Par Alexia Say
Camille Fauré
Vase Art Deco en cuivre émaillé à décor géometriques .
Limoges, France, , vers 1930La technique de l’émail en relief pris naissance dans les années 1920. Elle consiste à poser sur un cuivre préalablement recouvert de paillon d’argent des transparents et des opales en couches compactes et épaisses. Après une cuisson très bien maîtrisée, l’émail a un rendu spécial en relief. Cette technique fut mise au point dans les ateliers Fauré qui ont produit autour des années 20-30 un grand nombre de vases en émail en relief connu sous le nom des vases Fauré.
HISTOIRE DE LA TECHNIQUE
La technique de l’émail en relief est rattachée aux vases Fauré. Elle est apparue à Limoges vers 1920-1930 dans les ateliers de Camille Fauré. Camille Fauré, entrepreneur, n’était en fait que le propriétaire d’un atelier d’émail à Limoges après s’être aperçu que ce pouvait être un marché vendeur. En 1919 jusqu’à 1924, Fauré engage ...
... Alexandre Marty, et sa fille Henriette. Alexandre Marty est un émailleur expérimenté, élève et gendre d’un décorateur sur porcelaine réputé : Alfred Broussillon. Leur travail consiste à proposer des petits vases flammés et givrés, estampillés « Fauré Marty Limoges ». La production alors reste dans le style de ce qui se faisait à Limoges à cette période, notamment la technique de la grisaille dont ils étaient de grands experts
Les sources divergent pour savoir qui est l’inventeur de la technique de l’émail en relief. Il apparaîtrait qu’Henriette Marty, la fille d’Alexandre Marty était une émailleuse très douée et se fut sans doute elle qui fit les premières recherches sur l’émail en relief. En effet, la grisaille qui est une technique de dégradés d’un même opale sur un fond obscur utilise le relief pour accentuer la blancheur de l’opale. La technique de l’émail en relief viendrait peut-être de là.
Mais à la différence de la grisaille qui utilise seulement un peu de volume, les ateliers Fauré développerons un véritable savoir-faire en réalisant des pièces ayant jusqu’à 2cm d’émail d’épaisseur.
En 1925, Camille Fauré renvoie Alexandre Marty mais embauche cinq émailleurs de grand talent dont Louis Valade, Lucie Dadat et Pierre Bardy, Suzanne Lacour et Annie Soumagnac. C’est à cette période que voient le jour, des vases en relief au décor marqué par les l’Art Déco, aux formes géométriques. La signature des vases de vient alors « Fauré, Limoges, France » ou « C Fauré Limoges France ».
Dès 1925, il rencontre un franc succès à la Foire de Lyon et ce jusqu’en 1930 où il est frappé par la crise.
L’atelier Fauré était très spécialisé et chacun avait son expertise.
Aujourd’hui, les ateliers Fauré ont disparu (fermeture dans les années 80). Les émailleurs sont morts en emportant le secret de leur technique. Il ne reste aujourd’hui qu’une seule émailleuse ayant travaillée dans les ateliers Fauré : Mauricette Pinoteau qui réalise des bijoux et des vases selon la même technique.
La technique, de ce qu’on en sait, consiste donc à mettre en forme un vase en cuivre sans fond. Ce travail était réalisé par un dinandier au sein de l’atelier. L’absence de fond permettait apparemment de faciliter la dépose d’émail et la cuisson en introduisant un axe dans le vase pour le faire tourner délicatement.
Le vase était ensuite probablement recouvert d’une couche de fondant, puis cuit avant la dépose de paillon d’argent sur toute sa surface. En effet, l’argent, à la différence du cuivre, ne calamine pas. Il permettait ainsi les retouches si, par erreur, de l’émail tombait lors de la cuisson. Ce qui aurait été impossible avec du cuivre.
Les parties très épaisses de l’émail en relief étaient réalisées avec un opaque blanc. Comme les ateliers Fauré étaient à Limoges, on peut supposer qu’ils utilisaient des émaux Soyer fabriqués dans la même ville et donc probablement l’opale 101 qui se fabrique encore aujourd’hui.
Cet émail était trituré très fin puis mélangé avec une colle avant d’être appliqué à la spatule. La colle peut ternir les émaux transparents donc ils devaient avoir une colle très propre. La dépose à la spatule permettait d’écraser l’émail lors de la dépose pour le rendre très compact.
L’étape de la cuisson était fondamentale et était la spécialité d’un seul homme dans l’atelier. Lui seul savait cuire à point les émaux pour que le relief ne tombe ni ne coule. Selon l’effet recherché, les émaux des vases Fauré sont parfois brillants ou givré (technique qui consiste à légèrement sous-cuire un émail pour garder la texture sableuse de l’émail avant la cuisson). Le four était électrique.
La plupart des vases Fauré sont dans les tons verts et bleus car ce sont les émaux qui réagissent le mieux avec l’argent. En effet, les émaux rouges et jaunes ont tendance à s’oxyder au contact de l’argent et à changer de couleur. Cependant, certains vases Fauré sont dans des tons chauds, montrant la capacité de ces émailleurs à contrôler les processus.
CONCLUSION
Ce que l’histoire ne retient pas, c’est que ce ne sont pas Camille Fauré et Alexandre Marty les véritables créateurs des vases Fauré mais leurs filles : Andrée Fauré et Henriette Marty. La première réalisait les dessins et la seconde maîtrisait la technique de l’émail en relief.