Par Galerie Gabrielle Laroche
Ce rare Cabinet de la Renaissance lyonnaise, ouvre à quatre vantaux à motifs de perspectives en trompe l’œil sculptées en bas-relief, et d’une ceinture à deux tiroirs, richement ornée.
Au XVe siècle, l'intérêt majeur pour l'architecture antique et pour les études sur la perspective, mis au point en 1457 par le grand architecte Alberti, développe le goût des commanditaires pour ces disciplines. Ceci apparaît dans la peinture où de nombreux bâtiments sont insérés, mais aussi dans la conception des meubles qui deviennent des répliques de réalisations architecturales.
De plus, des graveurs et artisans d’art italiens établis à Lyon, venus de Toscane, Bologne et Milan, peut amener à penser que ce cabinet pourrait avoir été exécute par l’un d’entre eux.
L'architecture de ce meuble à l'image des bâtiments de la Renaissance italienne présente une rythmique ternaire sur les deux corps, les vantaux étant scandés par des pilastres à cannelures ...
... et chapiteaux d’ordre ionique.
Le corps supérieur
Les deux vantaux du corps supérieur à motifs d’architectures en perspective ouvrent le meuble entre trois montants ornés de pilastre à fût cannelé surmonté d’un chapiteau ionique muni d’oves.
Les vantaux sont encadrés par une large frise moulurée en semi-relief, à décor de feuilles d’acanthe. Le travail effectué au sein de ces derniers mérite toute notre attention avec des vues architecturales civiles fantasmées se faisant face en miroir. Entre deux pilastres striés et gauffrés se démarque une ruelle dont le pavement dallé en diagonal accentue l’envergure de la perspective, amenant à un porche archivolté orné de fleurons sculptés. Le détail du plafond à caissons ajoute au raffinement de l’ensemble de la composition.
L’entablement richement travaillé, se compose d’une succession de frises sculptées encadrant la corniche ornée d’une frise à denticules et modillons.
La base du corps supérieur moulurée de palmettes s'adapte élégamment au sommet du corps inférieur.
En ceinture, une belle enfilade de godrons sculptés dissimulant les deux tiroirs de façade, se poursuit sur les côtés du cabinet. Sculptée en haut relief, elle donne de l’épaisseur et du caractère à l’ensemble. De fastueuses feuilles d’acanthe se déploient au centre ainsi qu’aux angles du cabinet.
Le corps inférieur
Le corps inférieur présente le même décor sculpté et les mêmes perspectives que le corps supérieur, équilibrant l’ensemble de la compostion du Cabinet.
Les côtés du cabinet offrent au regard de très belles perspectives en trompe l’œil. Le corps supérieur révèle un porche voûté en plein cintre dont l’architrave est ornée de fleurons. Le corps inférieur reprend le même thème que celui en façade, dans une vue plus rapprochée et avec un plafond à caisson répondant en proportion au pavement dallé du sol.
La base du meuble constituée d’une plinthe entre deux moulures révèle une certaine sobriété.
Bibliographie
Peter Thornton, L’Epoque et son style, La Renaissance Italienne, 1400-1600, Flammarion, 1991.
Vitruve, Les dix livres d’architecture, Balland, 1979.