Par Galerie Lamy Chabolle
Mobilier et objet d'art des XVIIIe, XIXe et XXe siècle
Paire de coupes à boire zoomorphes en argent ciselé représentant un Cheval et un Lion cabrés.
Argent, bois noirci orné de motifs en argent (socles).
Augsbourg.
ca. 1650-1700, XVIIIe siècle (socles).
h. 17 cm.
Paire de coupes à boire zoomorphes représentant un lion et un cheval cabrés, l’un et l’autre en argent et très finement ciselés.
Les coupes à boire zoomorphes, c’est-à-dire en forme d'animaux, étaient une forme de coupe de bienvenue prisée à la table des cours princières du sud de l’Allemagne aux XVIe et XVIIe siècles. La consommation ritualisée d’alcool, le plus souvent du vin, avait alors une importance cruciale lors des cérémonies diplomatiques et princières du sud de l’actuelle Allemagne, et le Willkomm, ou coupe de bienvenue, faisait partie intégrante de la forme de nombreux actes légaux, notamment certains contrats et traités. Les coupes à boire d’or ou d’argent, pour cette raison, faisaient partie des commandes les plus ...
... prestigieuses aux yeux des orfèvres allemands, et ces dernières, aux formes élaborées et variées entretenaient souvent un rapport symbolique avec l’acte légal au cours duquel elles étaient employées.
La figure du cheval se cabrant (Springendes Pferd) est à rapprocher, par le style et par la précision de la ciselure, d’une coupe de l’orfèvre Jeremias Michael, marquée à Augsbourg entre 1613 et 1615 et désormais conservée aux Bayerisches Nationalmuseum de Munich. Les coupes de bienvenue figurant un cheval cabré, plus rares que celles qui étaient à l’imitation du gibier, avaient sans doute une fonction autre que la formalisation d’actes légaux, et servaient souvent de prix lors des compétitions et tournois.
Le lion, quant à lui, figure plus rare dans l’usage cérémonial, est par conséquent moins courant. Il peut être rapproché d’une coupe attribuée à l’orfèvre Leonard Umbach, lui aussi augsbourgeois, datée entre la fin du XVIe et le début du XVIIe siècle.
Les socles de ces coupes étaient amovibles, comme les têtes des animaux figurés, sans quoi il serait impossible de procéder à la consommation de l’alcool dont les coupes étaient remplies. C’est pour cette raison que les socles originaux et les terrasses de nombreuses pièces d’orfèvrerie de ce genre ont été perdus. Ils ont souvent été remplacés, comme ici, par des socles plus sobres, en bois noirci, décorés d’éléments en argent, dans la tradition du mobilier, des cabinets, des socles d’automates et de pendules conçus dans le sud de l’Allemagne à partir du XVIe siècle. La perte de la terrasse d’origine, comme pour de nombreuses autres pièces d’orfèvrerie, rend pratiquement impossible l’attribution de ces coupes, le poinçon de l’orfèvre étant souvent insculpé sur la terrasse afin d’épargner le modelé des figures. L’hypothèse la plus probable, motivée par la comparaison de la technique et des formes, est bien celle d’une confection par un orfèvre d’Augsbourg, sans doute suiveur de Jeremias Michael et par conséquent plus tardif, sans doute actif dans la fin du XVIIe siècle.
Apparemment sans poinçons, sauf poinçons de garantie lors de l'importation en France.
Sources
Timothy Schroder, The Art of the European Goldsmith. Silver from the Schroder Collection, New York, 1988 ; Lorenz Seelig, « Drinking Vessels and Display Platters for Courtly Tables and Buffets », dans Silver und Gold. Courtly Splendour from Augsburg, 1995, Munich ; Helmut Seling et Stephanie Singer, Die Augsburger Gold- und Silberschmiede. 1529-1868 : Meister, Marken, Werke, Munich, 2007.