Par Galerie Pellat de Villedon
Mobilier, objets d'art et tableaux
Très rare pendule en bronze doré et ciselé à la « palme du souvenir ». Elle est composée d’un socle recouvert d’un dais fleurs de lysée où loge le cadran. Il est surmonté d’un buste représentant Louis XVI où git une palme de rameau. L’ensemble repose sur un socle en marbre blanc décoré de frises feuillagées en bronze doré et ciselé, lui-même reposant sur quatre pieds toupies en bronze.
Le mouvement est signé de Joseph Léonard Roque (reçu maître en 1770) sur le cadran. Le mouvement au dos est également signé du même auteur et possède le numéro 1165.
Vers 1815
Restaurations d’usage
H. 53 x L.32 x P. 19 cm
La pendule que nous présentons aujourd’hui est exceptionnelle et intrigante. En effet, tant par sa qualité que par les hypothèses de datation, cette pendule mérite une attention particulière.
C’est son sujet que nous développerons tout d’abord. Elle représente un buste que nous pouvons aisément reconnaitre sous les traits ...
... de Louis XVI. Il semble se rapprocher du buste en marbre commandé par Marie-Antoinette en 1777 à Louis Simon Boizot pour le Petit Trianon (aujourd’hui encore conservé au Château de Versailles) ; ou bien du portrait de Louis XVI réalisé par Louis Joseph Siffrède Duplessis vers 1774-1775 (conservé également à Versailles). Il porte un habit aux parements brodé de fleurs, le cordon bleu, la croix de l’ordre du Saint Esprit et l’insigne de la Toison d’or. Sa coiffure est nouée par un catogan et son cou est couvert par un jabot de dentelle. Tant par les détails vestimentaires que par l’expression et les traits du visage, il semble évident que ce soit Louis XVI qui soit mis à l’honneur à travers cette pendule.
Or, d’autres éléments indiquent qu’il s’agit plus précisément d’un hommage posthume. Au pied du buste, git une « palme ». Cette feuille de rameau est le symbole des martyrs chrétiens en Occident. Ainsi, cette composition marque davantage l’hypothèse d’un hommage en souvenir du roi décapité que d’une célébration au cours de son règne. Par ailleurs, l’imposant socle sur lequel le buste repose est couvert d’un épais drap décoré de nombreuses fleurs de lys. Ce dernier rappel sans aucun doute le dais du couronnement de Louis XVI à Reims. La pendule semble être un « monument ».
Il ne peut donc s’agir que d’une commande sous la Restauration au moment du retour du comte de Provence (frère de Louis XVI, le roi Louis XVIII). Cependant, cette hypothèse est nuancée par le style général de la pendule et par la signature du mouvement. En effet, cette forme de pendule porte encore des airs très « XVIIIe siècle ». Le mouvement est signé «Joseph Léonard Roque ». Il s’agit du maître horloger ayant travaillé pour les plus grands personnages du Royaume (Marie-Antoinette, le comte de Provence, Mesdames les filles de Louis XV, etc) et avec les artisans les plus talentueux (Claude Siméon Passemant, J. J. De Saint Germain, Jean Louis Prieur, etc). Aujourd’hui, nous remarquons à travers toute sa production qu’il s’est spécialisé dans les pendules de luxe, prenant soin d’apporter un mouvement très soigné et de très grande qualité. C’est sans surprise que nous apprenons qu’il eut un logement au Louvre et qu’il porta le titre « d’Horloger du roi ». Néanmoins, nous savons également qu’il fit faillite vers 1785-1786 et qu’il continua ses activités jusqu’à la révolution. Il meurt au tout début du XIXe siècle. Il semble avoir numéroté tous ses ouvrages (le numéro de notre pendule fait partie des derniers numéro de sa production). De plus, les aiguilles sont de style Louis XVI.
Il est donc légitime de remettre en question la datation de notre pendule (premières années de la Restauration). Néanmoins, il est probable que le bronzier ait utilisé un mouvement déjà existant et ancien (respectant ainsi l’hommage au roi Louis XVI pour son oeuvre).
Nous pouvons tout à fait imaginer qu’un célèbre personnage ait commandé cette pendule inédite (aucune autre semblable n’a été encore recensé à nos jours). Ainsi, l’oeuvre de notre étude possède une importance historique évidente que ce soit dans l’Histoire des arts décoratifs que dans l’Histoire générale.
Sources :
Augarde (Jean Dominique), Les ouvriers du temps, Antiquorum
Kjellberg (Pierre), La pendule française, Les éditions de l’amateur
Tardy, La pendule française
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