Par Franck Baptiste Paris
Importante pendule de milieu en bronze finement ciselé, doré et patiné.
Le contre socle à frises d’entrelacs et quadrilobes ornés de grattoirs, est surmonté d’un socle à enroulements à la Grecque et découpe triangulaire.
Deux angelots symbolisant l’étude et la science sont assis langoureusement sur le socle jonché de livres, d’une équerre et d’une règle et regardent le temps passer sur le cadran inséré dans une colonne antique cerclée de tores de lauriers et surmontée d’une cassolette à l’antique.
Le cadran émaillé blanc indique les heures en chiffres romains et les minutes en chiffres arabes ; il est signé « Ageron à Paris ».
Le mouvement de huit jours, à suspension à fil de soie est signé sur la platine arrière « Ageron Paris N°309 »
La caisse est marquée « Osmond » , en bas à l’arrière du socle.
Parfait état de marche, Trés bel état de conservation, dorure au mercure d’origine.
Travail parisien ...
... d’époque Louis XV vers 1765-1770.
Dimensions :
Hauteur : 44 cm ; Largeur : 27 cm ; Profondeur : 21 cm
Le dessin de notre pendule est conservé sous le N° 81 dans le "recueil de pendules , modèles de pendules des années 1755-1780 », conservé à la bibliothèque de l’IHNA à Paris, fonds Doucet.
Modèle similaire publié dans « Hans Ottomeyer and Peter Pröschel, Vergoldete Bronzen, München 1986, p. 194.
Notre avis :
Comme l’indiquent la marque présente sur notre pendule et la mention indiquée dans l’index du recueil de dessins, notre pendule à colonne est bien l’oeuvre des célèbres bronziers Robert et Jean Baptiste Osmond qui travaillent dans le même atelier à partir de 1753 et utilisent la même marque.
Les qualités de ciselure et de dorure confirment le talent de ces bronziers qui figuraient avec St Germain et Caffieri, dans le trio de tête des meilleurs artisans du règne de Louis XV.
Les modèles à colonnes, hérités des prémices du néoclassicisme suite à la redécouverte des grands sites antiques de Pompéi et Herculanum seront le thème de prédilection de la famille Osmond.
A l’instar d’Hubert Robert, ils vont mettre au gout du jour les ruines antiques sur leurs pendules, cette production connaitra un succès immédiat, au point que la manufacture de Sévres copiera ces modèles iconiques, que les Osmond éditent en plusieurs formats, plus ou moins simples.
Si plusieurs variantes sont connues, avec toujours un mouvement intégré dans la même colonne, notre pendule de milieu, avec son décor toutes faces est le plus important en taille et le plus riche en décor.
Il est assez intéressant de noter que plusieurs ornements renvoient à la thématique maçonnique, comme les instruments (équerre et compas ) qui sont fréquent sur les allégories de la science est des arts, mais aussi la découpe triangulaire du socle, qui est rarissime sur les pendules de cette période.
Au vu de leur réussite professionnelle et de la pureté de leurs dessins, il est fort probable que les Osmond eurent les moyens financiers de s’attacher les meilleurs ornemanistes, parmi eux ont peut penser à Jean Charles Delefosse qui fût le grand spécialiste du néoclassicisme en France.
*François Ageron est un horloger reçu maître à Paris le 17 juillet 1741, qui figure parmi les plus importants horlogers de la deuxième parie du 18 ème siècle.
Il installe son atelier successivement Place du Pont Saint-Michel, quai des Augustins, rue Saint-Louis au Palais et place Dauphine et acquiert rapidement une grande notoriété auprès des grands collectionneurs d’horlogerie.
Il se distingue par la grande qualité de ses mouvements, souvent à complication. A l’instar des plus talentueux horlogers de son temps, il collabore pour la création des caisses de ses pendules avec les meilleurs artisans, notamment l’ébéniste Balthazar Lieutaud et les fondeurs Saint-Germain, Caffieri et Osmond. Il a pour client l’élite de la noblesse parisienne, le comte de Lannoy, le comte de la Tour du Pin, le vicomte de La Charce , Christian IV Prince palatin des Deux-Ponts et même a reine Marie-Antoinette puisqu’une de ses pendules est mentionnée en 1787 dans la chambre à coucher des petits appartements de la reine à Versailles.
Il cesse son activité au début des années 1780 et son fonds de commerce est vendu le 31 mai 1784. Au XVIIIe siècle, certaines de ses pendules étaient mentionnées dans de grandes collections privées, notamment dans celles de François-Ferdinand c ; enfin, relevons particulièrement qu’une horloge d’Ageron était décrite en 1787 dans la chambre à coucher des petits appartements de la reine Marie-Antoinette au Château de Versailles.
*Robert Osmond (1711 - 1789) est né à Canisy, près de Saint-Lô ; il fait son apprentissage dans l’atelier de Louis Regnard, maître fondeur en terre et en sable, devenant maître bronzier à Paris en 1746. On le trouve d’abord rue des Canettes, paroisse St Sulpice, et dès 1761, dans la rue de Mâcon. Robert Osmond devient juré de sa corporation, s’assurant ainsi une certaine protection de ses droits de créateur. En 1753 son neveu quitte la Normandie pour le rejoindre, et en 1761, l’atelier déménage dans la rue de Macon. Le neveu, Jean-Baptiste Osmond (1742-après 1790) est reçu maître en 1764 ; après cette date, il travaille avec son oncle ; leur collaboration fut si étroite qu’il est difficile de distinguer entre les contributions de l’un et de l’autre. Robert Osmond prend sa retraite vers 1775. Jean-Baptiste, qui continue de diriger l’atelier après le départ de son oncle, connaît bientôt des difficultés ; il fait faillite en 1784. Son oncle Robert meurt en 1789.
Bronziers et ciseleurs prolifiques, les Osmond pratiquaient les styles Louis XV et néoclassiques avec un égal bonheur. Leurs œuvres, appréciées à leur juste valeur par les connaisseurs de l’époque, furent commercialisées par des horlogers et des marchands-merciers. Bien qu’ils aient produit toutes sortes de bronzes d’ameublement, y compris des chenets, des appliques et des encriers, aujourd’hui ils sont surtout connus pour leurs caisses de pendules, comme par exemple celle qui représente le Rapt d’Europe (Musée Getty, Malibu, CA,) dans le style Louis XV, et deux importantes pendules néoclassiques, dont il existe plusieurs modèles, ainsi qu’un vase à tête de lion (Musée Condé de Chantilly et le Cleveland Museum of Art) et un cartel avec rubans ciselés (exemples dans le Stockholm Nationalmuseum et le Musée Nissim de Camondo de Paris). Une pendule remarquable, ornée d’un globe, des amours, et d’une plaque en porcelaine de Sèvres (Louvre, Paris) compte également parmi leurs œuvres importantes.
D’abord voués au style rocaille, au début des années 1760 ils ont adopté le nouveau style néoclassique, dont ils devinrent bientôt les maîtres. Ils fournirent des boîtes aux meilleurs horlogers de l’époque, y compris Montjoye, pour lequel ils créèrent des boîtes de pendules de cartonnier et de pendules colonne ; la colonne étant l’un des motifs de prédilection de l’atelier Osmond.
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