Par Galerie Sismann
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L'art de l'albâtre connait en Europe au XVIe siècle un véritable Âge d'Or. Dans les Flandres par exemple, les ateliers de Malines développent une production sérielle à grande échelle de petits reliefs en albâtre illustrant des épisodes de la vie du Christ ; destinés à orner de grands autels d'églises ou de plus modestes retables domestiques.
De par sa typologie et son sujet, notre relief de la Déploration pourrait s'apparenter à cette production. Pourtant, par bien des critères, il se distingue de ces œuvres standardisées, comme en témoigne d'abord l'originalité de sa composition.
Celle-ci s'organise autour du corps sans vie du Christ, supporté par Nicodème et Joseph d'Arimathie qui l'enveloppent dans un draps. Ce groupe est accompagné à l'arrière plan d'une troisième figure masculine émoussée ainsi que d'une sainte femme épleurée. Au premier plan, la Vierge assise sur le sol, mains jointes en prière, se laisse aller dans les bras de saint Jean. Au ...
... sein de la production standardisée des albâtres flamands, cette composition ne semble jamais avoir été reprise. Seul le groupe si singulier de Marie et saint Jean trouve un lointain écho au premier plans de certains tableaux de la Crucifixion réalisés par le sculpteur Jean Mone qui, après avoir été actif en Espagne et voyagé en Italie, acquiert sa renommée en Flandre en travaillant comme sculpteur à la cour de Charles Quint, où ses albâtres contribuèrent à introduire certains accents antiquisants et nouveautés de la Renaissance. Une telle influence point dans les drapés lourds et fluides aux contours doux des étoffes de nos protagonistes.
Les élégantes arabesques ciselées sur les chausses et les surcots de certains d'entre eux évoquent là aussi celles que l'on retrouve parfois sur les armures des soldats qui peuplent les compositions de Mone et de son atelier, sans pour autant s'y superposer complètement et traduire un soucis de raffinement et de recherche ornementale comparables, alors qu'elle est ici poussée à son paroxysme sur les manches qui recouvrent les avant-bras de notre sainte femme.
Quant à la tête abandonnée du Christ et à sa chevelure aux mèches ondulées aérées, elle peut être rapprochée de celle d'un des personnages en détresse sur le relief de l'Espoir qui orne la tombe de l'église d'Enghien réalisée par Jean Mone vers 1525-1528, mais aussi de celle du Christ sur le très beau relief en albâtre de la Déploration du Cigarral de Menores attribué à Alonso Berruguete. Sur celui-ci, le profil à l'antique affirmé des protagonistes et leur grande expressivité s'offre en miroir aux figures de notre relief, signant ainsi possiblement sa réalisation en Espagne dans le second quart du XVIe siècle. Cette hypothèse tend à se voir confirmer par les nombreux rapprochements plus ou moins satisfaisants opérés précédemment avec l'oeuvre de Jean Mone, dont « l'inflexion espagnole » du style et la dette artistique envers l'Espagne a été de nombreuses fois démontrées au cours des dernières décennies.
Dimensions :
Avec cadre : H. 40 ; L. 46 cm.
Sans cadre : H. 29, 5 ; L. 36 cm.
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