Par Galerie Sismann
En France, dans le domaine des objets d'art, le XVIe siècle marque le renouveau des ateliers de Limoges, spécialisés depuis le XIIe siècle dans l'émaillerie, avec la mise au point de la technique de l'émail peint. Celle-ci consiste à ajouter à de la poudre d'émail un liant afin d’obtenir un mélange pâteux pouvant être déposé à la spatule ou au pinceau sur un support de cuivre destiné à recevoir le décor. Ce dernier s’obtient ensuite par la superposition de plusieurs couches d’émail de couleurs variées qu’un nombre identique de cuissons permet de fixer. Ce type de décor extrêmement raffiné fait la gloire des ateliers de Limoges jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. Les plus fervents représentant de cette technique complexe sont Léonard Limosin, Pierre Reymond ou encore Pierre Courteys à qui nous proposons d’attribuer cette plaque représentant saint Jérôme, figure austère et contemplative de l’ermite chrétien, agenouillé ici dans un paysage ...
... reculé. L’artiste capte la spiritualité et la solitude du saint portant la barbe longue, symbole de son renoncement au monde matériel, souligné également par son manteau et son couvre-chef de cardinal, abandonnés sur un arbre. Il est vêtu d’une simple tunique dévoilant son torse émacié et meurtrie par la pierre avec laquelle il se frappe la poitrine pour faire pénitence devant un crucifix. Au pied de ce dernier, appuyé contre un arbre, un livre évoque son travail de traduction des textes sacrés, et la Vulgate. Derrière lui, repose à ses pieds un lion, emblème traditionnel de Saint Jérôme, faisant référence à la légende selon laquelle il apprivoisa l’animal en retirant une épine de sa patte, démontrant la supériorité de la pensée et de l’humanisme sur la sauvagerie.
Particulièrement apprécié par une clientèle lettrée et humaniste qui aimait s’identifier à ce saint cultivé, cette plaque dû être commandée auprès de l’atelier du célèbre Pierre Raymond. Son rapprochement stylistique direct avec une plaque du musée du Louvre représentant Le Sacrifice d'Abraham ,signée et datée par Pierre Courteys, permet d’envisager sa réalisation par le plus célèbre élève du maître, à l’origine de la série émaillée des Dieux dans les Niches aujourd’hui conservée au musée d’Ecouen.