Louis Delanois laisse derrière lui un grand nombre de sièges, aussi bien de style Louis XV que Louis XVI, qui témoignent tous de son talent. Après ses débuts dans un atelier de la rue Bourbon-Villeneuve, le succès est rapidement au rendez-vous et il décide de s’établir rue des Petits-Carreaux, où, parallèlement à son activité principale, il pratique le commerce du bois. Delanois travaille pour des marchands, pour d’illustres personnalités comme le comte d’Artois, le prince de Condé ou le duc de Chartres, pour de riches collectionneurs mais surtout pour la comtesse du Barry, qui lui passe de très nombreuses commandes.
Associé au sculpteur Joseph Nicolas Guichard et au doreur Cagny, il exécute ainsi, dès 1769, pour son appartement au château de Versailles, un lit sculpté de fleurs, un canapé, trois fauteuils et treize chaises pour le salon, trente et une chaises pour la salle à manger et dix-neuf ornées des attributs de la Guerre, de la Châsse, de la Pêche et de l’Amour, pour la galerie. Des sièges de grand luxe garnissent également le pavillon de Louveciennes.
La réputation de Louis Delanois s’étend à l’étranger où l’on lui assure des débouchés très prometteurs. La quasi-totalité de ses commandes est méticuleusement consignée dans son Livre des Ouvrages et des Fournitures de Meubles faits à crédit. Ce document témoigne de l’étendue des activités de Delanois mais également des recherches permanentes exercées pour concevoir des formes et des décors renouvelés.
L’œuvre de Delanois joue ainsi une influence primordiale sur l’évolution des styles de l’époque et plus précisément sur la formation précoce du style Louis XVI en plein règne de Louis XV.
Les modèles Louis XV, les plus nombreux, qu’ils soient de fabrication classique ou de commande, révèlent l’habileté et le goût du fabricant et de ses collaborateurs. De belles proportions, une structure à la fois robuste et souple, des lignes élégamment ondulées, ainsi se caractérise toute une série de fauteuils à la reine et de bergères exécutés par Delanois. Il invente également le dossier à médaillon. Le décor reste sobre ; il se limite parfois à des moulures en particulier sur les sièges en cabriolet et les sièges cannés. La sculpture de fleurs et de feuillages reste limitée. Siège Louis XV de qualité, on recense également chez Delanois une large chaise chauffeuse moulurée, ornée d’agrafes au dossier mais aussi de nombreux canapés, lits et lits de repos à crosse ou encore des chaises longues, tous d’une grande élégance et d’une rare qualité de sculpture.
S’il décide de poursuivre assez longtemps la fabrication de sièges Louis XV, Delanois se présente aussi comme l’un des innovateurs du style Louis XVI. Moins nombreux que les modèles Louis XV, les sièges Louis XVI de Delanois sont, à l’inverse, plus richement ornés.
En 1777, malgré son succès, de grosses difficultés financières l’obligent à vendre son atelier à son confrère Martin Jullien. Elles l’acculent finalement à la faillite en 1790. Après son décès, une vente est organisée, annoncée par Les Petites Affiches du 6 août 1792.
MUSÉES
- Fauteuils, Duchesse brisée, ... - Musée du louvre
- Fauteuil à la Reine - Musée des Arts Décoratifs
- Grand fauteuil à la reine à châssis fin Louis XV - Metropolitan Museum - New York
- Fauteuil Louis XV à la reine - Château de Bouges
BIBLIOGRAPHIE
- Une analyse des comptes de Louis Delanois éclaircit le rôle des menuisiers au 18e siècle - Pierre Verlet - Connaissance des Arts, N. 197-198, juillet/août 1968, p. 66-69
- Le Mobilier Français du XVIIIème Siècle - Pierre Kjellberg - Les Editions de l'Amateur - 1989
- Les ébénistes du XVIIIe siècle - Comte François de Salverte - Les éditions d'Art et d'Histoire - 1934
- L'art et la manière des maîtres ébénistes français au XVIIIe siècle - Jean Nicolay - édition Pygmalion - 1976