Atelier des Embriachi - Coffret en marqueterie du XV siècle

... avec son célèbre retable décoré de cette manière. Il s'agit de la technique de l'intarsia, un terme dérivé de l'arabe 'tarsi', signifiant « incrustation », rappelant les anciennes mosaïques fabriquées à partir de divers matériaux.
Ces éléments géométriques rehaussent non seulement l'attrait esthétique des boîtes, mais démontrent également la polyvalence et l'habileté des artisans à créer des œuvres d'art aux multiples facettes.
La technique« alla Certosina » est devenue célèbre grâce à la famille Embriachi du nord de l’Italie. Venise en particulier était réputée pour la production de ces boîtes luxueuses. Les coffrets, hexagonales ou rectangulaires, surmontées d'un couvercle décoré en plusieurs registres, constituent la composante séculaire, bien que tout aussi renommée, de la production de l'atelier, en plus des cadres de miroirs et de divers objets du quotidien.
La méthode de fabrication de ces objets reposait sur deux concepts sous-tendant la production préindustrielle : la standardisation et la modularité, grâce à une distribution des compétences selon les différentes phases de la fabrication. Même la réalisation des motifs de marqueterie (sous forme de lingots à partir desquels des portions de la taille souhaitée étaient coupées) était donc confiée à divers artisans spécialisés, tout comme la phase d'assemblage.
L'atelier des Embriachi fondé par Baldassare degli Embriachi (ou Ubriachi) originaire de Gênes, fut actif en Italie du Nord et à Venise au courant du XVe siècle. Caractéristiques de la bottega, ces coffrets sont ornés de plaques rectangulaires en haut relief, en marqueterie de bois teintés, d'os et de corne à motifs de frises géométriques, dit « certosina ».

L’oeuvre abondante et complexe des Embriachi à fait l’objet de quelques étude fondamentale: Julius Van Schlosser « Die Werkstatt der Embriachi in Venedig » avait tenté d’établir un catalogue raisonné; récemment plusieurs articles d’Elena Merlini puis de M. Tomasi ont abordé différents aspects de cette production, tandis que les contributions de Richard Trexler, notamment pour la publication d’une série de documents en 1978 (« The Magi enter Florence. The Umbriachi of Florence and Venise « Studies in Medieval and Renaissance History, I, pp. 129-213) apportaient un éclairage nouveau sur le maitre de l’atelier Baldassarre Ubriachi (transcrit à tort « Embriachi » et plus généralement connu sous ce nom) marchand et banquier florentin, actif à Florence puis à Venise et qui fut en relation avec quelques uns des princes les plus importants de l’Europe vers 1400.
Issu d’une noble famille florentine et inscrit à l’Arte del Cambio, en contact avec le milieu intellectuel florentin mais aussi anobli par l’empereur Charles IV, protégé de Richard II, de Martin I d’Aragon, et lié à Jean Galéas Visconti dont il parait avoir été un émissaire. En 1395 Baldassarre s’installa à Venise ou se trouvait une branche de la famille Ubriachi et de 1298 à sa mort en 1406, il parcourut l’Europe, se consacrant à ses activités commerciales. Quant à son fils Giovanni di Jacopo « Giovanni di Jacopo maître de mes travaux en os, qui habite avec moi, dans ma maison » (document de 1395) il parait avoir déjà dirigé l’atelier à Florence et son travail se poursuivait à Venise.

En conclusion, l'atelier italien des Embriachi était un important centre de production d'art décoratif au XVe siècle. Leurs œuvres ont influencé l'art italien de la Renaissance. Des exemples de leur travail peuvent être trouvés dans les musées et les collections privées à travers le monde.


Bibliographie :

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