Par Kolhammer & Mahringer Fine Arts
Spécialisé dans les sculptures et les peintures de maîtres anciens
Daniel Mauch
Ulm vers 1477 - 1540 Liège
Attribué à
Hildegarde de Bingen
Vers 1520
Noyer sculpté
Vestiges de la polychromie d'origine
hauteur 44,5 cm
Hildegarde de Bingen (Bermersheim 1098 – 1179 Bingen) était une fondatrice de monastère, une abbesse et une mystique. Elle était également une grande naturaliste et naturopathe, qui a mis par écrit ses connaissances sur les forces de la nature dans deux ouvrages qui la rendent célèbre aujourd’hui encore en tant que « premier médecin écrivain » : Physica (science naturelle) et Causae et curae (causes et traitement). Cette dernière œuvre a été rédigée vers 1150-60. Elle traite entre autres de la création et de la relation entre le corps et l’âme, du cosmos, des personnes saines et malades et des méthodes de guérison issues de la médecine monastique traditionnelle. L’observation exacte des phénomènes naturels est particulièrement importante ; même les plaintes des femmes sont traitées avec ...
... un détail et une franchise étonnants. Hildegard von Bingen a toujours souligné qu’elle avait reçu ses connaissances sous forme de visions divines et qu’elle avait reçu l’ordre de les mettre par écrit.
La mystique est extrêmement rarement représentée de manière sculpturale ; le fait qu’elle soit en outre datée de la fin de l’époque gothique fait de cette figure une rareté encore plus grande. Cette extraordinaire figure de la sainte, sculptée en plein cintre, est particulièrement expressive grâce à ses mimiques et à sa gestuelle. Elle est représentée en position verticale, les mains jointes sur la poitrine dans un geste de prière. Elle regarde vers le haut, peut-être en train de dialoguer avec Dieu. Ses yeux enfoncés sont encadrés par des arêtes de sourcils courtes et acérées. Les yeux en amande sont grands ouverts. Son nez retroussé est centré sur son visage ; sa bouche est déformée en un léger sourire. Son visage rond est encadré d’un vélan typique sur un foulard qui cache ses cheveux et son cou. Un manteau moulant est jeté sur ses épaules et se recroqueville à ses pieds. Les plis sur les manches, qui s’enroulent autour de ses bras en formations circulaires, sont particulièrement impressionnants. En dessous, des plis en forme de cuvette apparaissent. Des panneaux plissés volumineux et anguleux alternent avec des parties ajustées sur le manteau. Au sol, des plis d’oreilles sont montrés. Sur le côté gauche, on peut voir des plis en V, irréguliers, en forme de cuvette, tandis que sur le côté droit, des plis serrés sont représentés dans une sorte de style mouillé. Cela confère à la figure un contraste intéressant dans la structure de la surface, qui guide l’œil du spectateur sur le vêtement. Le dos de la figurine est plus sobre, ce qui indique que la figurine a été conçue pour être exposée.
Du point de vue stylistique, la figure présente une forte parenté avec les travaux d’atelier de Daniel Mauch. Mauch, le dernier grand artiste de l’école d’Ulm, revêt une importance particulière. C’est ainsi qu’il ouvrit son propre atelier à partir de 1503 et travailla avec celui-ci sur de nombreux projets d’autels du gothique tardif. Ses œuvres montrent déjà des signes de transition entre le gothique tardif et la Renaissance. La bouche presque malicieuse et la robe richement plissée aux plis compliqués présentent des similitudes avec l’Anna Selbdritt de Mauch, vers 1510/15, conservée au Germanisches Nationalmuseum de Nuremberg (Inv. n° Pl.O.199). Les plis du bol en plusieurs parties autour du cou correspondent en outre à nombre de ses représentations de sainte Anne dans le Saint Siège (notamment Bayerisches Nationalmuseum, Munich, inv. n° MA 1880 ; église paroissiale de l’Assomption, Tomerdingen).