Paul-Albert Laurens (1870-1934) La Robe d’argent, portrait d’Hélène Kauffmann

... d’honneur en 1910, et entra enfin à l’Institut en 1933. Il est connu dans l’histoire littéraire pour avoir été dès sa jeunesse très proche d’André Gide, avec qui il effectua en 1893 un périple initiatique en Algérie, Tunisie et en Italie, et dont il a laissé un beau portrait de maturité.

Non loin d’un Lucien Simon ou d’un Jacques-Emile Blanche, l’art de Paul-Albert Laurens est le reflet d’une élégance début de siècle, entre Art nouveau et Art déco. Sa touche est vive et maîtrisée. Son monde est celui de la vie moderne, non celui des avant-gardes. Une spécialité de cet excellent portraitiste était de peindre ses modèles féminins dans des robes éblouissantes, lamées d’or ou d’argent, parfois sur fond de paravent japonais. Si le modèle de notre tableau est une certaine Hélène Kauffmann, - amie ou cliente que l’on retrouve sur d’autres portraits de l’artiste -, Paul-Albert Laurens a réalisé une autre version de notre toile, datée de 1929 et intitulée La Robe d’argent. Nous y retrouvons notre modèle qui pose différemment, de face, devant ce même paravent de laque. Autant que le portrait d’une femme, notre tableau semble le portrait d’une robe, probable création d’un grand couturier d’Entre-deux-guerres. Le cadre argenté d’origine, typique des années 1920, s’accorde aux éclats métalliques de ce somptueux habit.

Le modèle, Hélène Kauffmann a été identifié sans une certitude parfaite, comme l’épouse de Robert Weill, ingénieur, et dont les enfants porteront le nom de Watel, moins sémite que leur patronyme de naissance. Il semblerait que toute la famille ait survécu à la guerre, ayant été protégés par une famille qui en a empêché la déportation. Ceux-ci sont désormais « Justes parmi les nations ». Notre modèle, né en Belgique en 1905, aurait aux environs de 23/25 ans au moment où notre portrait a été réalisé, certainement à la même date que l’œuvre du Musée d’Orsay, soit 1929.