Par Galerie Lamy Chabolle
Mobilier et objet d'art des XVIIIe, XIXe et XXe siècle
Buste en marbre de la Vénus italique d’après Antonio Canova.
Marbre de Carrare.
XIXe siècle.
Italie.
h. 63 cm ; l. 32 cm.
Buste en marbre de la Vénus italique d’après l’une des quatre versions de la Venere italica sculptées par Antonio Canova de 1804 à 1822.
Antonio Canova avait conçu la Venere italica à la suite d’un mouvement italien appelant à remplacer la Vénus Médicis des Offices, qui, après avoir été déplacée à Palerme pour échapper aux pillages des troupes napoléoniennes, avait été cédée sous les pressions diplomatiques de Talleyrand pour être exposée au « Musée Napoléon », c’est-à-dire au Louvre, où elle est entrée en 1803.
L’intérêt de Bonaparte pour la Vénus Médicis s’était exprimé dès le commencement des campagnes d’Italie : au Directoire exécutif il écrit, le 2 juillet 1796, après être entré dans la ville : « J’ai vu à Florence la célèbre Vénus qui manque à notre Museum… »
Depuis cette ...
... visite, Tommaso Puccini, directeur des Offices, ayant guidé lui-même la visite de Bonaparte, avait pris la mesure de ses velléités. Il fit envoyer en 1800 la Vénus Médicis à Palerme avec d’autres pièces importantes des collections des Offices, pour qu’elles échappent à la menace des troupes républicaines. Puccini, cependant, n’ignorait pas que la Vénus, même éloignée en Sicile, risquait, comme l’Apollon du Belvédère enlevé à Rome, de finir à Paris. Puccini semblait en outre estimer que seule une copie moderne de la Vénus, de la main du plus grand sculpteur vivant, pourrait panser l’orgueil blessé des Florentins. C’est ainsi qu’en 1802, Tommaso Puccini fit la demande à Canova, alors de passage à Florence, de sculpter de sa main une copie de la Vénus Médicis, non pas telle qu’elle était devenue, au gré des nombreuses restaurations modernes, souvent critiquées au XVIIIe siècle, mais telle que Canova pouvait s’imaginer qu’elle avait été à l’origine ; ou comme si, du moins, ces restaurations avaient pu être corrigées par Canova.
Canova, d’abord réticent, accepte ; il décide ensuite, non seulement de donner une copie idéale de la Vénus Médicis pour les Offices, mais encore d’y ajouter une Vénus « jumelle » et de son invention. Le désir qu’avait Canova de produire une copie de l’antique, toutefois, s’estompe peu à peu devant, soit qu’il ait été vaincu par celui de sculpter une Vénus nouvelle, soit qu’il ait dû céder à la difficulté de produire une Vénus qui puisse à la fois contenter les amateurs habitués aux restaurations de la Vénus Médicis, et les érudits conscients des restaurations inadéquates dont elle avait été victime.
Quatre versions ont ainsi été sculptées par Canova d’après le modello de cette Vénus nouvelle : la Vénus dite di Monaco, c’est-à-dire de Munich, conservée à la Residenz et achevée pour Louis Ier de Bavière en 1810 ; la Venere italica, installée un temps à la Tribune des Offices avant le retour de la Vénus Médicis en 1815, désormais au Palazzo Pitti et achevée en 1811 ; une Vénus commandée par Lucien Bonaparte, frère de Napoléon, sculptée entre 1811 et 1814 et aujourd’hui disparue, et une Vénus, enfin, dite Vénus Hope, achevée pour Thomas Hope en 1820 et conservée depuis 1959, après diverses ventes, donations et successions, à la galerie municipale de Leeds.
Il est à noter que la ressemblance est grande entre le célèbre marbre de Pauline Borghèse en Venus vitrix, achevé par Canova en 1808, et le visage idéalisé de la Vénus italique : c’est que, bien qu’il soit à peu près certain que Pauline Borghèse ait réellement posé, pour le corps, devant Canova, il est probable que son visage ait été maquillé sous les traits du modello conçu par Canova en préparation des quatre versions connues de la Venus italique.
De subtils détails quant au modelé du visage et de la chevelure, en particulier le nombre de boucles au-dessus du front, indiquent que ce buste en marbre a été sculpté d’après la Vénus du Palazzo Pitti et non de celle de la Residenz, ni encore d’après le buste de l’Hermitage, attribué à Canova à la fin du XXe siècle, et encore moins de la Vénus Hope. Quelques dégâts discrets sont aussi à noter sur le marbre.
Sources
Correspondance de Napoléon Ier publiée par ordre de l’Empereur Napoléon III, t. I, Paris, 1858.
Éouard Driault, Napoléon en Italie (1800-1812), Paris, 1906.
Nina Kosareva, Canova and his Works in the Hermitage, Saint-Petersbourg, 1961.
Hugh Honour, "Canova's Statues of Venus", dans The Burlington Magazine, vol. 114, n° 835, Octobre 1972.
Mario Praz et Giuseppe Pavanello, L’Opera completa del Canova, Milan, 1976.
Francis Haskell et Nicholas Penny, Taste of the Antique. The Lure of Classical Sculpture. 1500-1900, New Haven, 1981.
Antoinette Le Normand-Romain, « Le Néo-classicisme », dans La Sculpture de l’antiquité au XXe siècle, Genève, 2015.
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