Par Galerie Gabrielle Laroche
Le coffre est le meuble essentiel au Moyen Age et à la Renaissance. Muni de poignées, il est conçu pour être facilement transportable d’une demeure à une autre. Il pouvait renfermer le linge de maison, la vaisselle ou encore de l’orfèvrerie.
Le coffre était également le cadeau de noces par excellence et abritait le trousseau de la mariée.
Au milieu du XVIe siècle, le coffre se transforme profondément à la faveur d’une conception qui donne la priorité à l’architecture, à la sculpture et à l’image.
Ce coffre en bois de chêne, aux proportions imposantes, comporte un solide bâti composé de larges montants et traverses assemblés à tenons et mortaises, dans lequel viennent s’insérer trois panneaux sculptés.
En façade, une haute plinthe masque la base des montants formant pieds. Elle est sculptée d’une frise de canaux, surmontée de palmettes.
Le décor sculpté envahit le devant du coffre et en souligne la structure. Sur les ...
... traverses se déploie un décor végétal de roses et de palmettes réalisé symétriquement avec rigueur. Elles forment cadre à trois panneaux rectangulaires. Le panneau central est décoré de deux sphinges adossées.
Elles sont casquées et déploient leurs ailes tandis que leur corps est partiellement masqué par de longues feuilles. Au centre un mascaron de femme est posé sur des draperies. Les deux panneaux latéraux sont sculptés d’un décor similaire mais pas identique. En effet, on peut remarquer quelques variations dans les motifs.
Le panneau de gauche est orné d’un cuir découpé duquel émerge deux extraordinaires têtes de béliers. Le corps des deux ovidés se confond avec les cuirs et les motifs végétaux et s’achève par un bel enroulement. Un grand chou bourguignon s’épanouie entre leurs deux têtes. Au centre du panneau émerge, sculpté en haut relief, une autre tête de bélier.
Sur le panneau de droite, l’organisation est similaire. Le chou bourguignon est remplacé par une coquille et la partie inférieure du panneau est occupée par deux importantes fleurs écloses.
Le haut du coffre est bordé d’une frise de motifs géométriques formés par un réseau d’entrelacs, alternant ovales et rectangles.
Sur les côtés, la surface est divisée en deux cadres rectangulaires moulurés, décorés d’entrelacs formant cadres, de cartouches rectangulaires et de palmettes.
Le coffre est couvert d’un lourd abattant d’origine et ferme à clé.
La puissance et l’abondance de la sculpture conduisent à attribuer ce beau travail aux ateliers bourguignons. L’ordonnance régulière des thèmes s’accompagne d’une grande liberté d’imagination dans le traitement des figures. Le répertoire iconographique, d’une grande richesse, est puisé dans l’art bellifontain et ultramontain.
Les guerres d’Italie ont en effet favorisé les échanges et les influences entre la France et la péninsule. L’engouement pour l’italianisme mis à l’honneur par François Ier, la redécouverte de l’Antiquité impacte alors grandement l’art du meuble.
Bibliographie :
Jacques Thirion, Le Mobilier français Moyen Age, Renaissance, Faron, 1999
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