Par Franck Baptiste Provence
Rare commode de maitrise en acajou massif ouvrant par trois tiroirs.
Modèle de forme tombeau, c’est à dire galbé concave et convexe en plan et en élévation, en façade comme sur les cotés.
Les façades des tiroirs ornées de deux réserves profondément moulurées séparées par un médaillon central.
Les cotés à trois panneaux séparés par deux traverses.
Les épais montants à deux registres moulurés en élégie sont prolongés par des pieds fortement cambrés qui sont terminés par des petits enroulements en escargots.
Les traverses des cotés et de la façade sont nerveusement chantournées et moulurées.
La commode est coiffée d’un épais plateau monoxyle.
Dos et intérieurs des tiroirs en chêne massif.
Poignée en laiton d’origine.
Bel état de conservation; petites restaurations d’usage aux pieds et aux angles des tiroirs.
Chef d’oeuvre d’accession à la maitrise d’un ébéniste de la Rochelle, époque Louis XV vers ...
... 1750-1770.
Dimensions :
Largeur : 56 cm ; Hauteur : 44 cm ; Profondeur : 31 cm
Notre avis :
La petite commode que nous présentons n’est pas un « modello » , c’est à dire un modèle publicitaire que l’ébéniste présentait à ses clients pour leur permettre de visualiser leurs futures commandes ; mais bien son chef d’oeuvre réalisé lors de son apprentissage.
A cette époque l’accession à la maitrise nécessitait de présenter une telle pièce aux représentants de la corporation ; elle permettait aux autres membres de juger du niveau technique de l’apprenti et d’éventuellement lui accorder le sésame nécessaire à son installation.
La conception de ces « morceaux de réception » diffère complément des « modellos » publicitaires qui sont montés à la va vite , collés, cloués etc.
Ici le montage est identique en tous points au modèle grandeur nature, assemblages à chevilles, à tenons et mortaises, à queues d’arondes pour les tiroirs ; à panneaux pour les fonds.
Le montage, la grande finesse des escargots, la double moulure des traverses sont autant d’indices qui nous démontrent le grand raffinement de notre commode.
Comme souvent sur ces chefs d’oeuvre, les poignées furent réalisées sur mesure avec un maitre ferronnier, pour parfaire le modèle.
La ceinture unique qui souligne le tiroir du haut, la grande hauteur des pieds, la finesse des escargots et la découpe trés nerveuse des traverses nous orientent vers le nord de l’Aquitaine, plus précisément vers la cité de La Rochelle qui fût un des grands foyers de l’ébénisterie de port.
Notre commode allie en effet la puissance des galbes en tombeau des commodes bordelaises à la délicatesse des moulurations du mobilier nantais.
Cette double influence est caractéristique du mobilier Rochelais.
Ces chefs d’oeuvre sont aujourd’hui de la plus grande rareté, surtout ceux réalisés en bois exotique car ces précieuses essences coutaient fort cher à l’époque.
Ils n’était pas destinés à la vente, les maîtres les conservaient précieusement durant toute leur vie avant de les transmettre à leur descendance, ce qui les rend unique.
Cette extrême rareté fût renforcée par le fait que les fils de maîtres avaient pour privilège d’accéder à la maitrise sans présenter de morceaux de réception.
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