Par Galerie Lamy Chabolle
Mobilier et objet d'art des XVIIIe, XIXe et XXe siècle
Paire de candélabres égyptomanes aux cygnes.
Bronze doré.
Italie.
Fin du XVIIIe siècle ou XIXe siècle.
h. 56 cm ; l. 23 cm.
Exceptionnelle paire de candélabres à quatre bras de lumière ; un modèle unique en bronze ciselé et doré au mercure, au décor d’une grande richesse : rais-de-cœur, guirlandes, feuilles d’eau et d’acanthe, rosettes, palmettes et volutes sur la panse des cygnes.
L’élément le plus remarquable de ces candélabres est peut-être la sculpture et la ciselure des cygnes : les plumes aux ailes des cygnes et sur leur poitrine sont ciselées avec une impressionnante finesse, leur face est sévère, humanisée, expressive. Ce n’était pas la représentation naturaliste et fidèle d’un cygne qui était recherchée, et pourtant certains détails, comme le tubercule, une petite excroissance poussant à la naissance du bec des cygnes mâles, et qui les distingue des cygnesses, montrent que le sculpteur a fait un choix conscient et mesuré ...
... dans l’imitation de la nature et la recherche du symbole.
Il en va de même du personnage qui coiffe le fût de chaque candélabre. Ici encore l’auteur a choisi sciemment, ici et là, entre imitation et fantaisie : c’est une figure issue d’une Égypte imaginaire, coiffée d’un némès, tel qu’on les trouve représentés dans les planches de Montfaucon ou de Caylüs, mais un némès fantastique dont le Khat se change en volutes quasiment rococo.
Le mélange de tous ces éléments rend la datation de ces candélabres difficile : la richesse du décor et en particulier ses courbes, les volutes du némès ou les enroulements de feuilles d’acanthe, rattachent ces candélabres à une période de transition entre les styles rococo et néoclassique, et le type même des ornements n’est pas sans rappeler le répertoire du dessinateur italien Michelangelo Pergolesi, connu pour ses travaux décoratifs en Angleterre réalisés sous la direction des frères Robert et James Adam. À cela s’ajoute une iconographie égyptomane tenant plus du caprice que de la méthode historique, iconographie passée de mode après le Voyage de Denon en Basse et Haute Égypte ou encore les études de Champollion ; cette période est celle des fresques égyptomanes du Caffè degli Inglesi, familières aux grands touristes britanniques de passage à Rome dans les années 1760 et immortalisées par Piranèse dans ses Diverse maniere d’adornare i cammini, publiées en 1769.
Le type du fût quadrangulaire, toutefois, et quelques éléments dans le montage de ces candélabres, pourraient en faire une oeuvre du XIXe siècle, plus proche de l’Egyptian Revival et de la période Regency. Ils seraient alors à rapprocher d’autres candélabres du même type, notamment d’une paire fournie ca. 1811 au Régent George IV par Alexis Decaix ou, selon d’autres hypothèses, par les orfèvres Philip Rundell et John Bridge.
Sources
John Aldam Heaton, Furniture and Decoration in England during the Eighteenth Century. Facsimile Reproductions of the Choicest Examples from the Works of Chippendale, Adam, Richardson, Heppelwhite, Sheraton, Pergolesi, and Others, 4 vol., Londres, 1889-1892.
Egyptomania. L'Egypte dans l'art occidental. 1730-1930, Paris, 1995.
Enrico Colle et al., Bronzi decorativi in Italia, Milan, 2001.