Giuseppe Bossi (1777-1815) - Études de Figures assises

... sa fascination pour la ligne, la forme et les idéaux classiques de la beauté. Il joua un rôle clé dans le renouveau intellectuel et culturel du néoclassicisme en Italie à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle. La plume et l'encre étaient des supports idéaux pour mettre en valeur son talent pour le tracé. Ses dessins se distinguent par des lignes précises et nettes, avec une attention particulière portée aux contours des formes humaines. La clarté et le contrôle des lignes dans son travail reflètent l'influence de Raphaël et des maîtres de la Renaissance, réputés pour leur maîtrise du dessin.

Dans cette esquisse, Bossi explore les formes humaines à travers deux figures accroupies, rendues avec des traits d'encre rapides et fluides. Le dessin démontre sa maîtrise du geste et la simplicité avec laquelle il capture la tension corporelle et l'introspection des sujets. Malgré la spontanéité apparente des lignes, chacune semble posée avec soin pour transmettre la forme, tout en maintenant une exécution sans effort. Ce dessin à la plume et à l'encre représente des figures masculines, dessinées avec une attention particulière à la musculature et aux proportions.

Comme beaucoup d'artistes néoclassiques, Bossi était profondément investi dans l'étude de l'anatomie et de la figure humaine. Ces figures, repliées sur elles-mêmes, pourraient refléter une exploration de la condition humaine, un thème central du néoclassicisme, qui mettait l'accent sur les idéaux de beauté et de vérité. Ce type d'étude préparatoire, souvent réalisée en parallèle avec des compositions plus élaborées, révèle l'accent mis par Bossi sur la structure anatomique et l'expression intime des émotions à travers le corps.

En plus de sa maîtrise technique, ce dessin à la plume et à l'encre transmet une forte charge émotionnelle. Ces figures, montrées dans des poses dynamiques et des gestes expressifs, traduisent le drame ou le pathos du moment. Bossi avait le talent d'utiliser l'expressivité de la ligne pour capturer des émotions subtiles, particulièrement dans les poses.

Les dessins à la plume et à l'encre de Bossi servaient souvent d'exercices académiques, notamment dans son exploration de l'anatomie et de la composition. Beaucoup de ces études étaient des préparations pour des œuvres plus grandes, l'aidant à affiner les proportions et les arrangements de ses figures. On peut établir des comparaisons stylistiques entre ces Études de figures assises et les dessins suivants de Bossi :

• Études de quatre figures assises, crayon, plume et encre brune, lavis brun sur vélin, 19,6 x 26,2 cm, Karl & Faber, 10 mai 2019, lot 196 ;
• Études de figures, plume et encre brune sur papier, 11,5 x 14 cm, Porto & C., Milan, lot 114 ;
• Étude pour l'Apothéose de Bodoni, plume et encre brune sur papier, 21 x 15,5 cm, Finarte, Milan, lot 84.

Né à Busto Arsizio, près de Milan, Giuseppe Bossi étudia à l'Académie des Beaux-Arts de Brera à Milan et passa les années 1795 à 1801 à Rome, où il dessina les vestiges romains et perfectionna ses compétences en dessin d'anatomie à la morgue d'un hôpital. Il se lia d'amitié avec Canova, qui réalisa un buste de Bossi. En 1802, il rencontra Jacques-Louis David à Lyon, bien que son propre style s'écartât des techniques rigoureusement classiques de David.

De retour à Milan, il intégra le cercle des jeunes artistes progressistes formant la Cameretta Portiana. Il devint secrétaire adjoint, puis secrétaire (1802-1807) de l'Académie de Brera, dont il fonda essentiellement la Pinacothèque. Lors de la visite de Napoléon à Milan en 1805, Bossi exposa à la Pinacothèque un dessin du Jugement dernier de Michel-Ange, ainsi que des peintures représentant l'Aurore et la Nuit, Œdipe et Créon, et le Parnasse italien. L'Académie de Brera lui doit sa remarquable collection de moulages d'œuvres célèbres, acquis à Paris, Rome et Florence.

Bossi consacra une grande partie de sa vie à l'étude des œuvres de Léonard, dont il imita la manière de dessiner avec une telle précision que ses productions furent parfois attribuées à Léonard. Son journal (1807-1815) est une source précieuse pour comprendre la vie artistique officielle du Milan napoléonien. Bossi mourut à son domicile de la Via S. Maria Valle, à Milan. Un monument réalisé par Canova fut érigé en son honneur à la Bibliothèque Ambrosienne, et un buste fut placé à la Brera.

Les dessins à la plume et à l'encre de Bossi jouèrent un rôle important dans la formation du mouvement néoclassique en Italie. Son style précis et classique reflétait les aspirations intellectuelles de son époque, cherchant à raviver les idéaux artistiques de la Grèce et de Rome antiques. Sa maîtrise technique et son attachement aux principes classiques lui valurent une place de choix dans les cercles artistiques milanais, et son travail eut une influence durable sur la génération suivante d'artistes italiens.

Bien que Giuseppe Bossi soit mort relativement jeune, sa contribution au mouvement néoclassique, notamment à travers ses dessins, demeure significative. Ses œuvres sont étudiées et admirées pour leur clarté formelle, la grâce de leur tracé et leur engagement envers les idéaux de beauté qui définissent le néoclassicisme.

Cette feuille, bien que modeste par sa taille, mais caractéristique des esquisses préparatoires de Bossi, nous plonge dans le processus créatif d'un artiste en quête de perfection formelle et émotionnelle, en résonance avec les grandes préoccupations esthétiques néoclassiques de son époque.