Par Franck Baptiste Provence
Magnifique et rare paire de bergères en acajou et placage d’acajou.
Les pieds avant fuselés et canelés, surmontés de montants à colonnes détachées.
Les colonnes en forme de balustres, finement sculptées de culots d’acanthes et agrémentées de cannelures torsadées.
Les accoudoirs, délicatement sculptés de strigiles et de rosaces sont évasés et enroulés sur les extérieurs.
Modèle à dossiers largement enroulés et renversés.
Pieds sabres à l’arrière.
Restaurées et retapissées à l'ancienne en crin sur sangles et coussin en duvet de plume, elles sont recouvertes d'un gourgouran de soie crème.
Bel état de conservation ; petites restaurations d’usage.
Travail Parisien attribuable à Georges Jacob*, époque Directoire vers 1795.
Dimensions :
Hauteur : 95 cm ; Largeur : 67 cm ; Profondeur : 70 cm
Pour une bergère trés proche :
Vente Beaussant Lefèvre 18 Décembre 2009, Drouot Paris ; Lot 190 (10 800 euros au ...
... marteau)
* Georges Jacob (1739-1814 ) est un menuisier reçu maitre à Paris en 1765.
Il est tout simplement un des plus prolifiques menuisiers en siège de la deuxième partie du 18 ème siècle.
Fournisseur de la reine Marie Antoinette il collabore avec les plus grands décorateurs de son époque : Hubert Robert par exemple pour les fauteuils de la laiterie de Rambouillet mais aussi Delafosse ou Prieur.
Il fournit les palais de Versailles, St Cloud, Les Tuileries, Fontainebleau...
Sa période d’activité est de 1765-1796.
Ensuite il cède l’entreprise à ses deux fils qui fonderont Jacob Frères.
Il meurt en 1814.
Notre avis:
Avec leurs dossiers renversés, leurs décors de strigiles hérité de l’antiquité et leurs pieds sabres mis à la mode par les campagnes militaires alors en cours, notre deux bergères représentent le style Directoire dans toute sa splendeur.
La qualité de fabrication de nos sièges reflète la maturité et les décennies d’expérience d’un maitre comme Georges Jacob : pureté du dessin, amplitude des formes, finesse de la sculpture, ajustage au millimètre des montages.
Cette paire de sièges peut être datée des dernières années de sa production vers 1794-1796, à une période ou Georges Jacob est mis en difficulté financière par l’émigration d’une partie de sa clientèle qui part sans le payer, notamment le Comte d’Artois qui lui doit 85 000 livres.
Sous la Terreur, il passe, par trois fois, devant le Tribunal révolutionnaire, accusé d’avoir travaillé pour Capet et les ci-devant nobles.
Malgré le don de 500 crosses de fusils et la protection de David, il est incarcéré à la Conciergerie et ne sera libéré qu’après le 9 thermidor (27 juillet 1794).
A sa sortie il laisse définitivement tomber les productions purement Louis XVI pour s’adonner à des formes plus antiquisantes.
Cette novation se retrouve dans le mobilier qu’il fournit au peintre David et celui qu’il fabrique, en collaboration avec Percier et Fontaine, pour la salle de la Convention.
Durant cette période, et conformément à la chute des corporations, il n’appose pratiquement plus son estampille, avant de se retirer aux profits de ses deux fils.
Retrouver le mobilier ou les objets d''art similaires à « Paire de bergères à dossiers renversés, attribuée à G.Jacob vers 1795 » présenté par Franck Baptiste Provence, antiquaire à L'isle-sur-La-Sorgue dans la catégorie Fauteuil & Bergère Louis XVI, Sièges.