Par Antiquités Philippe Glédel
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Mobilier XVIIIe parisien et régional, dont meubles de port.
Rare table dite "cabaret" ou "à cabaret" en acajou de Saint-Domingue massif, ouvrant par un tiroir en ceinture.
Cette table apparaît comme une parfaite réussite du mobilier portuaire et se différencie par sa sobriété raffinée mettant en valeur l'éclat d'un bel acajou des Antilles de fil au grain particulièrement fin et à la patine "rouge cerise".
Typique de certains modèles de pur esprit Louis XV ornant les salons des hôtels particuliers de Bordeaux ou de La Rochelle, elle se distingue par une ligne élégante et légère, avec des ceintures relativement étroites et des galbes de pied placés très haut, ce qui lui donne une allure des plus gracieuses.
Elle est coiffée d'un épais plateau décreusé, fait d'une seule planche d'acajou, profilé d'une double mouluration (large quart-de-rond souligné d'un listel) au montage à l'origine uniquement à chevilles déportées sur les traverses (chevillé également sur le plateau par la suite - montage à la nantaise qui ...
... se retrouve encore à La Rochelle). Elle ouvre d'origine sur la face avant par un tiroir muni d'un bouton de laiton agrémenté d'une platine de parement ajourée. Occupant toute la traverse avant et glissant directement sous le plateau, il est de ce fait maintenu par une barre de renfort (dissimulée) chevillée au montant, et enfin il est bordé d'un chantournement souple et puissant souligné d'une moulure qui se poursuit sur le piétement. Les pieds, qui possèdent encore leurs bouchons d'origine, sont ponctués de volutes d'un très beau fini et sont soulignés d'une double mouluration en dégagement (congé - filet - quart-de-rond) qui se poursuit sur les quatre ceintures.
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Nous avons affaire ici à la véritable* table en cabaret, meuble raffiné né de la mode des nouvelles boissons de salons, le thé, le chocolat puis le café, table dont le plateau massif est évidé sur toute sa surface pour former une sorte de cuvette à rebord légèrement arrondi destiné à retenir tasses et verres.
Ces petites tables précieuses connurent un véritable engouement dans les grands ports de l'atlantique qui furent les importateurs de ces boissons venues des Amériques et d'Orient, elles furent en grande vogue dans les châteaux de la noblesse et les hôtels particuliers des riches marchands, avant que de faire mode à Paris où furent créées par les plus grands ébénistes (Carlin - RVLC...) d'extraordinaires petites cabarets dans les matières les plus luxueuses telles que les laques orientales et européennes ou encore la porcelaine de Vincennes - Sèvres.
* Il n'est sans doute pas inutile de rappeler ici la définition exacte de ce qu'est une table en cabaret : petite table rectangulaire, circulaire, ovale (ou même triangulaire) comportant un dessus soit creux en cuvette, soit à plateau rapporté, soit encore plat mais lavable, servant à prendre les boissons. Il est entendu que, pour ce dernier cas, différents matériaux, hormis le bois, pouvaient être utilisés : marbre, porcelaine, laque, faïence, canne, tôle. Cette table pouvait porter en permanence un service à thé ou à café.
Bel état d'origine et très belle patine.
Quelques très légères restaurations d'usage.
Finition rempli-ciré.
La Rochelle - milieu du XVIIIe siècle.
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