Par Galerie Gabrielle Laroche
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Cette Vierge à l’Enfant, mise en valeur par une riche polychromie, présente une attitude d’une grâce aimable et légèrement maniériste.
La Vierge est enveloppée dans un épais manteau maintenu par une agrafe et qui, ouvert sur sa poitrine laisse apercevoir le haut de sa robe rouge. Sa posture est marquée par un hanchement prononcé sur son côté gauche. Ce contrapposto imprime aux lourdes draperies qui couvrent la Mère de Dieu un mouvement délicat. Les amples plis ainsi formés descendent en cascades de l’épaule droite de la Vierge, jusqu’à son pied gauche, dégageant son genou droit autour duquel se forme un long pli à bec. Sur son bras droit, elle a rabattu un pan de son manteau retombant en long plis tubulaires.
La tête de la Vierge est recouverte d’un voile court qui descend sur ses épaules et sur son dos et que retient une couronne. Ce voile laisse apparaitre quelques mèches de cheveux ondoyant de part et d’autre de son visage.
Sur son côté ...
... gauche, elle porte l’Enfant Jésus, nu. Tandis que sa main droite se pose délicatement sous la hanche de l’Enfant Jésus, les doigts de sa main gauche s’enfoncent dans la chair tendre de son jeune garçon. De ses mains potelées, ce dernier retient le bout de manteau de sa mère renforçant l’impression de vie que dégage cette oeuvre. Son attitude joueuse et son visage rieur, les boucles joliment dessinées de ses cheveux, lui confèrent en outre une douceur confortée par le regard bienveillant de Marie.
C’est à un tendre moment d’intimité entre une mère et son fils que le sculpteur nous convie.
Cette Vierge à l’Enfant se réfère à un groupe de Madones qui virent le jour en Bohême et dont la plus illustre représentation reste sans doute la Madone de Krumlov (Kunsthistorische Museum, Vienne), dont l’auteur demeure anonyme. Ces Madones sont caractéristiques d’un art qualifié de « Belles Madones » qui met en accord parfait réalisme et douceur. Il émerge à la fin du XIVe siècle, à Prague et Salzbourg avant de se répendre dans toute l’Europe Centrale. Ces Madones, non dénuées d’un certain lyrisme, sont toutes présentées dans la même attitude. La Vierge porte l’Enfant sur sa jambe gauche. Sa silhouette sinueuse est couverte par de larges vagues d’étoffes. L’Enfant, représenté nu ou à demi nu semble émerger au milieu du tourbillon des draperies et focalise le regard du spectateur. Enfin, dans chacune de ces Madones, le sculpteur s’est appliqué à rendre le lien entre la Vierge Marie et l’Enfant Jésus.
De nombreux exemples illustrent l’importance que pût avoir ce type de Vierge à l’Enfant entre la fin du XIVe et le début du XVe siècle :
Variante de la Vierge de Krumlov, début XVe, Prague, Galerie Nationale
Vierge à l’Enfant de Wroclaw (Breslau), ca. 1400, Warsow, Muzeum Narodowe
Vierge à l’Enfant, Plzen, Eglise de Saint Barthélemy
Notre Vierge est une parfaite représentation de ces Vierges de la fin du XIVe et du début du XVe siècle et fut probablement l’objet d’une commande au XIXe siècle.
