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Paire de tabourets néo-pompéiens d'époque Napoléon III
Paire de tabourets néo-pompéiens d'époque Napoléon III - Sièges Style Napoléon III
Réf : 117662
9 500 €
Époque :
XIXe siècle
Provenance :
France
Materiaux :
Bois noirci, garniture moderne
Dimensions :
L. 44 cm X l. 44 cm X H. 50 cm
Sièges  - Paire de tabourets néo-pompéiens d'époque Napoléon III
Galerie Lamy Chabolle
Galerie Lamy Chabolle

Mobilier et objet d'art des XVIIIe, XIXe et XXe siècle


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Paire de tabourets néo-pompéiens d'époque Napoléon III

Paire de tabourets néo-pompéiens attribués à Charles Rossigneux.
Bois noirci, garniture moderne.
France.
ca. 1860-1867.
h. 50 cm ; l. 44 cm.

Cette paire de tabourets néo-pompéiens, regarnis d’un tissu moderne aux motifs antiquisants, s’inscrit dans une mode qui, sous Napoléon III, eut une vie très courte : une mode pompéienne, folie d’esthète plutôt que d’historien, où se mêlaient indistinctement des éléments grecs, étrusques et romains. La « Maison de Diomède », villa pompéienne que le prince Napoléon-Jérôme, neveu de Napoléon Ier et cousin de Napoléon III, avait fait bâtir avenue Montaigne, est le parfait symbole de cette mode fugace. Pierre Devinoy et Madeleine Jarry, évoquant son mobilier, écrivent à son propos :

« Vers 1860, Charles Rossigneux, l’architecte du prince Napoléon, élabore pour la villa pompéienne de celui-ci, avenue Montaigne, un ameublement à la Romaine très archéologique, fait d’après des moulages antiques. ...

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... Mais le nouveau style ne laisse pas d’empreinte durable ; fauteuils, chaises et guéridons néo-grecs ne se voient que dans les expositions ou les boudoirs d’artistes. »

Et Jacqueline Viaux de confirmer :

« Cet essai fut sans lendemain. La société du Second Empire, malgré son goût pour l'érudition, ne se souciait pas de sacrifier son confort et son bien-être aux exigences de l'archéologie. »

La villa, en vérité, est l’œuvre d’Alfred Normand, qu’assiste Charles Rossigneux pour la décoration intérieure. Elle est conçue en 1856, elle est inaugurée en 1860. Henri-Auguste Fourdinois semble avoir été celui chez qui l’on s’était fourni, et au mobilier « très archéologique » se mêle des meubles d’un style plus ordinaire, égal au mobilier prisé alors dans le reste du Second Empire. L’exténuation de cette mode très élitaire, et des querelles avec sa femme, poussent Napoléon-Jérôme à mettre la villa en vente dès 1866. Ceux qui l’ont rachetée, un consortium d’investisseurs parmi lesquels figurent les célèbres Arsène Houssaye et Ferdinand de Lesseps, profitent de l’Exposition universelle de 1867 pour l’ouvrir au public — tout le mobilier avait disparu, transféré on ne sait où. Les objets napoléoniens, quant à eux, avaient rejoint le Palais royal. On ne sait pas non plus si les meubles portaient une estampille ou des marques d’inventaire.

Il se trouve, aux Musée des Arts Décoratifs, une feuille où apparaît une chaise dont la moulure est exactement semblable à celle de ces deux tabourets. Elle est faussement attribuée à la maison « Duval frères » par Devinoy et Jarry : les « Duval frères » sont en fait des tapissiers, et c’est la garniture du siège qu’ils présentent, et non le meuble lui-même. Ils sont, tout comme Fourdinois, exposés — et médaillés — lors de l’Exposition universelle de 1867, celle même où Ferdinand de Lesseps et Arsène Houssaye ouvrent la « Maison de Diomède » au public, déjà vidée de ses meubles ; celle aussi — la seule, où la mode « sans lendemain » du mobilier néo-pompéien est présentée. Dans un guide de l’Exposition, intitulé Les Curiosités de l'Exposition universelle de 1867, on pouvait lire : « […] cette année la mode est au style pompéien, au style étrusque, au style égyptien… ».

Tous ces éléments convergent pour une datation entre 1860 et 1867 de ce mobilier excessivement rare, et dont les seuls documents, outre la feuille de Duval frères, sont les quelques photographies prises à la villa pompéienne de l’avenue Montaigne, conservées à la Bibliothèque nationale de France. Il y a aussi le célèbre tableau de Gustave Boulanger, la Répétition du Joueur de flûte et de la Femme de Diomède chez le prince Napoléon, peint en 1861, aujourd’hui au Musée d’Orsay : on y voit, immortalisée, une klinê ou sella aux mêmes pieds tournés à disques et en bois noirci de même confection, sur laquelle un acteur allongé récite son texte.

Sources

Hippolyte Gautier, Les Curiosités de l'Exposition universelle de 1867, avec six plans, Paris, 1867 ; Victor Champier, « O. Roty à Ch. Rossigneux. Ch. Rossigneux à O. Roty », dans Revue des Arts décoratifs, vol. XVIII, Paris, 1881 ; Léon Deshairs, « Charles Rossigneux, architecte-décorateur (1818-1907) », dans Gazette des Beaux-Arts, t. XL, Paris, 1908 Émile Le Senne, « Notes sur la villa pompéienne de l'avenue Montaigne », dans Bulletin de la société historique et archéologique des VIIIe et XVIIe arrondissements de Paris, Paris, 1912 ; Maurice Allem, La Vie quotidienne sous le Second Empire, Paris, 1948.

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