Par Galerie Gabrielle Laroche
Provenance : Collection particulière alsacienne
Dès 1430, la sculpture connait un renouvellement stylistique profond et qui se poursuivra jusqu’en 1530, il s’agit du gothique dit tardif. Cette production est notamment marquée par une recherche de réalisme.
Cette importante Vierge à l’Enfant est revêtue d’une longue robe rouge à l’encolure dorée. Une fine ceinture dorée marque sa taille.
De sa main droite, elle retient un pan de son lourd manteau bleu au revers vert. De profonds plis en V en creusent le drapé tandis que s’étalent généreusement les plis de sa robe au niveau du sol, comme il était alors d’usage.
Son beau visage à l’ovale plein, aux yeux en amande, au nez droit et long, aux lèvres fermes au modelé délicat et au petit menton rond est emprunt d’une grande douceur. Son regard lointain lui donne néanmoins l’air pensif. Son front haut et large est ceint d’une couronne à fleurons qui maintient un voile. Un pan de ce dernier ...
... passe devant le buste de la Vierge, en diagonal. Elle le maintient de sa main gauche, sous l’Enfant Jésus. Son abondante chevelure blonde ondoyante se répand sur ses épaules et dans son dos.
Elle est représentée sans hanchement. Dans une pose très réaliste, son buste légèrement renversé en raison du poids de l’Enfant qu’elle porte sur son bras gauche.
Son enfant, à la chevelure aux mèches bien dessinées est nu. L’air poupin, les joues rehaussées de rouge, le regard vif, il tient dans sa main droite, un globe et de l’autre, il joue avec son petit pied. Ce geste anecdotique confère à cette sculpture une grande vitalité.
Cette oeuvre remarquable est un très bel exemple de sculpture des ateliers souabes des dernières décennies du XVe siècle. Elle en présente tous les éléments stylistiques caractéristiques : une silhouette robuste au ventre fort et hautement ceinturé, un visage plein au menton marqué, un drapé abondant aux plis anguleux mais encore, une grande présence physique accentuée par la polychromie qui restitue les détails anatomiques.
Sophie Guillot de Suduiraut, Dévotion et séduction, Sculptures souabes des musée de France, vers 1460-1530, Paris, musée du Louvre-Éditions Somogy, 2015