Georges Jacob est né en 1739 à Cheny dans la région bourguignonne. Fils d’Etienne Jacob et de Françoise Beaujan, laboureurs, il arrive très jeune à Paris en 1755 comme apprenti menuisier chez Jean-Batipte Lerouge – établi rue de Charenton. Il entre ensuite comme compagnon chez Louis Delanois, le fournisseur de Madame du Barry, maîtresse de Louis XV. Promoteur du style néoclassique dans le siège, Delanois exerce sans conteste une influence sur les modèles de Jacob. Reçu maître en 1765 grâce à un petit siège en bois doré, Jacob créé par la suite son propre atelier de toute pièce. Deux ans après, il épouse Jeanne-Germaine Loyer issue d’une famille de maîtres brodeurs. Etabli dans ses premières années rue de Cléry, ses ateliers sont transportés en 1775 rue Meslée où se déroule la période la plus favorable de sa carrière et où sont exécutées les plus grandes commandes royales.
Georges Jacob est un innovateur : c’est aussi dans l’agencement et la décor des pieds et dans les bras de ses sièges que l’on retrouve des formules lancées sinon imaginées par lui. Nombre de ses sièges reposent ainsi sur des pieds fuselés à cannelures rudentées. Ces pieds se raccordent à la ceinture par un dé ou case, orné d’une rosace. Dans les modèles les plus luxueux des rubans, des guirlandes ou des feuillages s’enroulent parfois autour des pieds où les cannelures sont remplacées par des faisceaux de flèches. Mais la grande nouveauté mise à l’honneur par l’ébéniste et exploitée à peu près exclusivement par lui est celle des pieds en console, terminés au sommet par une volute. Ils figurent habituellement sur des chaises à dossier en raquette et sur des fauteuils pivotants de bureau ou de toilette. Il est aussi le promoteur des supports d’accotoirs en forme de balustre diversement profilés et sculptés. La sculpture enfin joue un rôle de premier plan dans la majorité des sièges, meubles de menuiserie, écrans et consoles de Jacob, souvent assez abondante. Elle comporte des frises de rubans torsadés, plus ou moins enjolivés de feuillages ou de perles, de frises d’entrelacs, de rinceaux de feuillages, ou de rangs de piastres - en particulier sur les parties courbes des accotoirs - des rangs de perles, des rais-de-cœur, des feuilles d’acanthe stylisées, ou enfin des cannelures droites ou torsadées.
Sur des sièges de commandes comme le fameux mobilier « aux épis » se développe une ornementation sculptée des plus naturalistes pour laquelle les plus curieux veulent y trouver l’origine dans l’ascendance paysanne de l’ébéniste. On y trouve ainsi traité avec une rare minutie des fleurs, lilas, muguet, violette et rose, et des feuillages, vigne, laurier et chêne. Le règne animal est également présent avec des têtes d’aigle au dossier et aux accotoirs de plusieurs sièges ou des mufles de lion comme sur les fauteuils de la Marquise de Marboeuf. Ces sculptures sont parfois confiées à des sculpteurs comme Jean-Baptiste Rode. Des peintres doreurs peuvent également être sollicités.
La Révolution le place néanmoins dans une position difficile. Nombre de ses clients émigrent et ne règlent pas leur dette. En 1796, il finit par faire banqueroute et transmet son atelier à ses deux fils, Georges Jacob Fils et François-Honoré qui créent l’entreprise Jacob Frères Rue Meslée, active sous le Directoire et le Consulat.