Par Galerie Pellat de Villedon
Mobilier, objets d'art et tableaux
Ensemble de quatre fauteuils à la reine en hêtre naturel, mouluré et sculpté, reposant sur quatre pieds galbés ornés de motifs végétaux sur les bouts de pieds et de coquilles stylisées en chute. Le dossier violoné est orné sur la traverse supérieure d’un cartouche en forme de cœur enfermant une grenade, et encadré par des ornements feuillagés. Les épaulements sont ornés de feuilles d’acanthe et la traverse inférieure du dossier présente en son centre une feuille sculptée. Les accotoirs reposent sur des consoles en coup de fouet, dont la mouluration se prolonge sur la traverse de l’assise. Cette dernière est décorée en son centre d’un cartouche en forme de cœur reprenant celui du dossier.
Estampillés Tilliard (sur deux d’entre eux)
Epoque Louis XV
Restaurations d’usage, garniture moderne
H. 94 x L. 67 x P. 52 cm
Ces fauteuils à la reine sont caractéristiques de la production de Jean-Baptiste I Tilliard. Ils reprennent des proportions ...
... générales que l’on retrouve sur beaucoup de leurs assises du milieu du XVIIIe siècle.
Le style Louis XV s’affirme alors, comme en témoigne le cartouche rocaille en forme de cœur, qui est le trait le plus caractéristique de la production de la dynastie Tilliard. Hormis les Tilliard, qui déclinent ce motif sur beaucoup de leurs assises, rares sont les ébénistes qui reprennent ce motif facilement identifiable par sa forme si particulière. Il devient quasiment une deuxième signature de Tilliard ; nous la retrouvons par exemple sur une ottomane conservée au Victoria & Albert Museum de Londres et que Tilliard a probablement livrée à Madame de Pompadour. On la retrouve encore dans des collections particulières mentionnées par Bill Palot dans son ouvrage « L'art du siège au XVIIIe ».
Une autre caractéristique du fauteuil, est le soin particulier apporté à la traverse basse du dossier, sculptée et ornée, ce qui est toujours la marque d’une grande qualité de menuiserie, et que l’on retrouve chez les meilleurs ébénistes. Tilliard pratique ce travail de détail, que l’on retrouve sur une paire de fauteuils du menuisier conservée au château de Versailles (V4978), ou encore au musée du Louvre (OA 6563). Une paire de fauteuils à la reine pouvant rappeler la nôtre est passée chez Sotheby’s en avril 2013 (lot 219).
Le goût pleinement Rocaille des fauteuils nous incite plutôt à croire que les fauteuils sont de la main de Jean-Baptiste I Tilliard, qui est actif entre les années 1710 et 1760, tandis que l’on attribue à son fils les meubles de style Transition ou Louis XVI.
Jean-Baptiste Tilliard I est actif très tôt dans le XVIIIe siècle : il reçoit sa maîtrise en 1717, puis acquiert le titre de « maître menuisier du Garde Meuble du Roi ». Il livre ainsi la couronne, mais aussi le prince de Soubise, le duc d’Antin, le duc de Sully, le comte d’Évreux, les duchesses de Parme et de Mazarin, etc. Ses ateliers sont importants et comptent onze établis.
Jean-Baptiste I Tilliard est alors considéré comme un des meilleurs artisans de sa génération. Son fils, également prénommé Jean-Baptiste, le rejoint au moment de son apprentissage, et devient maître en 1752. De cette date à la mort de son père en 1766, il travaille avec lui et sous ses ordres., d’où une confusion dans certaines attributions, le père et le fils utilisant la même estampille. Jean-Baptiste II Tilliard reprend entièrement l’atelier et hérite du titre de « menuisier du Garde Meuble du Roi ». Sa clientèle reste particulièrement prestigieuse même s’il fournit moins la couronne que son père. Il décède en 1798.
Retrouver le mobilier ou les objets d''art similaires à « Suite de quatre fauteuils à la reine estampillés Tilliard » présenté par Galerie Pellat de Villedon, antiquaire à Versailles dans la catégorie Fauteuil & Bergère Louis XV, Sièges.