieurs compagnons, mais organise l'atelier pour préserver les secrets de fabrication notamment pour les teintures de bois verdi ou de noyer rougi. Les compagnons sont astreints aux tâches de menuiserie ; le placage, la marqueterie et les incrustations sont réservés au maître ou à son fils.
Jusqu’en 1760, c’est la main de Pierre qui influence une production dans le style Régence, voire Louis XIV ornée de motifs à l’italienne.
Retrouver le mobilier ou les objets d''art similaires à « Table à gibier attribuable à Pierre Hache, Grenoble vers 1730 » présenté par Franck Baptiste Provence, antiquaire à L'isle-sur-La-Sorgue dans la catégorie Console Louis XV, Mobilier.