Par Franck Baptiste Provence
Rare miroir en bois de tilleul doré à la feuille de forme rectangulaire surmonté d’un fronton.
Le cadre finement sculpté d’une frise de palmettes et d’une frise de raies de coeur est raccordé dans les angles par des dés à rosaces.
Le fronton délicatement ajouré est constitué d’une caducée et d’un trident entrecroisés et noués par des guirlandes de lauriers.
Au centre de la composition, un coq vu de profil se tient sous une baguette surmontée d’un casque.
Trés bel état de conservation, dans sa vieille dorure, verre à l’argent postérieur.
Hauteur : 172 cm ; Largeur : 88 cm
Marseille époque Révolutionnaire vers 1790-1793.
Notre avis :
Le rare miroir que nous présentons est orné des grandes armes de la ville de Marseille telle qu’elles furent enregistrées le 10 Juillet 1699 suite à l’édit de Colbert réglementant les blasons.
On retrouve la caducée du dieu Mercure, attribut de l’échange et du commerce, entrecroisée avec le ...
... Trident de Neptune représentant la mer et le voyage, ce qui symbolise parfaitement le carrefour maritime et la puissance commerciale de la citée Phocéenne.
Toutefois l’absence des autres attributs, comme le taureau et le lion, la croix centrale ou la couronne surmontant la composition nous indique que nous sommes après le 21 Juin 1790, date ou l'Assemblée Constituante décrète la suppression de ces armoiries, trop souvent associées à la noblesse et à l'ordre ancien. La croix d'azur, symbole religieux, disparaît officiellement à la révolution avant de réapparaitre quelques décennies plus tard.
Le choix de notre sculpteur de ne pas faire figurer les deux animaux, attributs des apôtres Marc et Luc , et l’absence de la couronne, symbole de la monarchie, nous indiquent que nous sommes en pleine période révolutionnaire, probablement dans les années 1792 ou 1793.
Cette hypothèse est renforcée par la présence du coq, symbole de la jeune république qui remplace la monarchie constitutionnelle en Septembre 1792.
Enfin pour un patronage jugé plus neutre, la couronne est remplacée par le casque de Mercure.
Outre son caractère décoratif caractéristique des productions provençales et son symbole du commerce maritime, notre miroir est aussi un émouvant et rare témoignage de la période révolutionnaire.